La demande en viande bovine est restée forte en Chine, mais le rythme des importations ralentit

La demande en viande bovine est restée forte en Chine, malgré la baisse des prix de la viande porcine. Le rythme des importations ralentit mais les volumes ont néanmoins atteint un nouveau record.

Une production et une consommation en progression

L’offre nationale de viande bovine en Chine s’est accrue en 2021 de +3,7% /2020, pour atteindre un nouveau record à près de 7 millions de téc.

Les prix des animaux gras sont demeurés sur un plateau élevé à plus de 36 RMB/kg (4,7 €/kg vif en moyenne sur l’année 2021), mais les cours sont repassés au 4ème trimestre sous ceux de 2020, signe d’une relative stabilisation entre offre et demande. L’offre de bovins vivants demeure cependant limitée par la poursuite de la chute de l’importation en contrebande d’animaux d’Asie du Sud-Est (en provenance de Myanmar, du Vietnam et du Laos), entamée en 2019 conséquence d’un renforcement des contrôles chinois aux frontières. Ces prix élevés motivent les éleveurs à étoffer leur cheptel. Le cheptel bovin chinois, très majoritairement allaitant, aurait progressé de plus de 4% /2020, pour dépasser les 95 millions de têtes d’après l’USDA.

Ces prix élevés s’expliquent par une demande en viande bovine toujours forte. Après avoir bénéficié de la baisse d’offre en porc en 2019 et en 2020, la consommation de viande bovine est restée dynamique en 2021, malgré le rebond de la production porcine et la baisse des cours du porc. Les cours de la viande bovine ont légèrement progressé (+3% /2020) et ont signé un nouveau record historique à 86,5 RMB/kg (11,3 €/kg) en moyenne.

La corrélation entre les prix des viandes bovine et porcine, qui avait prévalu en 2018-2019, ne s’est pas poursuivie en 2020 et 2021, les prix du bœuf poursuivant leur hausse lors de la chute des prix du porc. Les ventes au détail de viande bovine semblent constituer une base solide, ce qui les rend de plus en plus indépendantes de l’équilibre offre/demande en porc.

La pandémie de Covid-19 a en effet déclenché une consommation accrue de viande bovine à domicile. En raison du développement rapide du commerce électronique, qui a également bénéficié des blocages liés au Covid-19 en 2020, les consommateurs ont commencé à cuisiner des steaks et des hot-pot à domicile, alors que ces plats étaient traditionnellement consommés en RHD (Restauration hors domicile) avant le Covid-19. En conséquence, les volumes vendus sur les marchés de gros ont commencé à se réduire. Avec la normalisation de la vie post-Covid, ces habitudes ont perduré et les ventes de viande bovine via les supermarchés et le commerce électronique ont augmenté.

Les importations atteignent un nouveau record malgré des freins sanitaires et politiques

La hausse de la production n’a pas suffi à satisfaire la demande chinoise, qui repose en partie sur les importations. Si celles-ci ont établi un nouveau record en 2021, le rythme de croissance a fortement ralenti. Elles ont atteint, en seule Chine continentale, près de 2,9 millions de téc (+9% /2020) confortant la place du pays comme 1er importateur mondial de viande bovine. Dans le même temps, les importations via Hong-Kong ont chuté de -26%, à 366 000 téc. Au total , les deux entités cumulées, des achats atteignent un nouveau record,  près de 3,28 millions téc (+4% /2020). La réorientation des flux de Hong-Kong vers la Chine continentale se poursuit donc. L’essentiel des volumes importés est composé de viande congelée désossée (83% du total). Les volumes de viande réfrigérée sont restés globalement stables, à près de 81 000 téc, mais ont progressé rapidement en Chine continentale (+10%) parallèlement à un reflux à Hong-Kong.

Les importations en Chine continentale restent très dépendantes d’un nombre limité de fournisseurs : 94% des volumes proviennent des 6 pays. L’Amérique du Sud représente à elle seule près des ¾ des volumes. Les volumes ont stagné en 2021 en provenance du Brésil (conséquence de l’embargo mis en place par les autorités chinoises à la suite de la découverte de cas d’ESB dans le cheptel brésilien). Il demeure cependant le principal fournisseur de l’empire du Milieu avec 1,1 million de téc (38% des importations). Les volumes en provenance d’Argentine, deuxième fournisseur, ont reculé de -6% à 570 000 téc, compte tenu des restrictions aux exportations mises en place par le gouvernement argentin. Ceux en provenance d’Uruguay, devenu le 3ème fournisseur, ont bondi de +55%, à 416 000 téc.

Les abattoirs australiens ont en 2021 de nouveau subi les mesures de rétorsion économique prises par la Chine à la suite de la décision du Gouvernement australien de soutenir la demande étatsunienne à l’OMS d’une enquête en Chine sur les origines du Covid-19. Sept établissements australiens ont ainsi été interdits d’exporter en Chine officiellement pour des raisons techniques ou administratives et deux autres pour des cas de Covid-19 détectés parmi le personnel. Après avoir déjà reculé de -17% en 2020 en Chine continentale, les volumes en provenance d’Australie ont chuté de -36% en 2021 pour atteindre seulement 201 000 téc (-48% entre 2019 et 2021). Longtemps le premier fournisseur de viande bovine en Chine, l’Australie est tombée à la 5ème place, devancée par la Nouvelle-Zélande dont les volumes ont rebondi en 2021 à 245 000 téc (+19%/2020).

Le recul australien profite aux États-Unis

Les déboires de l’Australie ont également profité à la viande étatsunienne dont les volumes importés en Chine continentale ont été multipliés par 5 d’une année sur l’autre, à plus de 183 000 téc et représentent désormais 6% des importations. Même si les volumes entrant à Hong-Kong ont diminué de 40%, les exportateurs étatsuniens ont quand même doublé leurs exportations vers le marché chinois dans son ensemble. Cette forte hausse des flux peut s’expliquer d’une part par l’accord commercial signé en janvier 2020 avec la Chine, prévoyant d’importants achats chinois de produits agricoles étatsuniens. Et d’autre part à la structuration de la filière étatsunienne organisée pour répondre aux demandes spécifiques du marché chinois.

Les volumes en provenance de l’Union européenne ont été divisés par 4 à 3 500 téc. L’Irlande, qui était le premier fournisseur européen, subit depuis mai 2020 un embargo chinois, à la suite de l’annonce d’un cas d’ESB dans le pays et n’a donc pu exporter de viande en 2021. Les principaux fournisseurs sont maintenant la Hongrie (1 100 téc en 2021) et la Lituanie (1 000 téc) devant la France (800 téc) dont les volumes ont reculé d’1/3 entre 2020 et 2021.

Enfin, il ne faut pas oublier les flux gris en provenance d’Inde, estimés à moins de 100 000 téc en 2021. Ceux-ci ont été fortement réduits via le Vietnam et vers Hong-Kong.

La consommation de viande bovine par habitant est estimée à 7,3 kgéc en 2021, dont un tiers est couvert par les importations.

Des importations stables ou en baisse en 2022 ?

En 2022, les importations chinoises pourraient marquer le pas. D’une part, les restrictions aux importations de viande brésilienne, qui n’ont été levées qu’en décembre 2021, pourraient affecter la réception de volumes début 2022. En outre, les mesures à l’encontre des viandes australienne et irlandaise sont toujours en place en ce premier semestre 2022. D’autre part, les confinements dans de nombreuses villes chinoises, dont Shanghai, devraient freiner les flux d’importation et ce pour plusieurs mois, compte tenu de la disponibilité limitée à venir des containers.

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