Entre record d’importations de viande bovine en Chine en 2022 et fermeture temporaire à la viande brésilienne début 2023

Bilan de l’année 2022 : toujours plus d’importations

En 2022, les importations de viande bovine en Chine ont poursuivi leur marche en avant. La Chine continentale a déclaré avoir importé 3,37 millions de téc de viande bovine[1], soit +16% /2021. Le Brésil est plus que jamais le 1er fournisseur de la Chine continentale avec 1,44 million de téc, soit 43% des importations chinoises. Avec l’Argentine (607 ktéc ; +6% /2021), et l’Uruguay (419 ktéc ; +1%), les trois membres du Mercosur fournissent 73% de la viande bovine importée par la Chine continentale. La Nouvelle-Zélande (264 ktéc ; +7%), l’Australie (227 ktéc ; +13%) et les Etats-Unis (222 ktéc ; +21%) sont également des fournisseurs importants du marché. A noter l’existence de flux depuis la Bolivie (41 ktéc ; +70%) le Bélarus (45 ktéc ; +13%) et la Russie (25 ktéc ; +3%).

En plus de la viande bovine, la Chine a déclaré avoir importé de faibles quantités d’abats de bovins :

  • de la langue congelée : 1 000 tonnes (x5 /2021) originaire des USA en 2022 ;
  • du foie congelé : 300 tonnes (x5 /2021) majoritairement originaire de Nouvelle-Zélande (85%) ;
  • et surtout d’autres abats congelés : 40 500 tonnes (+33% /2021), majoritairement d’Uruguay (38%), des USA (32%) et de Nouvelle-Zélande (16%).

Attention cependant, les données transmises par les Douanes chinoises pourraient être sous-estimées. Du côté de Hong-Kong, les importations d’abats congelés sont plus importantes : 193 000 tonnes en 2022 (-34% /2021), majoritairement importé depuis le Brésil (54%), mais aussi depuis l’Argentine (10%).

Les importations de Hong-Kong ont enregistré un recul sensible en 2022, à 177 000 téc (-53% /2021). Le Brésil reste son principal fournisseur (63 000 téc soit -68% /2021) devant les Etats-Unis (31 000 téc soit -43%).

Le Brésil toujours plus dépendant de la Chine

Sur l’ensemble de l’année 2022, les exportations de viandes bovines brésiliennes (viande in natura et préparations) ont atteint un niveau record historique avec 2,72 millions de téc expédiés (+26% /2021), soit plus de 14% au-dessus du précédent record de 2020. Les exportations vers la Chine (dont Hong-Kong) ont également atteint un niveau historique. Après un léger reflux en 2021 (alors que les disponibilités brésiliennes avaient été plus limitées au 2nd semestre et que le marché chinois avait été fermé plus de 2 mois après la découverte de deux cas d’ESB atypique), les exportations vers la Chine (dont Hong-Kong) représentent désormais près de 61% du total des exportations brésiliennes.

Le Brésil est plus que jamais dépendant de l’économie chinoise. L’accélération des échanges accentuée par la hausse du prix des matières premières, et l’augmentation parallèle des importations brésiliennes depuis ont renforcé la désindustrialisation du pays. Les exportations brésiliennes sont majoritairement basées sur des produits peu ou pas transformés. Signe de la « reprimarisation » de l’appareil exportateur brésilien [2], les exportations en valeur de produits manufacturés ne représentaient plus en 2021 qu’un quart des exportations brésiliennes alors qu’elles étaient encore majoritaires en 2004 (53%).

Mais à partir de la fin du mois février 2023, le marché chinois a été de nouveau fermé à la viande bovine brésilienne suite à la découverte d’un nouveau cas d’ESB atypique dans l’état du Pará. En effet, le Brésil s’est imposé un « auto-embargo » sur ces exportations de viande bovine vers la Chine, comme le prévoit le protocole sanitaire bilatéral signé en 2015. C’est la troisième fois que cela arrive. En juin 2019, la fermeture du marché chinois avait duré un peu plus de deux mois. La durée de la 2ème fermeture avait été similaire à l’automne 2021. L’annonce de la suspension des exportations vers la Chine depuis le 23 février dernier a eu comme effet immédiat de faire baisser les cotations au Brésil. Le cours du bouvillon gras a ainsi reculé de -7% entre fin janvier et fin février (au 22 février, veille de l’annonce de la fermeture, cette cotation était encore en hausse de +4% par rapport à fin janvier). Cette fermeture a cependant été de courte durée : la réouverture a été annoncée le 23 mars en amont de la visite du président Lula du 28 mars. Les effets devraient donc être limités.

Les autorités brésiliennes souhaiteraient désormais rediscuter du contenu du protocole sanitaire existant entre les deux pays. Une des alternatives sur la table serait de placer sous embargo les exportations de viande en provenance de l’État ou de la région où le cas de la maladie a été enregistré, et non une interdiction à l’échelle nationale.


[1] viande in natura, préparations et viandes salées séchées ou fumées ou VSSF

[2] Voir : https://idele.fr/detail-article/viande-bovine-le-mercosur-privilegie-toujours-plus-dexport

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