Quels sont les leviers de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) pour les élevages et quels sont leurs potentiels ? Comment les mettre en œuvre, pour atteindre les objectifs à 2050 et créer un élevage plus résilient et durable ?
ABCIS a organisé une conférence de restitution des éléments clés de l’étude conduite sur cette problématique pour le Crédit Agricole.
En avril dernier, les exportations en volume depuis le Brésil étaient au plus bas depuis novembre 2021, période où les expéditions vers la Chine étaient entravées par la précédente fermeture du marché (suite à la découverte de cas d’ESB atypique). Le faible volume exporté en avril résulte de la plus récente suspension d’un mois des expéditions vers la Chine (entre le 23 février et le 23 mars 2023). Les autorités chinoises autorisant le dédouanement des importations de bœuf brésilien stocké et produit avant le 21 février. Les chargements expédiés après le 23 février (et avant le 23 mars) ne seraient toujours pas dédouané, ce qui signifie que de nombreux abatteurs pourraient encore avoir de la viande bovine en stock.
Selon les données du Secex (Secrétariat du commerce extérieur), en avril, le Brésil a exporté 110 300 tonnes de viande bovine in natura (-11% /mars 2023 et -30% /avril 2022). Entre janvier et avril 2023, le Brésil a exporté 521 400 tonnes viande bovine in natura (-17% /2022 mais +11% /2021). Le total sur les quatre premiers mois de 2023 reste le deuxième le plus élevé de tous les temps.
Bilan de l’année 2022 : toujours plus d’importations
En 2022, les importations de viande bovine en Chine ont poursuivi leur marche en avant. La Chine continentale a déclaré avoir importé 3,37 millions de téc de viande bovine[1], soit +16% /2021. Le Brésil est plus que jamais le 1er fournisseur de la Chine continentale avec 1,44 million de téc, soit 43% des importations chinoises. Avec l’Argentine (607 ktéc ; +6% /2021), et l’Uruguay (419 ktéc ; +1%), les trois membres du Mercosur fournissent 73% de la viande bovine importée par la Chine continentale. La Nouvelle-Zélande (264 ktéc ; +7%), l’Australie (227 ktéc ; +13%) et les Etats-Unis (222 ktéc ; +21%) sont également des fournisseurs importants du marché. A noter l’existence de flux depuis la Bolivie (41 ktéc ; +70%) le Bélarus (45 ktéc ; +13%) et la Russie (25 ktéc ; +3%).
En plus de la viande bovine, la Chine a déclaré avoir importé de faibles quantités d’abats de bovins :
de la langue congelée : 1 000 tonnes (x5 /2021) originaire des USA en 2022 ;
du foie congelé : 300 tonnes (x5 /2021) majoritairement originaire de Nouvelle-Zélande (85%) ;
et surtout d’autres abats congelés : 40 500 tonnes (+33% /2021), majoritairement d’Uruguay (38%), des USA (32%) et de Nouvelle-Zélande (16%).
Attention cependant, les données transmises par les Douanes chinoises pourraient être sous-estimées. Du côté de Hong-Kong, les importations d’abats congelés sont plus importantes : 193 000 tonnes en 2022 (-34% /2021), majoritairement importé depuis le Brésil (54%), mais aussi depuis l’Argentine (10%).
Les importations de Hong-Kong ont enregistré un recul sensible en 2022, à 177 000 téc (-53% /2021). Le Brésil reste son principal fournisseur (63 000 téc soit -68% /2021) devant les Etats-Unis (31 000 téc soit -43%).
Le Brésil toujours plus dépendant de la Chine
Sur l’ensemble de l’année 2022, les exportations de viandes bovines brésiliennes (viande in natura et préparations) ont atteint un niveau record historique avec 2,72 millions de téc expédiés (+26% /2021), soit plus de 14% au-dessus du précédent record de 2020. Les exportations vers la Chine (dont Hong-Kong) ont également atteint un niveau historique. Après un léger reflux en 2021 (alors que les disponibilités brésiliennes avaient été plus limitées au 2nd semestre et que le marché chinois avait été fermé plus de 2 mois après la découverte de deux cas d’ESB atypique), les exportations vers la Chine (dont Hong-Kong) représentent désormais près de 61% du total des exportations brésiliennes.
