En Chine, 30% de la consommation de maïs passe par la production d’amidon. Les prix élevés de l’énergie impactent directement cette production. Le gouvernement a restreint jusqu’à nouvel ordre les exportations pour limiter la consommation de maïs et la hausse des prix locaux, la Chine représente 10% des échanges mondiaux d’amidon. En octobre, le prix du maïs a encore pris 2%.
Les conséquences de la politique zéro-Covid
En octobre, les exportations chinoises « tous produits de base » en valeur sont en baisse d’après les douanes. Cette baisse est la première depuis mai 2020. La restriction sanitaire et la politique zéro-Covid sont des causes de la situation. Les derniers cas Covid entrainent de nouveaux confinements, stoppant le commerce et certaines zones urbaines. Les marchés frileux aux investissements et le risque de récession mondiale ne devraient pas stimuler les exportations dans les prochains mois.
Une ferme de 26 étages ouvrira ses portes fin 2022
En Chine, le redéveloppement de la production nationale suite à la crise sanitaire de fièvre porcine africaine a été marqué par de nombreux investissements et, dans certains cas, par la mise en place de systèmes de production hors normes. C’est ainsi que la province du Hubei a vu sortir de terre un élevage de 26 étages grâce aux investissements massifs (4 Mds Yuan, soient 553 M€) de l’entreprise Zhong Xin Kai Wei Modern Livestock. L’élevage devrait débuter sa production d’ici la fin d’année et l’objectif est de produire à terme 1,2 million de porcs par an pour chaque site.

L’inflation et le manque d’offre boostent les importations chinoises en ailes et pattes de poulet
Sur 9 mois 2022, les importations de la Chine en viande de poulet ont reculé de -3,3 % du fait d’une baisse des imports en provenance des États-Unis (-16 %) et du Brésil (-5,4 %). L’évolution par type de produit importé reste très contrastée car l’offre en local ne suit pas la demande en hausse. Ainsi, les importations de pattes et ailes de poulet ont progressé respectivement de 6 % et 5 % sur 9 mois 2022 ; les deux produits couvrent 78% des importations totales de poulet en 2022 contre seulement 72 % en 2021. Cette tendance est la conséquence de l’inflation qui touche particulièrement la viande de porc accélérant un report sur des découpes de poulet moins chères.
Par origine, le Brésil, malgré la baisse de ses exports de poulet vers la Chine (-5 %), a augmenté celles des ailes et pattes (+ 5 %). D’autres pays ont pu renforcer leurs échanges avec la Chine, dans un contexte géopolitique et sanitaire tendu, à l’image de la Russie (+ 15%), la Biélorussie (+ 126%) et la Turquie (+ 210%).
En génétique, les importations chinoises en parentaux ont connu une baisse de -47 % sur 9 mois 2022. Après la baisse enregistrée depuis le début d’année en provenance de la Nouvelle-Zélande (- 82 %), c’est en provenance des États-Unis que les importations commencent à chuter sur le 3ème trimestre 2022 (- 80 %) sur le fond de la grippe aviaire. Cela aurait des conséquences majeures sur la production chinoise de poulet en 2023 avec un rebond potentiel des importations.

Zhengbang Group en phase de restructuration
L’entreprise Zhengbang Technology, un des plus grands acteurs de la production porcine en Chine, a déclaré être en restructuration suite à de mauvais résultats financiers. La chute des prix du porc en 2021 accompagnée de la flambée des coûts de production, le tout dans un contexte perturbé par la Covid-19, a entrainé d’importants problèmes de trésorerie, nécessitant même l’intervention du gouvernement chinois.
En 2021, Zhengbang a abattu plus de 15 millions de porc et représentait le futur de la production porcine nationale avec une organisation intégrée en pleine modernisation. Cette situation pourrait avoir un impact sur les fournisseurs (entreprises de génétique porcine par exemple), et les différents clients de la filiale.
Les importations chinoises de beurre reprennent
La consommation de beurre en Chine augmente fortement chaque année, ce qui se traduit par des importations toujours plus fortes. En 2021, l’empire du Milieu a importé près de 130 000 tonnes de beurre, soit environ un tiers des fabrications françaises.
Au premier semestre 2022, les importations de beurre avaient reculé par rapport à 2021 (-7,5% sur janv-juin), suivant la même tendance que les autres produits laitiers. Toutefois, la baisse des prix du beurre en Nouvelle-Zélande en juillet a permis aux échanges de s’intensifier. L’écart de volumes par rapport à 2021 s’est atténué sur les mois d’été et ressort positif au mois de septembre (+1% sur les 9 mois /2021). Les importations depuis la Nouvelle-Zélande sont en hausse de +9% au détriment de plusieurs pays européens et de l’Australie.

