Les leviers de la décarbonation des élevages en France

Quels sont les leviers de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) pour les élevages et quels sont leurs potentiels ? Comment les mettre en œuvre, pour atteindre les objectifs à 2050 et créer un élevage plus résilient et durable ?

ABCIS a organisé une conférence de restitution des éléments clés de l’étude conduite sur cette problématique pour le Crédit Agricole.


Consultez la synthèse de l’étude

Les importations chinoises de poudres grasses toujours en recul

Les importations chinoises de poudres grasses se sont améliorées sur les mois de mai à juillet 2023/2022. Cependant, ces volumes ne compensent pas le fort recul de la demande sur le 1er trimestre 2023, et surtout pour le mois de janvier. Cette moindre demande est la conséquence de fortes hausses de production nationales de poudres grasses limitant ainsi les besoins.
En cumul depuis le début de l’année, ces importations reculent de -38,4% /2022 dont -38% en provenance de la Nouvelle-Zélande et -78% en provenance d’Uruguay.

Poursuite de la hausse des importations chinoises de poudre maigre

Les importations de poudre maigre sont en hausse de 20,5% sur le 1er semestre 2023 /2022 à 242 000 t. La Nouvelle-Zélande compense pour une maigre partie la moindre demande en poudres grasses, en augmentant les envois de poudre maigre de +35% à 110 500 t vers le Chine. Les autres bénéficiaires de cette demande sont les origines européennes (+65% pour l’Irlande à 7 800 t, +51% pour la Suède à 10 000 t, x2 pour la France à 12 200 t et x4 pour l’Allemagne à 9 700 t).

Sur les autres produits, les importations de poudres grasses étaient en hausse en juillet par rapport à l’an passé, ce qui ne compense pas la moindre demande du début d’année 2023, et reste très en dessous des envois de 2021.

Hausse des importations chinoises de lactosérum

Il y a peu de surprises sur les importations chinoises au mois de mai. Cependant, c’est le premier de 2023 où les volumes de poudres grasses sont supérieurs à ceux de l’an passé (52 000 t en mai 2023 contre 49 000 t l’an passé). En cumul sur cinq mois, elles demeurent toutefois en repli de -51% d’une année sur l’autre.

Par ailleurs, les importations de lactosérum sont toujours particulièrement dynamiques. Elles sont en hausse de +40% en cumul sur les cinq mois de l’année. Les volumes sont en forte augmentation en provenance des États-Unis (+35% /2022 à 136 000 t), des Pays-Bas (+36% à 21 000 t) et de Pologne (+426% à 26 000 t) notamment mais en repli depuis la France (-3% à 17 000 t).

La production laitière chinoise pourrait perdre en dynamisme en 2023

En 2023, les signaux sont peu favorables à la production laitière :

  • Les coûts d’alimentation ne baissent pas rapidement, tandis que les prix du lait ont fortement chuté. A 3,96 RMB/kg en mars 2023, soit une baisse de -5% /2022 (540 €/t de lait), le prix du lait est repassé sous les 4 RMB/kg pour la première fois depuis octobre 2020.
  • Les exportations de foin des États-Unis vers la Chine ont baissé en janvier-février de -30% /2022. Les États-Unis sont le principal fournisseur de la Chine (72% des volumes en 2022).
  • Des transformateurs ont commencé à limiter leur collecte de lait, notamment en ne renouvelant pas des contrats avec des éleveurs.

Pour plus d’information : consulter Tendances

Nouvelle baisse de la demande chinoise

La baisse de la demande chinoise en produits laitiers se poursuit sur les deux premiers mois de 2023 par rapport à 2022. Les poudres sont particulièrement touchées : -68% sur les poudres grasses et -2% en poudre maigre, ce qui prolonge les tendances observées fin 2022. La moindre demande chinoise s’explique principalement par des stocks importants dans l’empire du Milieu alors que les fabrications de poudres grasses sont conséquentes depuis plusieurs mois.

Sur les poudres grasses, les importations en provenance de Nouvelle-Zélande se sont fortement réduites à seulement 88 340 t contre 284 120 t l’an passé pour janvier-février (-69%). Les modalités d’échanges entre la Nouvelle-Zélande et la Chine évoluent grâce à l’accord commercial. En 2023, le quota d’export à droit de douane nul pour les poudres est de 197 498 tonnes!. Au delà de ce volume, les droits de douane seront de 10%. L’an prochain, au 1er janvier 2024, aucun droit de douane ne s’appliquera sur les produits laitiers néozélandais. Il n’y a déjà plus aucun droit de douane sur le lait liquide, le fromage et le beurre depuis 2022.

Sur les autres produits laitiers, la demande en beurre et en crème est également en retrait de respectivement -22% et -17% sur les deux premiers mois /2022. Seules les importations de poudre de lait infantile, de fromage et de lactosérum affichent une progression (respectivement +35%, +4% et +61% /2022).

2022 : retour sur les importations annuelles chinoises de produits laitiers

L’année 2022 restera dans les annales, comme 2014, comme une année où les achats chinois se sont repliés. Il faut dire que cela faisait suite à une année 2021 record en termes d’importations.

