Marchés laitiers : Logistique perturbée et demande chinoise en baisse

Les importations chinoises du mois de mars ont été publiées et celles-ci, sans surprise, ressortent en baisse. Cette tendance s’observait déjà sur les deux premiers mois de l’année, sauf pour la poudre grasse mais la politique zéro-covid a fortement perturbé la logistique maritime.

En effet, le port de Shanghai tourne au ralenti. Le personnel sur place est confiné sur le lieu de travail afin de maintenir l’ouverture du port. Toutefois, les rotations des camions sont difficiles au vu de restrictions de confinement imposées aux chauffeurs. Dans ce contexte, le port est congestionné et près de 700 bateaux seraient en attente au large, soit plus du double de l’an dernier pourtant déjà un pic selon VesselsValue.

Ensemble des cargos positionnés devant le port de Shanghai

Source : Marine Traffic – Ensemble des cargos positionnés devant le port de Shanghai

Dans ce contexte, les containers sont immobilisés et donc non disponibles pour d’autres trajets. Le nombre de containers frigo est plus restreint et donc plus sensible encore. De plus, quand un bateau part vers la Chine, le temps de déchargement est inconnu. Outre les frais de fonctionnement importants et le coût énergétique de maintien de la température, certains produits laitiers ont des délais de consommation courts (certains fromages par exemple). Les exportateurs vont certainement se montrer prudents dans les mois à venir et réduire les envois au profit des poudres.

Tous les exportateurs ne sont pas égaux face à cette situation. En effet, les exportateurs européens pourront toujours satisfaire en premier le marché intérieur où la demande reste forte et les stocks quasi-inexistants dans un contexte de baisse de la collecte. En revanche, les exportateurs néo-zélandais ne pourront se tourner vers leur marché intérieur et leur dépendance vis-à-vis du marché chinois est particulièrement conséquente.

Par ailleurs, le confinement de certaines grandes villes chinoises réduit les opportunités de consommation de produits laitiers. Cette demande est donc détruite et cela pourrait finir par peser alors que les confinements n’en finissent pas.

Les importations de laits liquides ont baissé de -15% /2021 sur janv-mars 2022. Les envois de l’Allemagne et de l’Australie se maintiennent mais ceux de la Nouvelle-Zélande ont chuté de -23%.

Les importations de fromages ont chuté de -20% sur les trois premiers mois de l’année (-30% en provenance de Nouvelle-Zélande). Les disponibilités néo-zélandaises sont certes moins fortes que l’an passé en raison d’une baisse de la collecte, mais celles-ci sont également perturbées par une moindre main d’œuvre (hausse des infections au Covid-19 sur cette période).

Dans ce contexte, seules les importations de poudres de lait entier semblent se démarquer avec 359 000 t en cumul contre 326 000 t l’an passé. Toutefois dans le détail, la hausse a été faite en janv-fev 22/21 (+24%) tandis que celles en mars (-31%) sont tout autant touchées que les autres. La demande se maintient pour le moment car la consommation de poudres grasses est importante en Chine pour les industries notamment du secteur de la boulangerie-pâtisserie (qui risque, toutefois, d’être impacté par les confinements) mais aussi en raison d’un prix relatif de La poudre de lait entier en Nouvelle-Zélande moins cher que celui de la poudre maigre combinée à la matière grasse (crème/beurre).

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