La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine le 24 février a désorganisé les marchés des grains et les échanges mondiaux. La Chine est aussi impactée par ce contexte géopolitique, tant au niveau de ses approvisionnements en grains que sur les prix sur son marché national.
Impacts directs du conflit russo-ukrainien
L’Ukraine et la Russie sont deux grands producteurs et exportateurs de matières premières agricoles notamment de blé, de maïs et de tournesol. Depuis l’éclatement du conflit les opposant, les exportations par voie maritime sont à l’arrêt. Certaines marchandises transitent encore par voie terrestre, mais ce moyen est bien plus cher que par voie maritime. Le commerce par la mer d’Azov et la mer Noire ne reprendra pas dans les prochains mois, en cause la destruction des infrastructures portuaires et le minage de l’espace maritime.
En 2021, l’Ukraine avait exporté 24,6 Mt de maïs dont 32% étaient destinés à la Chine. Au sein des importations chinoises, l’Ukraine représentait, en 2021, 30% des origines d’importation. La dépendance au maïs ukrainien est notable, aujourd’hui la Chine doit se tourner vers d’autres fournisseurs comme les Etats-Unis et le Brésil. Fin avril, elle a d’ailleurs encore acheté 1,35 Mt de maïs dont 735 000 t de l’ancienne récolte. En 2021, la Chine aura importé 28,39 Mt de maïs.
La dépendance chinoise aux matières ukrainiennes se porte aussi sur le tourteau de tournesol. L’Ukraine est le principal producteur de tourteau de tournesol HighPro (plus riche en protéine) et fournit plus de la moitié du marché mondial. En 2021, elle a expédié 2 Mt à la Chine, soit 32% de ses exportations totales et 88% des importation chinoises de tourteau de tournesol. Les origines alternatives pourraient être l’Argentine ou l’Union européenne mais avec un coup logistique beaucoup plus important.
Des prix records pour le maïs et le soja
Depuis plusieurs mois, les prix du maïs et du tourteau de soja ne cessent de croitre. Cette dynamique est d’une part due à des fondamentaux tendus, les récoltes nationales et mondiales n’ont pas été au rendez-vous et les cours, fortement soutenus par l’importation, atteignent des niveaux records. D’autre part, le contexte géopolitique favorise l’incertitude et la volatilité des prix.
Sur un an, le prix de l’aliment pour porc à l’engraissement a augmenté de 8%, impactant directement les coûts de production des élevages chinois. Ce surcoût ne pourra être absorbé par toutes les structures, d’autant plus que cette dynamique semble s’intégrer dans le temps. Les petites structures souffriront le plus de cette situation.
Le retour du covid
Les cas de Covid positif se multiplient en Chine, impactant directement le commerce. En effet, avec la politique zéro-covid, plusieurs grandes villes ont été remises sous cloche. C’est notamment le cas de Shangaï et de son port. Les bateaux, vraquiers et porte-conteneurs, s’accumulent à l’entrée du port, cet engorgement limite la disponibilité en fret pour le commerce international et fait de nouveau flamber le prix du fret et les délais de livraison. La désorganisation des échanges internationaux pourra perdurer un certain temps et impacter directement l’économie chinoise et les prix des aliments du bétail et des matières premières.