D’une part, des confinements ont été imposés à la population sur une grande partie de l’année à cause du Covid-19. La réouverture en fin d’année n’aura pas suffi à compenser la baisse annuelle de la consommation notamment celle de produits laitiers dans les restaurants.

D’autre part, la production et collecte laitière est ressortie en hausse selon les sources nationales. Les fabrications de poudres entières se sont fortement accrues et ont ainsi limité les besoins à l’importation.

Au global, les importations de lait liquide, de crème et d’ingrédients secs ressortent en net repli tandis que le beurre et les poudres de lait infantiles se sont appréciées.

Le déficit commercial agricole chinois se creuse légèrement en 2022

Après 3 années pendant lesquelles le déficit commercial agricole et agroalimentaire s’est fortement creusé, l’année 2022 a marqué une pause. A 137 milliards de dollars, il ne s’est accru que de 2 milliards de dollars, mais constitue néanmoins un nouveau record. Pour la première fois depuis 2016, les exportations chinoise ont progressé plus vite en valeur (+17%) que les importations (+7%).

La relative faible hausse des importations en valeur s’explique par les moindres achats de céréales en volume (-20%/2021), notamment de maïs (-27%) et d’orge (-55%), comme en valeur (-3%), mais également de viandes (-2% en valeur) et de produits laitiers (-17% en valeur).

En produits laitiers, les replis d’importations en volume ont concerné tous les produits à l’exception du beurre et des laits infantiles.

Ces baisses n’ont cependant pas compensé les importations en hausse en valeur de soja (+15%) malgré une baisse volumes (-6%) et de la catégorie poissons et crustacés (+36% en valeur)

2022, une année difficile pour le secteur laitier chinois

Avec la contribution de Jean-Marc Chaumet

L’année 2022 aura été difficile pour la Chine. Le covid-19 a entrainé d’importants confinements mettant en péril l’économie générale du pays. C’est aussi une année où le nombre de morts a été supérieur aux naissances. La population baisse pour la première fois depuis 60 ans.

Les industries laitières annoncent d’importantes pertes économiques basées sur une collecte en forte hausse dans un contexte de moindre demande en produits laitiers. 

Hausse de la collecte malgré des coûts de production particulièrement élevés

En 2022, la collecte laitière en Chine a été supérieure de +6,8% /2021 selon les statistiques chinoises. Les analystes s’accordent plutôt pour une hausse entre +3 et +7% /2021 autour de 39 Mt.

Cette augmentation de la collecte est permise par une hausse du troupeau notamment grâce à des importations de bovins reproducteurs (+34% /2021 selon BOABC ce qui ferait près de 390 000 têtes).  

En 2021, un tiers des bovins importés par la Chine était en provenance de la Nouvelle-Zélande. Toutefois, ces échanges prendront fin en avril 2023 car la Nouvelle-Zélande a voté en septembre 2022 l’interdiction des exportations d’animaux vivants (bien-être animal). Cette interdiction fait suite, notamment, au naufrage en 2020 du Gulf Livestock 1 qui a tué 41 membres d’équipage et 6 000 bovins.  

En 2022, les coûts de production et surtout les coûts d’alimentation ont fortement augmenté (à dire d’expert environ +25% en un an). En effet, la production agricole céréalière chinoise a fait face à une météo adverse durant l’été. Début janvier 2023, le prix moyen du maïs en Chine était de 3,03 yuans/kg, soit une hausse de 5,2% /2022 et du tourteau de soja était de 4,97 yuans/kg, en hausse de 30% /2022. Par ailleurs, le foin de luzerne aurait augmenté de près de +35% en un an.

Dans le même temps, les prix du lait en Chine se sont dégradés durant l’année (-4% à 4,12 RMB/kg soit 55,8 c€/kg contre près de 60 c€/kg en décembre 2021), pénalisant encore davantage les petits éleveurs. De plus, il semblerait qu’il y ait un écart important entre le prix du lait officiel pour le premier trimestre 2023 à 4,10 RMB/kg dans la province de Hebei et le prix payé car le comité agricole a proposé de baisser les prix à 3,85 RMB/kg.

Vers plus de méga fermes

En février 2022, le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales a publié son plan quinquennal pour améliorer la compétitivité de l’industrie laitière. L’objectif est d’atteindre les 41 Mt de production de lait d’ici à 2025 (ce qui pourrait être atteint dès 2023).

Pour cela, le gouvernement chinois a demandé aux provinces de subventionner la production de lait car elle est stratégique. Par exemple, la province du Liaoning va investir dans la logistique afin d’améliorer la chaine du froid notamment pour les produits laitiers.

De son côté, le gouvernement local de Jilin prévoit une subvention de 10 000 yuans/kg pour l’importation de taureau reproducteur et de 1 000 yuans/kg pour chaque vache pleine. Ces subventions vont surtout favoriser les grandes fermes, seules exploitations capables d’acheter ces bovins importés.

