Quels sont les leviers de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) pour les élevages et quels sont leurs potentiels ? Comment les mettre en œuvre, pour atteindre les objectifs à 2050 et créer un élevage plus résilient et durable ?
ABCIS a organisé une conférence de restitution des éléments clés de l’étude conduite sur cette problématique pour le Crédit Agricole.
Depuis janvier et jusqu’au mois d’août, les abattages en Chine ont fortement progressé. En 8 mois, la hausse est de +13,2% par rapport à l’an dernier. Le marché chinois souffre d’une offre élevée (+3,2% de production au 1er semestre 2023/2022), une consommation peu dynamique et une mauvaise rentabilité en élevage. Ces éléments incitent les éleveurs à vendre leurs porcs, concourant à une baisse des cours à la production.
Les prix élevés pratiqués en Europe pénalisent les exportateurs sur le marché chinois qui compte bien imposer ses conditions. En effet, alors que la Chine a besoin d’importer un peu plus de volumes de viandes de porc et de coproduits, seuls les origines américaines et brésiliennes semblent en bénéficier. A titre d’exemple, les ventes espagnoles ont reculé de -7% sur le 1er semestre par rapport à l’an dernier, tandis que les exportations des USA vers la Chine ont bondi de +26%, de +17% pour le Brésil et de +76% pour le Canada.
Depuis de nombreux mois, le prix du porc en Chine chute de manière inexorable. Dans le même temps, les prix en Europe ont atteint des niveaux historiques, pénalisant la compétitivité prix des viandes européennes sur le marché chinois.
Dans un contexte de marché économiquement et sanitairement instable en Chine, les prix n’ont cessé de diminuer depuis de nombreux mois. L’épidémie de fièvre porcine africaine a été virulente cet hiver, nuisant aux performances productives. L’offre en porcs est élevée et la demande des consommateurs reste atone et peine à se relever. Les éleveurs chinois font de nouveau face à de lourdes pertes en élevage. Le gouvernement a ainsi renouvelé ses actions de mises en stock et les éleveurs réduisent leurs cheptels de porcs vivants. Ce contexte n’est pas réellement favorable à une reprise forte des importations du pays.
Actuellement les prix des porcs en Chine se situent à des niveaux quasi-équivalent aux prix européens, autour de 2,55€/kg. Les écarts de prix avec les viandes américaines et brésiliennes sont forts (plus d’un euro en moyenne). La situation pénalise les exportateurs européens. Au fil des mois, la part de marché des origines européennes sur le marché chinois n’a cessé de baisser. En janvier 2020, la zone UE-27 comptabilisait 56% des parts de marchés en Chine, contre 20% pour les Etats-Unis et 7% pour le Brésil. Depuis, le panorama des fournisseurs de la Chine a changé. Au cours du premier trimestre 2023, les viandes européennes ne représentent plus que 49% des approvisionnements de la Chine. Les Etats-Unis ont fait progresser leurs ventes et totalisent 16% des origines sur le marché chinois. Le Brésil, grand gagnant, a réussi a faire grimper ses parts de marché à 18% en moyenne.
Au-delà d’une compétitivité mise en difficulté pour les Européens, ces derniers auront aussi moins de disponibilités en porc à allouer au marché chinois, avec une production européenne qui chuterait d’environ -4% en 2023. A l’inverse, les Brésiliens qui continuent le développement de leur production profiteront le plus des opportunités chinoises, bien que restreintes.
Début 2023, le marché mondial du porc assiste à une reprise des importations de la Chine. Au cumul des deux premiers mois de l’année, les achats de la Chine ont progressé de 9,3% en volume. Tous les fournisseurs ne profitent pas de ce redéploiement de la demande. Les Européens, dont les prix du porc s’affichent bien au dessus des prix internationaux, sont pénalisés. Les exportations des Etats-Unis vers la Chine progressent de 36,5%, celles du Brésil de 38%, tandis que les envois de l’UE-27 sont encore en retrait (-8%).
