L’importance de l’accord négocié entre la Chine et la France est ravivé

La pression sanitaire liée à l’épidémie de fièvre porcine africaine s’accentue le long de la frontière française, avec la découverte de porcs contaminés dans un élevage allemand à moins de 7 km de la France. Un accord de régionalisation avec les autorités chinoises avait été conclu fin 2021. Il garantit aux acteurs de la filière porcine la non-imposition d’un embargo total sur les produits porcins destinés à l’export vers la Chine si un cas de FPA était retrouvé en France.

Suite de la dynamique haussière

Les prix du maïs et du tourteau de soja continuent leur hausse pour le 5ème mois consécutif. Le premier était coté à 2,94 CNY/kg en avril (+1%/mars) et le deuxième à 4,73 CNY/kg (+1%/mars). Le prix des aliments composés pour porcs charcutiers suit la même évolution avec une hausse de +6% sur un an. La situation ne semble pas s’améliorer au vu de la situation géopolitique (absence d’export depuis l’Ukraine) même si la production mondiale 2022/2023 de soja est estimée supérieure à l’ancienne campagne (+11%) grâce aux USA et à l’Amérique Latine.

La route vers l’autosuffisance ?

« Les bols de riz du peuple chinois doivent être remplis de céréales chinoises » annonçait le président XI Jinping le 5 mars 2022. Le 14ème plan quinquennal est porté vers l’autosuffisance. La Chine doit nourrir 20% de la population mondiale avec seulement 7% des terres arables mondiales. D’ici 2035, l’urbanisation pourrait progresser de 70%. Les objectifs du plan sont de sécuriser l’approvisionnement alimentaire international, dépendant des conflits actuels, et d’augmenter la production nationale en modernisant la production. Par exemple en 2021, la culture nationale de soja répondait à seulement 10% de la consommation nationale.  

Marchés laitiers : Logistique perturbée et demande chinoise en baisse

Les importations chinoises du mois de mars ont été publiées et celles-ci, sans surprise, ressortent en baisse. Cette tendance s’observait déjà sur les deux premiers mois de l’année, sauf pour la poudre grasse mais la politique zéro-covid a fortement perturbé la logistique maritime.

En effet, le port de Shanghai tourne au ralenti. Le personnel sur place est confiné sur le lieu de travail afin de maintenir l’ouverture du port. Toutefois, les rotations des camions sont difficiles au vu de restrictions de confinement imposées aux chauffeurs. Dans ce contexte, le port est congestionné et près de 700 bateaux seraient en attente au large, soit plus du double de l’an dernier pourtant déjà un pic selon VesselsValue.

Ensemble des cargos positionnés devant le port de Shanghai

Source : Marine Traffic – Ensemble des cargos positionnés devant le port de Shanghai

Dans ce contexte, les containers sont immobilisés et donc non disponibles pour d’autres trajets. Le nombre de containers frigo est plus restreint et donc plus sensible encore. De plus, quand un bateau part vers la Chine, le temps de déchargement est inconnu. Outre les frais de fonctionnement importants et le coût énergétique de maintien de la température, certains produits laitiers ont des délais de consommation courts (certains fromages par exemple). Les exportateurs vont certainement se montrer prudents dans les mois à venir et réduire les envois au profit des poudres.

Tous les exportateurs ne sont pas égaux face à cette situation. En effet, les exportateurs européens pourront toujours satisfaire en premier le marché intérieur où la demande reste forte et les stocks quasi-inexistants dans un contexte de baisse de la collecte. En revanche, les exportateurs néo-zélandais ne pourront se tourner vers leur marché intérieur et leur dépendance vis-à-vis du marché chinois est particulièrement conséquente.

Par ailleurs, le confinement de certaines grandes villes chinoises réduit les opportunités de consommation de produits laitiers. Cette demande est donc détruite et cela pourrait finir par peser alors que les confinements n’en finissent pas.

Les importations de laits liquides ont baissé de -15% /2021 sur janv-mars 2022. Les envois de l’Allemagne et de l’Australie se maintiennent mais ceux de la Nouvelle-Zélande ont chuté de -23%.

Les importations de fromages ont chuté de -20% sur les trois premiers mois de l’année (-30% en provenance de Nouvelle-Zélande). Les disponibilités néo-zélandaises sont certes moins fortes que l’an passé en raison d’une baisse de la collecte, mais celles-ci sont également perturbées par une moindre main d’œuvre (hausse des infections au Covid-19 sur cette période).

