Par Mathilde Le Boulch
Sur un fond de prix internationaux élevés, les importations chinoises ont atteint des records en maïs comme en soja durant la campagne 2020/2021. Même si la production porcine est estimée à la baisse en 2022 par l’USDA, la croissance dans les autres filières animales soutient la demande en alimentation animale.
Le maïs à des niveaux record
Malgré une récolte mondiale record de maïs de 1 122 Mt en 2020 selon l’USDA, l’augmentation de la consommation mondiale lors de la campagne précédente a entrainé le recul des stocks de près de -18 Mt (Chine exclue), expliquant en partie les prix internationaux élevés. En Chine, avec la reconstitution des cheptels (porcins et aviaires), la production d’aliment est en augmentation sur l’année 2021 : sur la période janvier-août, la production d’aliments a augmenté au global de 19%/2020 et de 63% rien que pour l’aliment porcin.
Sur la campagne 2020-21, la demande a donc été soutenue en Chine pour répondre au besoin de l’alimentation animale avec la reprise de l’élevage. Les importations se sont établies à 29,5 Mt (dont 66% en provenance des USA) contre 7,58 Mt lors de la campagne précédente.
Aussi, depuis mars, le prix du maïs chinois s’est stabilisé à son plus haut niveau historique, avoisinant les 3 000 yuan/t soit 460 $/t (+27% /2020). En novembre, malgré une incorporation plus significative de blé et de riz national dans l’alimentation animale, les prix du maïs chinois continuent leur augmentation. Le prix de l’aliment du bétail reste élevé.
Mais apaisement des tensions en vue
Sur la campagne actuelle 2021-22, malgré des retards de récoltes, les pronostics sont bons. L’USDA prévoit une récolte mondiale de 1 208,7 Mt soit 8% de plus que la campagne précédente. L’arrivée de ces volumes supplémentaires n’a pourtant pas détendu les prix tant la demande reste forte.
Du côté de la Chine, les voyants sont au vert pour la nouvelle récolte. Le CNGOIC (China National Grain & Oils Information Center) annonce une prévision de récolte de 273 Mt, soit 13 Mt de plus que lors de la campagne précédente. Le même CNGOIC a annoncé une prévision d’importations chinoises de maïs en baisse de sur cette nouvelle campagne (20 Mt, -35%).
Les records d’importation se poursuivent en soja
Du côté du soja, la demande chinoise est également très élevée. Sur la campagne septembre 2020-août 2021, la Chine aura importé 100 Mt de soja (+1%/2019-20). Avec 37% des graines provenant des USA, soit +20%/2019-20, les importations chinoises ont retrouvé leur niveau d’avant le conflit commercial de 2017 grâce à l’accord sino-US prévoyant une hausse des achats chinois de produits agricoles étasuniens et à l’élection de Biden. Toutefois, l’ouragan Ida, qui a touché la côte ouest des Etats-Unis, avait ralenti les exportations en septembre. En novembre elles sont reparties à la hausse à 8,57 Mt (+67,7 %/octobre 2021). Le prix du tourteau de soja sur le marché chinois est resté stable sur le troisième trimestre à 3 750 yuan/tonnes soit 580 $/t (+20%/2020).
Des indicateurs inquiétants
A ces fondamentaux, il faut ajouter les inquiétudes actuelles sur les indices macro-économiques. La reprise économique chinoise s’annonçait exponentielle, elle est aujourd’hui ralentie. La flambée des coûts de l’énergie a poussé le gouvernement chinois à réduire les cadences dans les usines. La production industrielle est donc ralentie. Dans le même temps, la possible faillite du géant de l’immobilier Evergrande laisse craindre une crise économique.
Par ailleurs, du côté sanitaire, le covid-19 continue là aussi de pénaliser l’économie. La politique zéro-covid chinoise entraine la fermeture régulière de ports de marchandises rendant ainsi plus difficile les échanges dans un contexte de logistique mondiale encombrée et de prix du fret particulièrement élevés.
Dans ce contexte particulièrement incertain en terme sanitaire, climatique et financier, les prévisions à court terme sont difficiles. Ces indicateurs macro favorisent l’insécurité et la volatilité des cours des matières premières.