Zhengbang Group en phase de restructuration

L’entreprise Zhengbang Technology, un des plus grands acteurs de la production porcine en Chine, a déclaré être en restructuration suite à de mauvais résultats financiers. La chute des prix du porc en 2021 accompagnée de la flambée des coûts de production, le tout dans un contexte perturbé par la Covid-19, a entrainé d’importants problèmes de trésorerie, nécessitant même l’intervention du gouvernement chinois.
En 2021, Zhengbang a abattu plus de 15 millions de porc et représentait le futur de la production porcine nationale avec une organisation intégrée en pleine modernisation. Cette situation pourrait avoir un impact sur les fournisseurs (entreprises de génétique porcine par exemple), et les différents clients de la filiale.

La flambée des prix continue en Chine

En octobre, les prix du porc à la production ont poursuivi leur hausse en Chine et atteignent en moyenne mensuelle 26.6 Yuan RMB/kg (+13,5% en un mois). En un an, les cours ont grimpé de 104%. Les différentes interventions du gouvernement ne suffisent pas à enrayer l’inflation, et les autorités pointent des mouvements de spéculation de la part des éleveurs qui limiteraient les livraisons de leurs porcs à l’abattoir afin de faire grimper les prix et de compenser les pertes financières subies en début d’année. La production de porc réalisée de janvier à septembre reste tout de même bien supérieure à 2021 (+6% environ).

Le gouvernement libère les réserves nationales de porc

Depuis le mois de juillet et jusqu’à fin septembre, 4 lots de viande de porc ont été libérés par le gouvernement chinois afin d’augmenter l’offre sur le marché national et surtout limiter la volatilité des prix du porc.
En début d’année, pour limiter l’offre et la baisse des cours du porc à la production, le gouvernement avait mis en place des programmes d’achat public pour stocker des volumes de viande de porc. La conjoncture n’était pas propice à des niveaux de prix suffisants pour assurer une bonne rentabilité des élevages : hausse de l’offre et demande mise sous cloche en période de confinement. La situation sur le marché du porc a changé au cours de l’été : l’offre est en baisse, la demande reprend à l’approche des fêtes d’automne et tous les postes de dépense sont marqués par l’inflation. Les prix du porc à la production grimpent et impactent l’économie globale du pays. Le gouvernement qui supervise le marché a ainsi décidé de libérer des volumes pour détendre les cours du porc.

Les grands producteurs chinois ont subi de lourdes pertes en 2021

D’après le classement des plus grands producteurs mondiaux établi par l’entreprise Genesus, certains grands producteurs chinois ont dû réduire leur cheptel truies sous l’effet de lourdes pertes financières en 2021. Le cheptel truies du groupe Wens Food, classé au 4e rang mondial, a reculé de 700 000 têtes, et s’élève désormais à 1,1 M de truies. Les concurrents suivants Zhengbang Group et New Hope Group ont eux aussi connu des réductions du nombre de truies, de l’ordre de 200 000 têtes chacun. Les entreprises chinoises dominent toujours ce classement.

Le cheptel truies repart à la hausse après 10 mois de baisse

Au mois de mai, le cheptel de truies reproductrices s’est relevé (+0,4% en un mois), pour atteindre 41,92 millions de têtes. Sous l’effet d’une recrudescence de la pression sanitaire et d’une situation conjoncturelle difficile pour les éleveurs chinois, les cheptels affichaient des reculs depuis le mois de juillet 2021. Cependant la remontée récente des cours pourrait inciter les éleveurs à repeupler leurs élevages de truies.  

La Covid-19 continue de mettre à mal le marché chinois

Face à la Covid-19, le gouvernement chinois a imposé un confinement strict à des millions de Chinois pour enrayer coûte que coûte l’épidémie. Les conséquences de la pandémie et de ces mesures ont des impacts majeurs sur toute l’économie du pays, en particulier sur le marché du porc.