Le Brésil est plus que jamais dépendant de l’économie chinoise. L’accélération des échanges accentuée par la hausse du prix des matières premières, et l’augmentation parallèle des importations brésiliennes depuis ont renforcé la désindustrialisation du pays. Les exportations brésiliennes sont majoritairement basées sur des produits peu ou pas transformés. Signe de la « reprimarisation » de l’appareil exportateur brésilien [2], les exportations en valeur de produits manufacturés ne représentaient plus en 2021 qu’un quart des exportations brésiliennes alors qu’elles étaient encore majoritaires en 2004 (53%).
Mais à partir de la fin du mois février 2023, le marché chinois a été de nouveau fermé à la viande bovine brésilienne suite à la découverte d’un nouveau cas d’ESB atypique dans l’état du Pará. En effet, le Brésil s’est imposé un « auto-embargo » sur ces exportations de viande bovine vers la Chine, comme le prévoit le protocole sanitaire bilatéral signé en 2015. C’est la troisième fois que cela arrive. En juin 2019, la fermeture du marché chinois avait duré un peu plus de deux mois. La durée de la 2ème fermeture avait été similaire à l’automne 2021. L’annonce de la suspension des exportations vers la Chine depuis le 23 février dernier a eu comme effet immédiat de faire baisser les cotations au Brésil. Le cours du bouvillon gras a ainsi reculé de -7% entre fin janvier et fin février (au 22 février, veille de l’annonce de la fermeture, cette cotation était encore en hausse de +4% par rapport à fin janvier). Cette fermeture a cependant été de courte durée : la réouverture a été annoncée le 23 mars en amont de la visite du président Lula du 28 mars. Les effets devraient donc être limités.
Les autorités brésiliennes souhaiteraient désormais rediscuter du contenu du protocole sanitaire existant entre les deux pays. Une des alternatives sur la table serait de placer sous embargo les exportations de viande en provenance de l’État ou de la région où le cas de la maladie a été enregistré, et non une interdiction à l’échelle nationale.
[1] viande in natura, préparations et viandes salées séchées ou fumées ou VSSF
Affectées par des crises économiques internes et la dévaluation de sa monnaie, le Brésil se recentre sur l’exportation de matières premières, notamment à destination de la Chine.
Un mouvement de « reprimarisation » de l’économie brésilienne influé par la Chine1
Après le repli marqué en 2020 lié au développement de la pandémie mondiale de Covid-19, les exportations brésiliennes en valeur ont pulvérisé un nouveau record absolu en 2021 avec plus de 237 milliards d’euros de biens exportés (+30% /2020), bénéficiant de la hausse de la demande et des prix mondiaux. Sans surprise, les exportations brésiliennes restent largement orientées vers la Chine², partenaire privilégié et premier importateur de biens brésiliens (76 Mds € ; +24% /2020). Ce débouché représentait donc en 2021 32% de la valeur des exportations brésiliennes contre seulement 5% vingt ans auparavant. C’est également le principal fournisseur du marché brésilien avec 22% des biens importés par le Brésil en 2021, en grande partie sous forme de produits manufacturés. Cette dépendance marquée participe au mouvement de désindustrialisation de l’économie brésilienne.
L’accélération des échanges, notamment à destination de la Chine, accentuée par la hausse du prix des matières premières et l’augmentation parallèle des importations brésiliennes ont renforcé la désindustrialisation du pays. Les exportations brésiliennes sont majoritairement basées sur des produits peu ou pas transformés. Signe de la « reprimarisation » de l’appareil exportateur brésilien, les exportations en valeur de produits manufacturés ne représentaient plus en 2021 qu’un quart des exportations brésiliennes alors qu’elles étaient encore majoritaires en 2004 (53%).
A nouveau, en 2021, la Chine a joué un rôle primordial dans l’importation de matières premières brésiliennes. Le premier produit exporté en valeur est le minerai de fer. Il représente un tiers des exportations brésiliennes vers la Chine, ce dernier captant deux tiers des exportations de ce produit par le Brésil. Vient ensuite le soja (31% des exportations vers la Chine et 70% des achats de soja brésilien) puis le pétrole brute (16% des exportations vers la Chine et 47% des exports brésiliens de ce produit), les viandes in natura et abats non transformés (9% des exportations vers la Chine et 44% des exports brésiliens de ces produits) et enfin le sucre (2% des exportations vers la Chine et 15% des exports brésiliens de ce produit). A ces 5 produits totalisent plus de 90% des exportations brésiliennes vers la Chine et Hong-Kong.