La flambée des prix continue en Chine
En octobre, les prix du porc à la production ont poursuivi leur hausse en Chine et atteignent en moyenne mensuelle 26.6 Yuan RMB/kg (+13,5% en un mois). En un an, les cours ont grimpé de 104%. Les différentes interventions du gouvernement ne suffisent pas à enrayer l’inflation, et les autorités pointent des mouvements de spéculation de la part des éleveurs qui limiteraient les livraisons de leurs porcs à l’abattoir afin de faire grimper les prix et de compenser les pertes financières subies en début d’année. La production de porc réalisée de janvier à septembre reste tout de même bien supérieure à 2021 (+6% environ).
Matières premières : les premiers constats après le 20ème Congrès national du PCC
Mi-octobre se tenait le 20ème congrès national du Parti Communiste Chinois annonçant les nouvelles orientations politiques pour les cinq années à venir. Xi Jinping a été réélu mais il semble sous pression à la suite de la gestion difficile de la crise Covid et de la situation économique et sociale du pays. Les cinq dernières années ont été révélatrices de la fragilité économique chinoise et de sa vulnérabilité (bulle immobilière, gestion de la FPA et de la crise Covid). Lors de ce nouveau congrès l’accent a été porté sur la sécurisation de l’autonomie chinoise.
Vers une réduction de dépendance
La Chine a vu dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie un nouvel allié de circonstance susceptible de réduire sa dépendance à l’Union européenne et aux Etats-Unis. Avec ses réserves de céréales et d’oléo-protéagineux, la Russie pourrait être un partenaire commercial de choix. Pour autant, les prix à l’exportation sont encore peu concurrentiels et la Chine se tourne plutôt vers l’Amérique latine pour ses achats. Pour réduire la dépendance à l’Occident, la puissance militaire a été réaffirmée particulièrement en mer de Chine et autour du détroit de Taïwan. Par son autonomie politique et sa relation avec les Etats-Unis, Taïwan représente une menace pour Pékin alors que le gros du trafic maritime transite par le détroit de Taïwan.

Un autre axe promu pour réduire la dépendance de la Chine est la promotion de la technologie et la recherche d’autosuffisance. Des fermes usines de porc ont été construites à la suite de la crise de la FPA pour répondre à la consommation nationale. Pour les matières premières, sur les 120 Mha de terres arables disponibles, des aides seront ciblées sur les investissements permettant d’accroître les rendements (machinisme, irrigation, sélection variétale, nouvelles technologies). Un effort particulier sera fait pour les zones rurales les plus enclavées et en retard.
Première estimation de la campagne 2022/2023
Même si l’été a été chaud et que les 2/3 du territoire sud ont vécu leur pire sécheresse depuis 10 ans, les productions sont au rendez-vous. La production 2022/2023 de maïs est en hausse de 1% ainsi que celle de blé. Cependant la consommation domestique est toujours supérieure à la production ce qui entraine une baisse des stocks de fin de campagne. Cette situation soutient les prix du maïs et du tourteau de soja. Les prix élevés de l’énergie restent une contrainte de taille en alimentation animale et en amidonnerie. 30% du maïs consommé en Chine est transformé en amidon. Les faibles marges incitent les industriels à réduire leur production. Le gouvernement chinois a par ailleurs restreint jusqu’à nouvel ordre les exportations d’amidon dans l’optique de limiter la consommation de maïs et de limiter la hausse des prix locaux.

L’inquiétude se porte principalement sur le riz, première céréale consommée. Sa production est en baisse de 2%. Même si le riz est une matière peu échangée, son manque peut provoquer une hausse des échanges des autres matières utilisées en alimentation humaine et animale.