Le président chinois Xi Jinping s’est engagé dans une politique « 0 Covid » en Chine, et pour répondre à la recrudescence des cas dans la ville de Shanghai, de nombreux quartiers ont été placés sous confinement fin mars pendant une durée indéterminée. Des mesures de confinement plus ou moins strictes touchent près de 26 millions de Chinois habitant dans le cœur économique de la Chine. Elles se sont déployées selon trois statuts : un confinement strict avec interdiction de sortie du logement, un confinement contrôlé avec la possibilité de sortir dans l’enceinte des résidences, et un confinement plus souple avec l’autorisation de se déplacer dans un périmètre et une durée limitée.

De telles dispositions au sein du centre financier, manufacturier et maritime de la Chine ont inévitablement entraîné des répercussions majeures sur l’économie du pays, et plus particulièrement sur le marché du porc. Les impacts touchent le commerce et les approvisionnements en porc, la demande des consommateurs chinois, engendrant une inflation dans le pays.

Perturbations logistiques majeures et limitation des approvisionnements

Pour de nombreux acteurs du commerce, Shanghai constitue un emplacement idéal pour réceptionner puis redistribuer les produits issus de l’importation dans tout le pays. Le blocage d’un des plus grands ports chinois pendant de nombreuses semaines a irrémédiablement entrainé des perturbations conséquentes dans le secteur des logistiques maritime et terrestre et dans les approvisionnements en divers produits, dont des produits du porc. Face au manque de personnel, confiné dans leur logement, la prise en charge des flux de marchandises arrivant à Shanghai a enregistré beaucoup de retard, et a provoqué un engorgement massif des navires dans le port. Au-delà des retards liés au personnel, l’obligation de tests de dépistage à la Covid-19 sur les denrées importées n’a fait qu’aggraver cette situation. Dès le 1er avril, les produits alimentaires réfrigérés ou congelés devaient obligatoirement subir des inspections dans le but de garantir l’absence de Covid. Le temps de réalisation et de traitement des tests a été générateur de retards bloquant des centaines de navires en amont du fleuve Yangtze.

Carte du trafic maritime autour du port de Shanghai
Source : Marine Traffic, les points ronds symbolisent les navires à l’ancre

Une fois les produits déchargés, les acteurs du commerce se sont aussi retrouvés confrontés au manque de chauffeurs routiers pour acheminer les marchandises dans tout le pays bloquant là aussi la chaine logistique.

Les importations en produits du porc (viandes et abats), qui étaient déjà en perte de vitesse, ont de ce fait de nouveau été limitées. Au premier trimestre, les importations en porc de la Chine se sont repliées de près de -58% par rapport à 2021, et le bilan pourrait s’alourdir au second trimestre. La prévision des experts de l’USDA réalisée en avril dernier envisageait une baisse des importations en porc de -19% en 2022 par rapport à 2021, ce chiffre pourrait dorénavant être dégradé.

Une demande mise sous cloche

Le marché chinois s’est donc retrouvé face à des approvisionnements en porc limités, à la suite des perturbations logistiques, mais l’affaiblissement de la consommation a permis de limiter la hausse des prix du porc. En effet, l’instauration d’un confinement strict pour des millions de personnes a restreint la consommation des produits du porc, en particulier issus des importations. Les prévisions de l’USDA qui estimaient une croissance de la consommation de porc de l’ordre de 5,2% en 2022 par rapport à 2021, pourraient être revues à la baisse.

 A Shanghai, les livraisons pour les quartiers strictement confinés ont été interdites. Les Chinois confinés chez eux comptaient ainsi sur les paniers alimentaires du gouvernement, gratuits mais à contenus variables, et ne contenant pas de viandes importées. Dans les autres quartiers, les courses en magasin n’étaient autorisées pour certaines zones seulement et sous limitation de fréquence et de durée d’achat. La situation épidémique a pu favoriser l’utilisation du e-commerce, déjà inscrit dans les habitudes des consommateurs chinois, mais les disponibilités en divers produits restaient limitées.

