Depuis la demande d’une enquête indépendante sur l’apparition du Covid-19 en Chine demandé par le premier ministre australien, les relations diplomatiques entre la Chine et l’Australie étaient très tendues. Aujourd’hui ces relations semblent se réchauffer et les céréales qui étaient les victimes collatérales des tensions diplomatiques entre les deux pays redeviendraient une monnaie d’échange.
Sanctions et droits de douane
À la suite de l’enquête indépendante demandée par l’Australie en mai 2020, la Chine, premier importateur d’orge australien (2Mt en 2019 passées à 0t en 2021), avait augmenté ses droits de douane de 80%. D’autres produits d’import ont subi ces augmentations : le blé, la viande bovine, le vin, le charbon. En Australie, des sanctions sur les technologies ont aussi été mises en place comme l’arrêt des investissements chinois pour le déploiement de la 5G.
Ces sanctions pénalisent fortement l’export australien, la Chine étant le premier partenaire commercial de l’Australie depuis 2007 avec presque un tiers des exportations totales australiennes à destination de la Chine. Ces dernières années, l’Australie est devenue un acteur incontournable du marché des grains avec une production et une capacité d’export en hausse. L’Australie produit aujourd’hui 10% de l’orge mondiale et 5% du blé mondial. Avant le conflit, 54% des orges importées par la Chine venait d’Australie et 10% de France.
Réchauffement en cours
Après un changement de gouvernement en Australie, une rencontre a eu lieu entre le nouveau Premier ministre australien et le président chinois. Le réchauffement entamé a déjà permis de nouvelles exportations de charbon vers la Chine et une accélération des exportations de blé qui ont été multipliées par 2 au premier trimestre 2023 par rapport à 2022.
L’annonce d’un accord sur l’orge est en attente, la Chine a trois mois pour réexaminer les droits de douane appliqués à l’orge. S’il advenait dans les prochaines semaines, cette annonce diplomatique rebousculerai les équilibres mondiaux nouvellement établis.
Conséquence sur les prix
Avec l’arrêt des échanges, l’Australie avait trouvé de nouveaux marchés au Moyen-Orient alors que la Chine s’approvisionnait en Europe avec de l’orge d’Ukraine et de France. Les exportations françaises d’orge et les prix nationaux en ont largement profité. La perte probable du marché chinois a entrainé le mouvement inverse. Depuis fin mars, l’orge française majoritairement exporté vers la Chine voit son prix et ses volumes envoyés à la baisse.
Cette réouverture de marché est conforme à la volonté de diversification des origines d’importations chinoises et de diminution de la dépendance étatsunienne. Pour autant, la recherche est toujours à l’autosuffisance et à l’utilisation de matière national dans le cadre de l’alimentation animale. Les niveaux d’import ne retrouveront peut-être pas la base des années précédant les tensions.