La production d’aliment du bétail est en hausse de 5% en septembre comparativement à août, 25 Mt d’aliment ont été produits dont 10 Mt pour l’élevage porcin. Même si la production porcine est dynamique sur la période janvier-septembre 2022, elle reste en deçà des niveaux de 2021 (- 7%). La légère hausse du cheptel truie enregistrée en août (+0,6% en 1 mois) pourrait toutefois soutenir la production, sur l’année 2022 il reste tout de même en baisse de 4,8% par rapport à 2021. D’autre part tandis que l’amélioration des performances d’élevage et de l’efficacité alimentaire permettent de réduire lentement mais continuellement les besoins de matières premières
Le Brésil, un allié jusqu’à quand ?
Pour répondre à la demande nationale, la Chine est dans l’obligation d’importer des matières premières dont le soja et le maïs. Avec les tensions récurrentes à Taïwan, un décret a été signé entre les Etats-Unis et la Chine ne permettant à cette dernière d’importer que le strict nécessaire en soja (graine et tourteaux) en provenance des Etats-Unis. Par conséquent, les importations d’origine brésilienne ont augmenté. Des protocoles phytosanitaires ont été signés permettant au Brésil d’expédier plus tôt que prévu du soja et du maïs. Pour favoriser ces échanges des investissements ont d’ailleurs été réalisés par des compagnies chinoises dans le port de São Paulo.
Une menace persiste tout de même avec les élections dans le pays. Si Bolsonaro a par opportunisme économique favorisé les partenariats avec la Chine, qu’en serait-il de Lula, deuxième candidat à l’élection présidentielle, qui remet au centre de sa politique la sécurité alimentaire du pays et la protection des peuples amazoniens contre la déforestation et la culture de soja ? La géopolitique reste une clé majeure d’explication des échanges internationaux et du futur des partenariats chinois.
Quelle est la situation du secteur laitier chinois ?
La production de lait demeure dynamique cette année mais pourrait, elle aussi, être impactée par une météo estivale très chaude et des marges des éleveurs dégradées.
Les regards sont tournés vers les importations chinoises qui sont en net repli cette année 2022. Quelles sont les perspectives de demande ?
Production laitière toujours croissante
La production de lait en Chine est très dynamique selon les statistiques nationales. En hausse de +9% l’an passé, elle afficherait une croissance de +5% /2021 sur la période janvier-juillet 2022 selon BOABC. Les statistiques nationales seraient plus optimistes avec une hausse de +8,4% sur le premier semestre selon NBS. Cette croissance serait due à un cheptel plus important et de meilleurs rendements.
Toutefois, les conditions climatiques de l’été ont également été particulièrement chaudes et sèches, ce qui peut avoir touché la production de lait comme de fourrages.

Les prix du lait en Chine enregistrent une baisse depuis le début de l’année civile qui peut s’expliquer par la hausse de la production locale et par une demande intérieure plus faible due au covid-19 et notamment aux confinements dans les grandes villes.
Toutefois, sur la fin du mois d’août dernier, les prix du lait ont légèrement augmenté, d’1 cent de RMB/kg de lait. Si ce changement de tendance doit être consolidé dans les semaines à venir, cette augmentation pourrait être juste saisonnière ou signifier soit une reprise de la demande intérieure et serait donc une incitation à la production, soit un indicateur de baisse des volumes de lait. Quoi qu’il en soit, si la hausse des prix est durable, elle sera la bienvenue pour les éleveurs qui souffrent en Chine également de couts de production élevés, notamment coût d’alimentation (tourteau de soja).

Si la hausse du prix se poursuivait et sous réserve d’une météo favorable, la production laitière pourrait donc poursuivre sa croissance dans l’empire du Milieu. Rabobank l’estime à +5% au second semestre 2022 si les marges des éleveurs ne sont pas écrasées davantage.

