Envolée des prix de la viande bovine et des importations

Les conséquences de la forte hausse des prix du porc en Chine en 2019 se font également sentir sur la consommation et le commerce de viande bovine. Les prix et les importations directes s’envolent.

 

La hausse des prix du porc et le manque de viande porcine dans de nombreux magasins poussent de nombreux consommateurs à se reporter sur d’autres protéines animales. SI la volaille demeure le premier choix, de par son prix et sa présence dans les rayons, la viande bovine pourtant déjà chère, apparaît comme un des substituts au manque de viande porcine dans le pays.

Ainsi, malgré une forte hausse officielle de production en 2019 (+3,6% /2018) pour atteindre un record historique à 6,67 millions de téc, l’offre n’a pu satisfaire la hausse soudaine de la demande et les prix se sont envolés. Après une hausse exponentielle à l’automne et à l’entrée de l’hiver, haute saison de consommation de viande bovine, le prix moyen national au détail a dépassé les 82 RMB/kg (10 €/kg), un record historique. Les prix semblent cependant s’être stabilisés depuis la mi-novembre, en relation avec l’arrêt de la hausse des prix du porc et peut-être également du fait d’une saturation du marché. La progression se chiffre à +20% depuis mai, date du début de la hausse et fait à nouveau de la viande bovine la viande la plus chère en Chine.

Forte hausse des importations en Chine continentale

Pour tenter de répondre à cette demande et contenir la progression des prix, les importations chinoises de viande bovine en Chine continentale (hors Hong-Kong) ont franchi un nouveau palier. Sur les 11 premiers mois de l’année, elles se chiffrent à 1,85 million de téc, une hausse de 57% /2018 et un doublement par rapport à 2017. Sur l’année, les importations devraient atteindre 2 millions de téc.

L’essentiel est composé de viande sous forme de congelé désossé (85% du total), même si les quantités de congelé avec os progressent au même rythme (+52%/2018).

Des importations très concentrées

Les importations chinoises restent très dépendantes d’un nombre limité de fournisseurs : 95% des volumes proviennent des 5 pays.

L’Amérique du Sud a pleinement profité de cet appel d’air. Les importations en provenance d’Argentine ont été multipliées par 2 en un an et le pays est au coude à coude, sur les 11 premiers mois de l’année,  avec le Brésil pour la place de premier fournisseur de la Chine continentale. Les volumes uruguayens ont également progressé (+32% /2018),tandis que les expéditions brésiliennes n’ont enregistré qu’un hausse limitée (+16% /2018). La Chine a suspendu pendant 15 jours en juin l’entrée de viande bovine brésilienne sur le sol chinois, suite à la découverte d’un cas d’ESB. Mais les importations ont ensuite repris. Aussi cet incident peut expliquer la moindre hausse des envois brésiliens. Néanmoins, les exportations vers la Chine ont des conséquences importantes sur le prix de la viande au Brésil, qui à fortement augmenté fin 2019.

Si la Chine (yc Hong-Kong) demeure le premier client du Brésil, les envois cumulés ont toutefois reculé sur les 3 premiers trimestres, au profit de pays comme les Emirats Arabes Unis ou l’Egypte.

Les envois néozélandais ont doublé tandis que ceux de l’Australie, le 3ème fournisseur de la Chine, ont progressé de 75% /2018.  La hausse des envois de viande australienne provient de la décapitalisation en cours du cheptel depuis 2018, provoquée par les sécheresses à répétition que subit le pays. La viande australienne a même dû faire face très tôt cette année, dès le mois d’août, à l’activation de la clause de sauvegarde prévue dans l’accord de libre-échange entre les 2 pays : au-delà de 170 000 tonnes produits, les droits de douane sont relevés de 6% à 12% jusqu’à la fin de l’année.

Un nombre de petits fournisseurs en augmentation

Les volumes restants, 74 000 téc, soit 5% des importations, se répartissent entre une quinzaine de pays fournisseurs. Leur nombre est en hausse car la Chine cherche à diversifier ses approvisionnements afin de satisfaire sa demande et atténuer sa dépendance aux grands fournisseurs.

Malgré l’embargo chinois sur la viande canadienne décrété entre fin juin et début novembre après la découverte de la ractopamine dans de la viande porcine canadienne, les volumes de ce pays ont bondi de +44% /2018 pour atteindre les 13 000 téc sur les 10 premiers mois. Nonobstant la hausse des droits de douane chinois, les importations de viande étatsunienne approchent les 11 000 téc (+36% /2018).

Au point mort depuis l’agrément des premiers abattoirs français en juillet 2018, les exportations françaises de viande bovine ont connu une accélération depuis la concrétisation des démarchés des entreprises françaises au cours de l’été 2019 et la visite du Président français début novembre. Plus de 200 téc de produits français sont arrivées en Chine sur les 11 premiers mois. Les envois totaux sur l’année devraient totaliser près de 800 téc.

L’Irlande s’impose comme premier exportateur européen, avec 8 000 téc sur 11 mois, devant les Pays-Bas (860 téc).

Des importations totales en hausse modérée

L’offre totale de viande bovine importée doit cependant prendre en compte le recul des flux arrivant à Hong-Kong et de ceux en provenance d’Inde et transitant par le Vietnam. Les premières données disponibles montrent en effet une baisse des importations via Hong-Kong (d’au moins-30%) ainsi que des envois indiens à travers le Vietnam (d’au moins -20%), suite au renforcement des contrôles chinois aux frontières, Ainsi, les volumes supplémentaires nets de viande importée s’établiraient aux alentours de 300 000 téc, ce qui est loin de satisfaire la demande nationale.

Il n’en reste pas moins que la Chine conforte sa place de 1er importateur mondial de viande bovine.

Une surestimation de la demande chinoise ?

Cependant cette hausse des importations pourrait ralentir dans les prochains mois. Certains commerçants estiment que le report de la demande chinoise sur la viande bovine aurait été surestimé, menant à des importations trop importantes et donc à des stocks volumineux. La stabilisation des cours pourrait donc également s’expliquer par des volumes de viande importée difficiles à écouler.

 

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