Matières premières : les premiers constats après le 20ème Congrès national du PCC  

Mi-octobre se tenait le 20ème congrès national du Parti Communiste Chinois annonçant les nouvelles orientations politiques pour les cinq années à venir. Xi Jinping a été réélu mais il semble sous pression à la suite de la gestion difficile de la crise Covid et de la situation économique et sociale du pays. Les cinq dernières années ont été révélatrices de la fragilité économique chinoise et de sa vulnérabilité (bulle immobilière, gestion de la FPA et de la crise Covid). Lors de ce nouveau congrès l’accent a été porté sur la sécurisation de l’autonomie chinoise.

Vers une réduction de dépendance

La Chine a vu dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie un nouvel allié de circonstance susceptible de réduire sa dépendance à l’Union européenne et aux Etats-Unis. Avec ses réserves de céréales et d’oléo-protéagineux, la Russie pourrait être un partenaire commercial de choix. Pour autant, les prix à l’exportation sont encore peu concurrentiels et la Chine se tourne plutôt vers l’Amérique latine pour ses achats. Pour réduire la dépendance à l’Occident, la puissance militaire a été réaffirmée particulièrement en mer de Chine et autour du détroit de Taïwan. Par son autonomie politique et sa relation avec les Etats-Unis, Taïwan représente une menace pour Pékin alors que le gros du trafic maritime transite par le détroit de Taïwan.

Un autre axe promu pour réduire la dépendance de la Chine est la promotion de la technologie et la recherche d’autosuffisance. Des fermes usines de porc ont été construites à la suite de la crise de la FPA pour répondre à la consommation nationale. Pour les matières premières, sur les 120 Mha de terres arables disponibles, des aides seront ciblées sur les investissements permettant d’accroître les rendements (machinisme, irrigation, sélection variétale, nouvelles technologies). Un effort particulier sera fait pour les zones rurales les plus enclavées et en retard.

Première estimation de la campagne 2022/2023

Même si l’été a été chaud et que les 2/3 du territoire sud ont vécu leur pire sécheresse depuis 10 ans, les productions sont au rendez-vous. La production 2022/2023 de maïs est en hausse de 1% ainsi que celle de blé. Cependant la consommation domestique est toujours supérieure à la production ce qui entraine une baisse des stocks de fin de campagne. Cette situation soutient les prix du maïs et du tourteau de soja. Les prix élevés de l’énergie restent une contrainte de taille en alimentation animale et en amidonnerie. 30% du maïs consommé en Chine est transformé en amidon. Les faibles marges incitent les industriels à réduire leur production. Le gouvernement chinois a par ailleurs restreint jusqu’à nouvel ordre les exportations d’amidon dans l’optique de limiter la consommation de maïs et de limiter la hausse des prix locaux.

L’inquiétude se porte principalement sur le riz, première céréale consommée. Sa production est en baisse de 2%. Même si le riz est une matière peu échangée, son manque peut provoquer une hausse des échanges des autres matières utilisées en alimentation humaine et animale.

La production d’aliment du bétail est en hausse de 5% en septembre comparativement à août, 25 Mt d’aliment ont été produits dont 10 Mt pour l’élevage porcin. Même si la production porcine est dynamique sur la période janvier-septembre 2022, elle reste en deçà des niveaux de 2021 (- 7%). La légère hausse du cheptel truie enregistrée en août (+0,6% en 1 mois) pourrait toutefois soutenir la production, sur l’année 2022 il reste tout de même en baisse de 4,8% par rapport à 2021. D’autre part tandis que l’amélioration des performances d’élevage et de l’efficacité alimentaire permettent de réduire lentement mais continuellement les besoins de matières premières

Le Brésil, un allié jusqu’à quand ?

Pour répondre à la demande nationale, la Chine est dans l’obligation d’importer des matières premières dont le soja et le maïs. Avec les tensions récurrentes à Taïwan, un décret a été signé entre les Etats-Unis et la Chine ne permettant à cette dernière d’importer que le strict nécessaire en soja (graine et tourteaux) en provenance des Etats-Unis. Par conséquent, les importations d’origine brésilienne ont augmenté. Des protocoles phytosanitaires ont été signés permettant au Brésil d’expédier plus tôt que prévu du soja et du maïs. Pour favoriser ces échanges des investissements ont d’ailleurs été réalisés par des compagnies chinoises dans le port de São Paulo.


Une menace persiste tout de même avec les élections dans le pays. Si Bolsonaro a par opportunisme économique favorisé les partenariats avec la Chine, qu’en serait-il de Lula, deuxième candidat à l’élection présidentielle, qui remet au centre de sa politique la sécurité alimentaire du pays et la protection des peuples amazoniens contre la déforestation et la culture de soja ? La géopolitique reste une clé majeure d’explication des échanges internationaux et du futur des partenariats chinois.

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