En 2022, les importations chinoises de viandes et coproduits du porc sont retombées à 2,9 millions de tonnes, en baisse de plus de 34% par rapport à 2021. Bien qu’attendu, ce recul de la demande confirme la volonté pour la Chine de s’affranchir de la dépendance qu’elle entretient avec les grands exportateurs mondiaux sur le secteur agricole. Et malgré une année 2022 compliquée, l’avenir du secteur porcin restera fixé sur l’objectif de la souveraineté alimentaire du pays prôné par le gouvernement de Xi Jinping.
Une année 2022 plutôt mitigée
Le bilan de l’année 2022 est plutôt mitigé pour le secteur porcin chinois. La production de porc a bel et bien progressé (+4.6% en 2022/21), atteignant 55,41 millions de tonnes équivalent carcasse. Le nombre de porcs abattus s’élève alors à près de 700 millions de têtes d’après les données officielles (+4,3%). Cependant, l’année a été marquée par d’importantes fluctuations en termes d’offre, de demande, et donc de prix. Cette forte volatilité a été préjudiciable pour bon nombre d’éleveurs et d’entreprises.
Le premier semestre a été caractérisé par une hausse importante des abattages, sous l’effet de mauvaises conditions sanitaires en élevage durant l’hiver 2021/22. Les prix ont ainsi chuté en flèche à cette période (-44% au 1er semestre 2022/21). Cette mauvaise conjoncture porcine s’est aussi retrouvée liée à la flambée mondiale des prix des matières premières végétales, et donc des coûts de production. Les résultats économiques ont plongé dans le négatif pour de nombreux éleveurs chinois, entrainant une contraction des cheptels sur cette première partie d’année. Afin de réguler le marché, le gouvernement a mis en place une procédure de mise en réserve nationale quasi-automatique des volumes de porcs. Ces stocks ont pu ensuite être mobilisés au cours du second semestre lorsque la baisse de l’offre en porc s’est fait ressentir, permettant aux prix à la production de grimper de 53% au 2nd semestre de l’année par rapport à 2021.
Côté consommation, la demande a été mise à mal par l’inflation mais aussi par l’épidémie de Covid-19 et les diverses mesures gouvernementales visant à endiguer la propagation du virus. La traditionnelle saison du Nouvel An chinois propice à la consommation de porc a même été plutôt décevante pour les exportateurs mondiaux et les professionnels du secteur.
Un mouvement de restructuration qui se poursuit et des perspectives de croissance en 2023
Malgré cette année assez compliquée pour le secteur porcin en Chine, la filière continue de se développer. Depuis l’épidémie de FPA, l’élevage porcin a subi un grand mouvement de restructuration et de professionnalisation. En 2023, les analystes chinois estiment que les 20 plus grandes entreprises chinoises représenteront plus de 30% des abattages nationaux, et que la plupart afficheront d’importantes hausses d’activité (+25% en moyenne en 2023/22). Parmi ces groupes, Muyan Foodstuff, Wen’s, New Hope ou encore Zhengbang se placent au top du classement.
Du côté de l’élevage, si le cheptel truie s’est réduit durant une grande partie de l’année, les éleveurs ont tenté de consolidé leur troupeau en fin d’année. En décembre, le recensement officiel dénombre 43,9 millions de truies, soit une hausse de 1,4% par rapport à 2021.
Les analystes de l’USDA envisagent une stabilisation de la production et de la consommation en 2023, mais ces prévisions semblent trop prudentes. La restructuration du secteur porcin se poursuivra sans aucun doute en 2023, tout comme le développement de la production nationale, stimulés par un rebond de la consommation. Les perspectives de croissance économique pour la Chine en 2023 laissent en effet entrevoir une reprise des activités dans de nombreux secteurs, et en particulier dans celui de la restauration. Ceci devrait stimuler la demande en viande de porc. Par ailleurs, les stocks nationaux de matières premières sont actuellement au plus haut, ce qui devrait permettre un meilleur contrôle des prix et des coûts de production.