Malgré l’accroissement des volumes de lait, les fabrications de produits laitiers n’auraient progressé que de +1% sur le premier semestre 2022 /2021. En effet, les mois de mars et avril sont ressortis en retrait par rapport à l’an dernier. Cela serait dû à des difficultés logistiques et de main d’œuvre à la suite des confinements stricts imposés face au covid-19 et. Le recul de la production en juillet et août pourrait découler de la météo estivale défavorables et des marges dégradées.
Importations en net retrait
Les importations d’ingrédients laitiers sont inférieures à l’an passé. La hausse de la collecte intérieure, les difficultés logistiques mondiales et les moindres disponibilités chez les exportateurs conduisent à un repli des importations de lait liquides, de -26% /2021 de janvier à juillet, principalement en provenance d’Allemagne et de Nouvelle-Zélande. Les importations de matières grasses, crème (-9,5%) et de beurre (-2%), résistent mieux. Seules les importations de lait infantiles se rétablissent et dépassent légèrement (+3% sur janvier août leur niveau de 2021.

Les exportateurs de poudres maigres et grasses ne sont pas touchés de la même manière. En poudres grasses, la Nouvelle-Zélande qui fournit 90% des importations chinoises, a réduit de 111 000 t, soit -18%, ses livraisons à 510 000 t sur la période janvier-aout. Au vu de l’importance du volume en moins qui s’ajoute à des baisses de demande notamment du Sri Lanka, la Nouvelle-Zélande n’a pas pu substituer ces tonnages et les exportations sont en baisse de -18% sur la même période. La moindre demande a entrainé une chute des prix des poudres grasses en Nouvelle-Zélande, au point de devenir mois chères que la poudre maigre.
Sur la poudre maigre, les parts de marché sont mieux réparties mais la Nouvelle-Zélande fournit tout de même 40% des importations chinoises. Malgré le recul des ventes Chine, la Nouvelle-Zélande a su trouver de nouveaux marchés en Asie du Sud Est où ses exports sont en hausse de +4% sur janvier-août /2021. Pour les États-Unis, la Chine représente seulement 6% de leurs envois, ce qui est modeste et influe peu. En revanche, la compétition entre la Nouvelle-Zélande et les États-Unis a des répercussions sur les prix, qui ont d’ailleurs baissé dans ces deux bassins. Enfin en Europe, la moindre demande de la Chine s’accompagne d’une moindre offre, ce qui a un impact relativement modéré sur les prix.

Pourquoi la Chine importe-elle moins ?
Si la baisse de la demande chinoise est relativement importante d’une année sur l’autre, cela tient aux importations exceptionnellement élevées en 2021. Les volumes importés en 2022 sont assez proches de ceux de 2020.
En 2021, Les importations supplémentaires avaient surtout étoffé les stocks comme le montre le graphique ci-dessous. La moindre présence aux achats cette année permet donc de déstocker. Au vu des prix élevés de la poudre maigre et des stocks encore relativement élevés, les acheteurs chinois peuvent encore patienter.

Pour autant, toujours selon les chiffres de BOABC, la consommation domestique semble marquer le pas ces derniers mois. La demande chute sous la courbe de tendance en mars au moment du confinements de grandes villes comme durant la première période de confinement au début 2020. Une partie de la poudre maigre est utilisée dans les restaurants, qui peinent à retrouver leur clientèle même quand les confinements sont levés dans les villes.

Dans ce contexte, il parait encore trop optimiste d’envisager un rebond des importations de poudres de lait d’ici la fin d’année 2022.
Importations chinoises en hausse depuis le Brésil en 2022, avant une probable baisse généralisée en 2023
Selon le dernier rapport d’Abrafrigo (Associação Brasileira de Frigoríficos – Association brésilienne des abattoirs) et d’après les Douanes, les exportations brésiliennes de viande bovine vers la Chine de janvier à août ont atteint 790 000 tonnes (+31% /2021) et 5,32 milliards US$ (+70%). En volume, la Chine a ainsi capté 52% des exportations brésiliennes et même plus de 60% en valeur.
Tous les exportateurs ne connaissent pas la même évolution alors que les difficultés économiques combinées à la détermination du gouvernement chinois à maintenir sa politique de tolérance zéro face au Covid-19 pèsent de plus en plus en Chine. Cette situation devrait contribuer à une baisse marquée des importations chinoises en 2023, estimées à -20%. La consommation domestique atteindrait 9,9 millions de tonnes (-3% /2022) et les importations 2,5 millions de tonnes (contre 3,1 millions de tonnes attendues en 2022).