Dans ce contexte, seules les importations de poudres de lait entier semblent se démarquer avec 359 000 t en cumul contre 326 000 t l’an passé. Toutefois dans le détail, la hausse a été faite en janv-fev 22/21 (+24%) tandis que celles en mars (-31%) sont tout autant touchées que les autres. La demande se maintient pour le moment car la consommation de poudres grasses est importante en Chine pour les industries notamment du secteur de la boulangerie-pâtisserie (qui risque, toutefois, d’être impacté par les confinements) mais aussi en raison d’un prix relatif de La poudre de lait entier en Nouvelle-Zélande moins cher que celui de la poudre maigre combinée à la matière grasse (crème/beurre).

La demande en viande bovine est restée forte en Chine, mais le rythme des importations ralentit

La demande en viande bovine est restée forte en Chine, malgré la baisse des prix de la viande porcine. Le rythme des importations ralentit mais les volumes ont néanmoins atteint un nouveau record.

Une production et une consommation en progression

L’offre nationale de viande bovine en Chine s’est accrue en 2021 de +3,7% /2020, pour atteindre un nouveau record à près de 7 millions de téc.

Les prix des animaux gras sont demeurés sur un plateau élevé à plus de 36 RMB/kg (4,7 €/kg vif en moyenne sur l’année 2021), mais les cours sont repassés au 4ème trimestre sous ceux de 2020, signe d’une relative stabilisation entre offre et demande. L’offre de bovins vivants demeure cependant limitée par la poursuite de la chute de l’importation en contrebande d’animaux d’Asie du Sud-Est (en provenance de Myanmar, du Vietnam et du Laos), entamée en 2019 conséquence d’un renforcement des contrôles chinois aux frontières. Ces prix élevés motivent les éleveurs à étoffer leur cheptel. Le cheptel bovin chinois, très majoritairement allaitant, aurait progressé de plus de 4% /2020, pour dépasser les 95 millions de têtes d’après l’USDA.

Ces prix élevés s’expliquent par une demande en viande bovine toujours forte. Après avoir bénéficié de la baisse d’offre en porc en 2019 et en 2020, la consommation de viande bovine est restée dynamique en 2021, malgré le rebond de la production porcine et la baisse des cours du porc. Les cours de la viande bovine ont légèrement progressé (+3% /2020) et ont signé un nouveau record historique à 86,5 RMB/kg (11,3 €/kg) en moyenne.

La corrélation entre les prix des viandes bovine et porcine, qui avait prévalu en 2018-2019, ne s’est pas poursuivie en 2020 et 2021, les prix du bœuf poursuivant leur hausse lors de la chute des prix du porc. Les ventes au détail de viande bovine semblent constituer une base solide, ce qui les rend de plus en plus indépendantes de l’équilibre offre/demande en porc.

La pandémie de Covid-19 a en effet déclenché une consommation accrue de viande bovine à domicile. En raison du développement rapide du commerce électronique, qui a également bénéficié des blocages liés au Covid-19 en 2020, les consommateurs ont commencé à cuisiner des steaks et des hot-pot à domicile, alors que ces plats étaient traditionnellement consommés en RHD (Restauration hors domicile) avant le Covid-19. En conséquence, les volumes vendus sur les marchés de gros ont commencé à se réduire. Avec la normalisation de la vie post-Covid, ces habitudes ont perduré et les ventes de viande bovine via les supermarchés et le commerce électronique ont augmenté.

Les importations atteignent un nouveau record malgré des freins sanitaires et politiques

La hausse de la production n’a pas suffi à satisfaire la demande chinoise, qui repose en partie sur les importations. Si celles-ci ont établi un nouveau record en 2021, le rythme de croissance a fortement ralenti. Elles ont atteint, en seule Chine continentale, près de 2,9 millions de téc (+9% /2020) confortant la place du pays comme 1er importateur mondial de viande bovine. Dans le même temps, les importations via Hong-Kong ont chuté de -26%, à 366 000 téc. Au total , les deux entités cumulées, des achats atteignent un nouveau record,  près de 3,28 millions téc (+4% /2020). La réorientation des flux de Hong-Kong vers la Chine continentale se poursuit donc. L’essentiel des volumes importés est composé de viande congelée désossée (83% du total). Les volumes de viande réfrigérée sont restés globalement stables, à près de 81 000 téc, mais ont progressé rapidement en Chine continentale (+10%) parallèlement à un reflux à Hong-Kong.