À dire d’experts, ces grandes fermes (supérieures à 100 vaches) représentent dorénavant 70% des exploitations laitières du pays avec en moyenne 7 430 vaches/exploitation. Dans la province du Ningxia, les fermes de plus de 500 vaches représentent 66% des exploitations laitières.

Dans la province de la Mongolie Intérieure (première productrice de lait), 23 méga fermes (>5 000 vaches) ont été construites en 2021, entrainant une hausse du cheptel de la province de +80 000 vaches. En 2022, 41 nouvelles fermes ont été construites (+100 000 vaches). Pour 2023, 15 fermes sont en cours de construction.

Dans le Shandong, 27 méga fermes ont été construites en 2021, 2 auraient vu le jour depuis en 2022.

A l’inverse, certains petits producteurs doivent cesser leur activité laitière car les transformateurs ne souhaitent plus venir les collecter, notamment ceux qui produisent moins de 10 000 litres/jour.

Difficultés de la transformation

La majeure part des fabrications chinoises est orientée vers les « produits liquides » tels que le lait de consommation UHT ou pasteurisé, les yaourts et produits fermentés.

Cependant, cette année, entre les confinements des grandes villes dus au covid-19 (fermeture des restaurants et supermarché, perte d’emploi) et l’inflation, le budget des ménages alloué aux produits laitiers est réduit. La consommation de lait liquide et de yaourts est donc fortement réduite. Selon BOABC, les ventes en ligne de 4 catégories de produits laitiers (produits laitiers à basse température, produits laitiers à température ambiante, produits à base de lait de chèvre et laits en poudre) ont baissé de 36% sur les 9 premiers mois de 2022. Selon un analyste chinois, c’est la première fois en vingt ans qu’il constate une baisse de la demande en produits laitiers.

Quand cela était possible, le lait supplémentaire a été séché en poudres de lait grasses. Toutefois, les capacités de séchage sont nettement inférieures au lait disponible.

Les coûts d’alimentation élevés et un marché atone exercent une pression forte sur la production laitière depuis plusieurs semaines. Entre l’impact du Covid-19 sur la consommation de produits laitiers et l’expansion accélérée de l’élevage laitier à travers davantage de mégafermes au cours des deux dernières années, l’équilibre entre l’offre et la demande de lait a été rompu.

Dans les circonstances actuelles, de grandes exploitations maintiennent à peine leur activité et les fermes de petites et moyennes tailles se retrouvent dans des situations difficiles car moins capables de résister à la volatilité du marché. Certaines n’avaient pas encore reçu de contrat de collecte avant la fin 2022. Des transformateurs ont commencé à limiter leur collecte de lait, notamment en ne pas renouvelant pas des contrats avec des éleveurs.

Aussi de plus en plus de journaux chinois remontent des échos de lait jeté et de vaches abattues. Les éleveurs cherchent à les engraisser pour la viande mais au vu des couts d’aliment, l’opération n’est guère rentable.

Selon un article de la Hebei Dairy Association, l’excédent de lait cru séché en poudre serait de 4 000 t/jour dans la province de Hebei. Les coûts de séchage seraient nettement supérieurs aux prix de vente possible actuellement.  Pour soutenir les grands groupes laitiers, les principales régions de production comme la Mongolie intérieure aurait prolongé les subventions pour la production du poudres grasses jusqu’en 2023 (USDA).

Plusieurs transformateurs laitiers ont déjà annoncé que leurs résultats 2022 seraient décevants, pas seulement dans les laits infantiles, avec des bénéfices en recul. Après un bon premier semestre, les résultats pour le 3ème trimestre 2022 du premier laitier chinois, Yili, ont déjà affiché un bénéfice en recul de 27%, malgré une hausse du chiffre d’affaires de près de 7%, entraînant une chute du cours en bourse de 10%.

À quoi ressemblera 2023 ?

La levée de la stratégie zéro covid à la fin 2022 va certainement permettre aux consommateurs de retourner dans les restaurants et supermarchés. La consommation de produits laitiers sur les derniers mois de 2022 et pour les festivités du Nouvel An pourrait se reprendre. Mais si la reprise des ventes pendant le Nouvel An chinois ne répond pas aux attentes des industriels, la pression sur la production laitière sera encore plus grande au cours des semaines à venir.

Toutefois, au-delà de cette période, la baisse de pouvoir d’achat des ménages laisse des doutes sur un retour durable de la consommation en produits frais (lait de consommation et yaourts), même si la croissance de la consommation des ménages semble être une des priorités des autorités chinoises : 25 des 31 provinces du pays ont érigé cette consommation comme une des priorités pour 2023.

Sur les produits secs, malgré des baisses d’importations de poudres en 2022 (-21% en poudre maigre et -17 % en poudres grasses), la hausse des fabrications locales entraine la création de stocks particulièrement importants. Dans ce contexte, il semble difficile d’imaginer un fort retour de la Chine aux achats.

En revanche, les produits tels que le beurre, la crème, le fromage et les poudres de lait infantile et pour séniors devraient toujours bénéficier d’une forte demande notamment à l’import.

Ces perspectives restent également dépendantes du contexte sanitaire et économique dans le pays et en l’absence de guerre à Taiwan.

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