2023 : la stabilisation des approvisionnements et du marché du porc est un enjeu prioritaire
L’année 2022 aura été marquée de nombreuses mesures gouvernementales appliquées pour contrôler l’inflation dans le pays. Parmi celles-ci, l’utilisation d’une réserve stratégique de viande de porc a été plusieurs fois mobilisée dès le franchissement d’un seuil d’alerte basé sur le prix du porc et des céréales. L’année 2023 a d’ailleurs débuté sur la mise en réserve de produits porcs congelés dès le 17 février, en lien avec une chute inarrêtable des prix et une demande peu dynamique des consommateurs en début d’année. La stabilisation des prix et des approvisionnements demeure un enjeu majeur pour le marché du porc.
Ainsi, dans la poursuite des déclarations faites par le gouvernement chinois lors du 20e Congrès national du Parti communiste en septembre dernier, une feuille de route des autorités a été publiée mi-février. Cette dernière définit des dispositions spécifiques pour assurer la « revitalisation » des territoires ruraux et accélérer le renforcement du secteur agricole chinois. De nouveau, la sécurité alimentaire est présentée comme une priorité absolue. Pour le secteur porcin, l’objectif est de stabiliser le cheptel autour de 41 millions de truies. Les autorités souhaitent renforcer les outils de surveillance du marché dans le but de limiter une volatilité trop importante des prix et des fluctuations en termes de production porcine, mais aussi de maintenir le revenu des éleveurs chinois.
Les performances et la productivité en élevage sont aussi au cœur des dispositions gouvernementales chinoise. Pour ce faire, la biosécurité est un autre enjeu mentionné dans les plans 2023 du gouvernement. Les autorités souhaitent renforcer la prévention et le contrôle des maladies animales, dont la fièvre porcine africaine. L’accent a aussi été mis sur le développement des technologies et de la recherche scientifique aux profits de l’agriculture. Ceci s’illustrera, entre autres, par la construction d’élevages sur étages modernes, standardisés, et contrôlant l’alimentation des animaux et les impacts sur l’environnement.
Ces quelques exemples ne sont qu’un court extrait de l’ambitieux plan 2023 du Ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales, et pour la première fois la production porcine était clairement évoquée, signe du rôle majeur du secteur dans l’économie et la politique de la Chine. Mais ce plan reste dépendant de la situation économique globale du pays, dont la croissance pourrait être perturbée par une éventuelle reprise de l’épidémie de Covid-19 ou encore une aggravation non prévue de l’inflation.
Selon les données du gouvernement chinois, la production de porc en 2022 a largement progressé, de l’ordre de 4,6% en un an. En lien avec ce résultat, le cheptel reproducteur affiche une croissance de 1,4% en un an, révélant une amélioration des performances productives des élevages porcins.
À l’approche des festivités du Nouvel An chinois, le gouvernement a annoncé la remise sur le marché des réserves de porc stockées. Les autorités du pays ont aussi déclaré vouloir mettre en place diverses mesures afin de soutenir la consommation intérieure. L’enjeu est de stabiliser les prix, mais aussi de faire repartir l’économie du pays, toujours perturbée par la Covid-19 et les aléas climatiques.
Selon le gouvernement chinois, le nombre de porcs abattus au cours des trois premiers trimestres 2022 aurait atteint 520 millions de porcs, en hausse de 5,8% par rapport à 2021.
Depuis plusieurs mois, le cours du porc en Chine est remonté de manière significative, se rapprochant dangereusement des niveaux de prix connus lors de la crise de la fièvre porcine africaine en 2019-2020. Cette situation révèle un déséquilibre certain sur le marché national et les perspectives de croissance sont pour le moment revues à la baisse par rapport aux deux années précédentes.
Depuis le mois de mars, la filière porcine chinoise enregistre une forte hausse des prix du porc (+108% entre les mois de mars et d’octobre). Les niveaux se rapprochent dangereusement des records atteints en 2020, à plus de 35,5 Yuan/kg en moyenne mensuelle en octobre. Toutefois, les cours hauts des prix à la production ne suffisent pas à améliorer la situation économique des éleveurs. La rentabilité des élevages chinois a été fortement impactée depuis la seconde partie d’année 2021 avec la flambée des coûts de production, et les éleveurs semblent être peu confiants sur les perspectives de marché au cours des prochains mois. Nombre d’entre eux sont réticents pour investir davantage dans la production.