Les importations en Chine continentale restent très dépendantes d’un nombre limité de fournisseurs : 94% des volumes proviennent des 6 pays. L’Amérique du Sud représente à elle seule près des ¾ des volumes. Les volumes ont stagné en 2021 en provenance du Brésil (conséquence de l’embargo mis en place par les autorités chinoises à la suite de la découverte de cas d’ESB dans le cheptel brésilien). Il demeure cependant le principal fournisseur de l’empire du Milieu avec 1,1 million de téc (38% des importations). Les volumes en provenance d’Argentine, deuxième fournisseur, ont reculé de -6% à 570 000 téc, compte tenu des restrictions aux exportations mises en place par le gouvernement argentin. Ceux en provenance d’Uruguay, devenu le 3ème fournisseur, ont bondi de +55%, à 416 000 téc.

Les abattoirs australiens ont en 2021 de nouveau subi les mesures de rétorsion économique prises par la Chine à la suite de la décision du Gouvernement australien de soutenir la demande étatsunienne à l’OMS d’une enquête en Chine sur les origines du Covid-19. Sept établissements australiens ont ainsi été interdits d’exporter en Chine officiellement pour des raisons techniques ou administratives et deux autres pour des cas de Covid-19 détectés parmi le personnel. Après avoir déjà reculé de -17% en 2020 en Chine continentale, les volumes en provenance d’Australie ont chuté de -36% en 2021 pour atteindre seulement 201 000 téc (-48% entre 2019 et 2021). Longtemps le premier fournisseur de viande bovine en Chine, l’Australie est tombée à la 5ème place, devancée par la Nouvelle-Zélande dont les volumes ont rebondi en 2021 à 245 000 téc (+19%/2020).

Le recul australien profite aux États-Unis

Les déboires de l’Australie ont également profité à la viande étatsunienne dont les volumes importés en Chine continentale ont été multipliés par 5 d’une année sur l’autre, à plus de 183 000 téc et représentent désormais 6% des importations. Même si les volumes entrant à Hong-Kong ont diminué de 40%, les exportateurs étatsuniens ont quand même doublé leurs exportations vers le marché chinois dans son ensemble. Cette forte hausse des flux peut s’expliquer d’une part par l’accord commercial signé en janvier 2020 avec la Chine, prévoyant d’importants achats chinois de produits agricoles étatsuniens. Et d’autre part à la structuration de la filière étatsunienne organisée pour répondre aux demandes spécifiques du marché chinois.

Les volumes en provenance de l’Union européenne ont été divisés par 4 à 3 500 téc. L’Irlande, qui était le premier fournisseur européen, subit depuis mai 2020 un embargo chinois, à la suite de l’annonce d’un cas d’ESB dans le pays et n’a donc pu exporter de viande en 2021. Les principaux fournisseurs sont maintenant la Hongrie (1 100 téc en 2021) et la Lituanie (1 000 téc) devant la France (800 téc) dont les volumes ont reculé d’1/3 entre 2020 et 2021.

Enfin, il ne faut pas oublier les flux gris en provenance d’Inde, estimés à moins de 100 000 téc en 2021. Ceux-ci ont été fortement réduits via le Vietnam et vers Hong-Kong.

La consommation de viande bovine par habitant est estimée à 7,3 kgéc en 2021, dont un tiers est couvert par les importations.

Des importations stables ou en baisse en 2022 ?

En 2022, les importations chinoises pourraient marquer le pas. D’une part, les restrictions aux importations de viande brésilienne, qui n’ont été levées qu’en décembre 2021, pourraient affecter la réception de volumes début 2022. En outre, les mesures à l’encontre des viandes australienne et irlandaise sont toujours en place en ce premier semestre 2022. D’autre part, les confinements dans de nombreuses villes chinoises, dont Shanghai, devraient freiner les flux d’importation et ce pour plusieurs mois, compte tenu de la disponibilité limitée à venir des containers.