Les freins à la consommation se sont aussi illustrés aussi dans d’autres villes en Chine, toujours en lien avec la mise en place de mesures pour limiter la propagation de la Covid-19. A Pékin, à partir du 1er mai, et ce pendant une durée indéterminée, les restaurants ne pourront accueillir leurs clients sur place. Les traiteurs et restaurateurs tentent de s’adapter à ces dispositions en installant des stands et étals dans la rue. Certains grands noms de la restauration se sont prêtés au jeu, comme le leader de la cuisine du Sichuan en Chine Meizhou Dongpo, ou encore des chaines de restauration rapide. Cependant, les acteurs de la restauration confirment que l’installation de ces étals ne suffira pas à compenser les baisses de consommation et de fréquentation. L’impact économique lié à l’interdiction d’accueillir des clients à table est majeur, d’autant plus que ce secteur souffre des conséquences du Covid-19 depuis maintenant plus de deux ans. A plus long terme, certains économistes alertent sur le fait que la demande en produits du porc pourrait rester morose en raison des incertitudes économiques futures.

L’économie chinoise touchée par l’inflation

Les différents problèmes d’approvisionnement et de logistique entrainent in fine une accélération de l’inflation en Chine. En avril, les prix à la consommation ont bondi à 2,1% par rapport à l’an dernier, contre +1,5% en mars. Les chiffres du mois de mai devraient être encore plus forts. La légère reprise des cours du porc a joué dans ce mouvement inflationniste, compte tenu de l’importance du porc dans l’économie chinoise. En mai, le prix du porc a enregistré une hausse de près de 12% par rapport au mois dernier.

La hausse des coûts de transport et d’approvisionnement pour les industriels chinois est à l’origine de l’accélération de l’inflation. Ces derniers ont répercuté les surcoûts en aval de la filière, sur les prix à la consommation. L’amélioration de la situation sanitaire qui se dessine fin mai laisse entrevoir de meilleurs horizons commerciaux et économiques, mais la Chine devra de nouveau se relever de ces nombreuses perturbations. Pour ce faire, la Banque centrale chinoise et le gouvernement ont annoncé la mise en œuvre de diverses mesures pour soutenir la croissance. Les entreprises de la filière porcine affectées depuis 2018 par des crises économiques majeures attendent ardemment ces soutiens.

Léger ralentissement de la croissance de la production prévu en 2022

Selon les estimations de l’USDA, la part de la Chine dans la production mondiale est de 47% en 2021. Après la forte baisse de la production liée à la fièvre porcine africaine en 2018-19, la Chine a entamé une restructuration majeure de son système d’élevage. Les fermes familiales, dites de basse-cour, ont été progressivement remplacées par des grands complexes détenant souvent plusieurs milliers de porcs. Le (re)peuplement des élevages et le démarrage de ces nouveaux complexes a permis une écrasante croissance de la production nationale avec+ 31% en 2021 par rapport à 2020, soit une hausse de 11,2 millions de tonnes. Le rythme devrait ralentir en 2022 (+7 % par rapport à 2021), mais permettre à la Chine de produire plus de 51 millions de tonnes annuelles.

L’importance de l’accord négocié entre la Chine et la France est ravivé

La pression sanitaire liée à l’épidémie de fièvre porcine africaine s’accentue le long de la frontière française, avec la découverte de porcs contaminés dans un élevage allemand à moins de 7 km de la France. Un accord de régionalisation avec les autorités chinoises avait été conclu fin 2021. Il garantit aux acteurs de la filière porcine la non-imposition d’un embargo total sur les produits porcins destinés à l’export vers la Chine si un cas de FPA était retrouvé en France.

Poursuite du recul des importations

La demande chinoise reste en baisse en ce début d’année. En janvier, près de 162 000 tonnes de viandes de porc et coproduits ont été importées par la Chine, en recul de 29% par rapport au mois de décembre. Le pays importe moins dans un contexte d’hausse de l’offre et de contraction des cours à la production.

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