Au cours des vingt dernières années, si la République populaire de Chine a développé des relations politiques, économiques et même culturelles de plus en plus fortes avec de nombreux pays d’Amérique du Sud, c’est avec le Brésil que cette relation est désormais la plus intense. La Chine a ainsi pu organiser ses filières d’approvisionnement régulier en matières premières via le développement d’échanges commerciaux et l’essor d’investissements directs au Brésil. L’ultra-dépendance du Brésil à la Chine est aujourd’hui marqué et participe à la désindustrialisation d’un Brésil à l’essor industriel pourtant relativement récent.
Les exportations de viande bovine n’échappent pas au mouvement
D’après les données des douanes brésiliennes, les exportations brésiliennes de viande bovine réfrigérée et congelée vont battre un nouveau record absolu en 2022. Et après le léger reflux de 2021 (le marché chinois a été fermé à la viande bovine brésilienne en octobre et novembre 2021 après la découverte de deux cas d’ESB atypique), les exportations à destination de la Chine suivent le même chemin.
Sur les 11 premiers de 2022, les exportations brésiliennes de viande bovine réfrigérée et congelée ont atteint 2,39 millions de téc (+28% /2021), dont 1,52 million de téc vers la Chine et Hong-Kong (+40%), soit 64% du total des exportations brésiliennes.
Les confinements ciblés et répétés en Chine tout au long de 2022 ne semblent pas avoir affecté les performances d’exportations des groupes brésiliens à destination de la Chine. Et 2023 pourrait suivre la même voie. En novembre dernier, JBS annonçait avoir signé un partenariat avec le géant du e-commerce Alibaba (via sa filiale Win Chain qui se concentre sur les aliments) pour la distribution de ses viandes bovine, porcine et de volaille en Chine.
[1] Voir DEE n°533 d’octobre 2022 : Viande bovine : le Mercosur privilégie toujours plus d’export.
[2] Ici et dans le reste de l’article, les données concernent la Chine continentale et Hong-Kong, deux entités encore séparées dans les statistiques douannières.
Selon le SECEX (Secrétariat du commerce extérieur brésilien), le Brésil a exporté plus d’un million de tonnes de viande bovine vers la Chine entre janvier et octobre 2022, un record (+46% /2021 et + 53% /2020). Pour rappel, au dernier trimestre 2021, les exportations vers la Chine avaient diminué en raison de l’embargo chinois (cas d’ESB au Brésil). Mais les prix des importations chinoises baissent depuis juillet, atteignant en moyenne 6,14 US$/kg en octobre, soit le total le plus bas de 2022.
En septembre dernier, les importations chinoises de bœuf ont diminué par rapport à juillet et août mais sont restées soutenues. Sur un an, la progression est toujours à deux chiffres en raison de flux robustes en provenance d’Argentine et du Brésil. D’après les Douanes chinoises, les importations de viande bovine du pays ont atteint 248 000 tonnes (+12 % /2021). Le Brésil reste le principal fournisseur de bœuf de la Chine avec 112 000 tonnes sur un mois (+10 000 t ou +9% /2021). Les importations en provenance d’Argentine sont particulièrement fortes depuis mai. En septembre, ce sont 46 000 t qui ont été importées par la Chine (+82% /2021).
Selon le dernier rapport d’Abrafrigo (Associação Brasileira de Frigoríficos – Association brésilienne des abattoirs) et d’après les Douanes, les exportations brésiliennes de viande bovine vers la Chine de janvier à août ont atteint 790 000 tonnes (+31% /2021) et 5,32 milliards US$ (+70%). En volume, la Chine a ainsi capté 52% des exportations brésiliennes et même plus de 60% en valeur.
Tous les exportateurs ne connaissent pas la même évolution alors que les difficultés économiques combinées à la détermination du gouvernement chinois à maintenir sa politique de tolérance zéro face au Covid-19 pèsent de plus en plus en Chine. Cette situation devrait contribuer à une baisse marquée des importations chinoises en 2023, estimées à -20%. La consommation domestique atteindrait 9,9 millions de tonnes (-3% /2022) et les importations 2,5 millions de tonnes (contre 3,1 millions de tonnes attendues en 2022).