Suspension de plusieurs abattoirs brésiliens

La Chine a importé 594 000 tonnes de viande en mars (-42% /2020). Sur le premier trimestre, les importations s’élevaient à 1,7 millions de tonnes (-37%). Les données préliminaires ne donnent pas de détails sur la répartition des importations entre les différents types de viande. Si cette forte baisse s’explique probablement par une chute des importations de viande de porc suite au redressement de la production post FPA, la pandémie de Covid-19 pèse fortement. En effet, depuis plusieurs semaines, le coronavirus perturbe le marché chinois à deux niveaux, celui de la consommation domestique et celui de l’import. Les suspensions temporaires d’importations (généralement d’une semaine) depuis certains abattoirs se multiplient. Le 8 avril dernier au Brésil, l’Administration générale des douanes chinoises a suspendu les importations depuis deux abattoirs de viande bovine et un abattoir de volaille après la découverte de traces du variant delta du coronavirus sur des emballages de lots de produits surgelés envoyés en Chine. Cette suspension temporaire concernait notamment l’abattoir bovin de JBS de Goiana (Goias) et celui de Marfrig de Tangara da Serra (Mato Grosso). Le 16 avril, les douanes chinoises suspendait pour les mêmes raisons les importations de trois exportateurs brésiliens de viande bovine : JBS, Marfrig et Naturafrig. Cette décision concernait quatre abattoirs situés dans les états du Mato Grosso (JBS à Barra do Garcas et Marfrig à Varzea Grande) et de São Paulo (Marfrig à Promissao et Naturafrig à Pirapozinho). Des suspensions similaires se sont multipliées récemment, comme depuis l’Australie, perturbant le commerce de viande bovine vers la Chine.

14ème plan quinquennal : des interrogations sur les productions animales

Le 14ème plan quinquennal pour les productions animales affiche des objectifs relativement conservateurs pour la période 2021-2025 avec un objectif minimal de 89 millions de téc de viandes produites en 2025. Si ce chiffre peut apparaître comme une forte augmentation par rapport aux 76,4 téc enregistré en 2020, il n’est cependant que légèrement supérieur au pic de production de viande de la Chine en 2014. Ce chiffre sous-entendrait une stagnation de la production de viande en 10 ans. Les auteurs du document s’inquiètent de l’approvisionnement en maïs et autres céréales fourragères ainsi que de la dépendance à l’égard des importations de soja et de luzerne.

Ainsi, alors que la production de viande porcine aurait atteint près de 53 millions de tonnes en 2021 (+28%/2020) selon les statistiques chinoises, le plan mentionne une production de 55 millions de tonnes en 2025, soit moins que pendant la période 2013-2015 (moyenne de 57 millions de tonnes). L’orientation est la même pour la viande bovine. Alors qu’en 2021, le ministère de l’agriculture prévoyait que la production de bœuf atteindrait 8 millions de téc d’ici 2030, l’objectif du nouveau plan pour la production de bœuf est de 6,8 millions de téc au minimum d’ici 2025, soit moins que la production annoncée en 2021 (6,9 millions de téc)…

D’un autre côté, un paragraphe du plan quinquennal est consacré aux « aliments du futur » et mentionne notamment la viande de culture cellulaire et la protéine recombinante… La présence de ces produits dans ce document signifie que des efforts de recherche seront entrepris pour développer ces nouveaux aliments.

Dans un discours en mars, le président Xi Jinping a mentionné qu’« outre les productions traditionnelles issues du bétail et de l’aviculture, nous devrions étendre l’utilisation des ressources biologiques. En développant les sciences biologiques, la biotechnologie et les bio-industries, nous pouvons obtenir des calories et des protéines à partir de plantes, d’animaux et de micro-organismes. » Le président chinois est l’un des rares dirigeants dans le monde à avoir publiquement adopté les protéines alternatives comme une priorité stratégique importante pour le développement.

Dans sa quête d’une sécurité alimentaire rimant avec la plus grande autosuffisance possible, la Chine semble donc miser non seulement sur les OGM mais également sur les aliments synthétiques.

Le déficit commercial agricole chinois atteint un nouveau record

En 2021, les importations agricoles et agroalimentaires chinoises ont fortement progressé pour atteindre près de 220 milliards de dollars (+29%/2020). Cette accélération des importations s’explique d’une part par l’augmentation des importations de grains, accentuée par la hausse des prix sur le marché international.