Au cours de l’année, les cheptels porcins sont repassés sous les niveaux de 2021 (-2% fin juin 2022/21), tout comme le nombre de truies qui reste inférieur à 2021 en septembre (-2,2%) d’après les données du Ministère de l’Agriculture chinois. Malgré cette contraction du nombre d’animaux, le gouvernement annonce une hausse de la production nationale de 6% au cours des 3 trimestres de l’année par rapport à l’an dernier. Du fait de la situation financière, de nombreux éleveurs ont commencé à décapitaliser leurs cheptels en début d’année, augmentant momentanément l’offre sur le marché et expliquant cette hausse de la production annoncée. Cet été, le marché s’est retrouvé confronté à une contraction forte de l’offre, exacerbée par les fortes inondations. Le gouvernement a aussi reproché aux éleveurs de retenir les porcs afin de faire grimper les prix. Depuis, le nombre d’animaux semble s’être stabilisé et les gains de performances techniques en élevage pourraient permettre une stabilisation, voire une légère hausse de la production chinoise en 2023, mais à une vitesse bien moindre. L’USDA projette une croissance annuelle de 2% l’an prochain.
Du côté de la consommation, celle-ci devrait progresser en fin d’année autour des fêtes de Printemps, et soutenir les cours du porc comme les importations. Cependant, la demande restera soumise et dépendante de l’épidémie de Covid-19 ainsi qu’aux politiques gouvernementales qui continuent de contraindre les consommateurs chinois. En 2022, elle est restée peu vive du fait de la mise sous quarantaine de nombreuses villes et des aléas climatiques majeurs dont les fortes inondations cet été. Par ailleurs, la consommation en Chine est aussi dépendante du budget des ménages et l’inflation dévoile d’importantes hétérogénéités entre les consommateurs chinois. Une importante part de la population pourrait réduire ses achats alimentaires et de privilégier les produits à moindre prix afin de compenser les hausses pour les autres postes de dépense. Alors que les circuits de commercialisation au détail avaient déjà enregistré un important recul des ventes au cours de l’été, il est probable que la demande reste contractée dans les prochains mois. Plus récemment, des mouvements de contestation sociale émergent dans le pays pour dénoncer les mesures anti-covid du gouvernement. Ceci pourrait éventuellement avoir un effet positif sur la demande, malgré la recrudescence de l’épidémie.
L’offre se tend sur le marché, les prix sont élevés, les consommateurs recherchent des produits plus abordables, etc. Les conditions de marché semblent ainsi être réunies pour favoriser les importations de viandes de porc et coproduits. Cependant, pour l’instant, les opérateurs internationaux n’enregistrent pas de remontée nette des ventes vers la Chine. Au cumul 9 mois, les importations de la Chine restent en recul de l’ordre de 46,6% par rapport à l’an dernier, atteignant près de 2 millions de tonnes contre 3,7 millions en 2021. Une impulsion avait été enregistrée au mois d’août, mais les achats ont marqué le pas en septembre. La Chine continue de faire jouer la concurrence entre ses fournisseurs. Le Brésil se retrouve au coude à coude avec l’Espagne, tandis que les Etats-Unis perdent des parts de marché, défavorisés par un dollar plus fort.
Cette année, le Nouvel An chinois arrive assez tôt (le 22 janvier), et les témoignages de ventes modérées à l’automne de la part des exportateurs confirme la volonté du président Xi Jinping de réduire la dépendance de la Chine aux autres puissances internationales et de mettre une priorité sur la souveraineté alimentaire du pays. La question qui peut être posée est : jusqu’à quel point la Chine s’affranchira des importations et résistera au recul de l’offre nationale, à la mauvaise rentabilité en élevage et au besoin de produits plus abordables pour les consommateurs ?
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