Toujours perturbé par la pandémie de Covid-19, le commerce extérieur chinois de viande bovine a été récemment affecté par de fausses rumeurs. En août, une publication de l’industrie bovine chinoise a ainsi annoncé que les importations en provenance d’Australie et de Nouvelle-Zélande avaient été suspendues pour cause de fièvre aphteuse et ce alors que les deux pays restent indemnes de la maladie. Aucune restriction n’a été en fait mise en place au-delà des suspensions individuelles déjà en place pour certaines unités océaniennes. Et la mise en œuvre de ces suspensions d’agréments d’abattoirs par les autorités chinoises continue pour diverses raisons. C’est notamment le cas pour deux entreprises étasuniennes. Début août, l’Administration générale des douanes (GAC) a suspendu les importations produits carnés expédiés par la société King Meat Service Inc, à la suite de la découverte de traces de ractopamine dans de la viande bovine exportée vers la Chine. Cette décision fait suite à une première suspension pour le groupe appelé AA Meat Products effective depuis le 15 juin dernier.
Les statistiques des Douanes chinoises et celles de son principal fournisseur, le Brésil, continuent de diverger. Sur les 4 premiers mois de 2022, la Chine a en effet annoncé un recul conséquent des importations de viande bovine désossée avec seulement 723 300 téc importées (-17% /2021) dont :
270 000 téc depuis le Brésil (-34% /2021),
136 000 téc depuis l’Argentine (-24%),
104 000 téc depuis l’Uruguay (+29%).
Du côté du principal exportateur du Mercosur, le son de cloche est un peu différent. Sur les quatre premiers mois de 2022, les douanes brésiliennes font état d’une hausse conséquente des exportations de viande bovine désossée à destination de la Chine continentale. 444 000 téc auraient ainsi été expédiées d’après les Douanes du Brésil (+37%).
Et les données préliminaires pour le mois de mai 2022 semblent confirmer cette progression côté brésilien avec 125 000 téc de viande bovine désossée exportée vers la Chine continentale (+42%).
Pour le mois de mai, d’après les statistiques chinoises, les importations de l’ensemble des viandes n’ont atteint que 590 000 tonnes de produits (-25% /2021). Et sur les 5 premiers mois de 2022, la Chine aurait importé quelques 2,85 millions de tonnes de viande (-34% /2021). Si la Chine ne fournit pas la ventilation des importations par type de viande dans la publication de ses données préliminaires, il semble que cette forte réduction soit d’abord liée à la baisse des importations de porc. Mais, d’après les autorités chinoises, la viande bovine est également concernée.
Si les données d’importations et d’exportations ne sont évidemment pas directement comparables eu égard notamment au transit des viandes qui prend plusieurs semaines, les écarts soulèvent de nombreuses questions. Il est cependant probable que la vague de Covid-19 et les confinements successifs ayant affectés plusieurs provinces de la Chine continentale aient eu des effets sur la vitesse de déchargement des containers et des enregistrements en Douanes côté chinois. Les prochains mois devraient permettre d’éclaircir la situation. En attendant, le Gouvernement chinois a rappelé que la transformation et la distribution de la viande dans le pays restait une priorité absolue. En juin 2022, le planificateur de l’État du pays a annoncé que le pays avait alloué 1,4 milliard de yuans (environ 200 millions €) pour soutenir l’amélioration des structures de la chaîne du froid et la construction d’un centre de logistique public au cours de cette année. D’après la Commission nationale du développement et de la réforme, les fonds seront principalement investis dans des projets d’installations logistiques, de transformation et de distribution ainsi que des entrepôts publics de stockage respectant à chaque étape la chaîne du froid. Cette annonce a été faite alors que les transports et la logistique ont été fortement affectés à travers tout le pays par l’accélération de la pandémie de Covid-19.
Plusieurs échos font état d’un ralentissement des échanges de viande vers la Chine où les confinements se sont multipliés en lien avec la stratégie « 0 covid » du gouvernement. Les difficultés rencontrées au port de Shangaï en attestent. Mais malgré quelques soubresauts, les exportations de viande bovine vers la Chine continentale sont restées soutenues depuis le Mercosur, principal fournisseur. Entre janvier et avril 2022, la Chine continentale maintenait son leadership incontesté dans le classement des principales destinations des exportations de bœuf argentin : environ 137 000 tonnes de produits (dont une partie de viande réfrigérée) y ont été exportés, soit 74 % du total des exportations. C’est +10% qu’un an auparavant. Idem pour le Brésil qui a exporté sur 4 mois 341 000 tonnes de viande bovine contre moins de 250 000 tonnes il y a un an (+37%). Le constat est le même pour les exportations depuis l’Uruguay d’où 127 500 tonnes ont été exportées sur la période (+42% /2021).
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