Les achats de maïs ont été multiplié par 2,5 en volume, à 28 millions de tonnes, mais par 3,2 en valeur, pour dépasser les 8 milliards de dollars. Les importations de sorgo ont doublé et celles d’orge ont progressé de 50%. Si les importations de soja ont reculé de 3% en volume, leur valeur a bondi de 35%, à 53 milliards de dollars.

L’autre facteur à prendre en compte est l’accord commercial sino-étatsunien signé en janvier 2020 qui engageait la Chine à acheter 36,5 milliards de dollars de produits agricoles et alimentaire étatsuniens en 2020 et 43,5 milliards en 2021. Après avoir largement raté l’objectif en 2020 (23,7 milliards de dollars), la Chine a fortement augmenté des achats en provenance des Etats-Unis en 2021, 38,9 milliards de dollars. Alors que les exportations chinoises n’ont progressé que de 11% en valeur, le déficit commercial agricole chinois a donc atteint le record historique de 135 milliards de dollars.

Matières premières : la Chine également impactée par le conflit ukrainien

La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine le 24  février a désorganisé les marchés des grains et les échanges mondiaux. La Chine est aussi impactée par ce contexte géopolitique, tant au niveau de ses approvisionnements en grains que sur les prix sur son marché national. 

Impacts directs du conflit russo-ukrainien

L’Ukraine et la Russie sont deux grands producteurs et exportateurs de matières premières agricoles notamment de blé, de maïs et de tournesol. Depuis l’éclatement du conflit les opposant, les exportations par voie maritime sont à l’arrêt. Certaines marchandises transitent encore par voie terrestre, mais ce moyen est bien plus cher que par voie maritime. Le commerce par la mer d’Azov et la mer Noire ne reprendra pas dans les prochains mois, en cause la destruction des infrastructures portuaires et le minage de l’espace maritime.

En 2021, l’Ukraine avait exporté 24,6 Mt de maïs dont 32% étaient destinés à la Chine. Au sein des importations chinoises, l’Ukraine représentait, en 2021, 30% des origines d’importation. La dépendance au maïs ukrainien est notable, aujourd’hui la Chine doit se tourner vers d’autres fournisseurs comme les Etats-Unis et le Brésil. Fin avril, elle a d’ailleurs encore acheté 1,35 Mt de maïs dont 735 000 t de l’ancienne récolte. En 2021, la Chine aura importé 28,39 Mt de maïs.

La dépendance chinoise aux matières ukrainiennes se porte aussi sur le tourteau de tournesol. L’Ukraine est le principal producteur de tourteau de tournesol HighPro (plus riche en protéine) et fournit plus de la moitié du marché mondial. En 2021, elle a expédié 2 Mt à la Chine, soit 32% de ses exportations totales et 88% des importation chinoises de tourteau de tournesol. Les origines alternatives pourraient être l’Argentine ou l’Union européenne mais avec un coup logistique beaucoup plus important.

Des prix records pour le maïs et le soja

Depuis plusieurs mois, les prix du maïs et du tourteau de soja ne cessent de croitre. Cette dynamique est d’une part due à des fondamentaux tendus, les récoltes nationales et mondiales n’ont pas été au rendez-vous et les cours, fortement soutenus par l’importation, atteignent des niveaux records. D’autre part, le contexte géopolitique favorise l’incertitude et la volatilité des prix.

Sur un an, le prix de l’aliment pour porc à l’engraissement a augmenté de 8%, impactant directement les coûts de production des élevages chinois. Ce surcoût ne pourra être absorbé par toutes les structures, d’autant plus que cette dynamique semble s’intégrer dans le temps. Les petites structures souffriront le plus de cette situation.

Le retour du covid

Les cas de Covid positif se multiplient en Chine, impactant directement le commerce. En effet, avec la politique zéro-covid, plusieurs grandes villes ont été remises sous cloche. C’est notamment le cas de Shangaï et de son port. Les bateaux, vraquiers et porte-conteneurs, s’accumulent à l’entrée du port, cet engorgement limite la disponibilité en fret pour le commerce international et fait de nouveau flamber le prix du fret et les délais de livraison. La désorganisation des échanges internationaux pourra perdurer un certain temps et impacter directement l’économie chinoise et les prix des aliments du bétail et des matières premières.

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