Porc : La Chine relève ses taxes à l’import

La Chine semble pour l’instant avoir moins besoin des produits porcins issus de l’import. Le pays décidé de relever ses droits de douane à l’import : ils sont passés de 8 à 12% en début d’année. Ce taux touche l’ensemble des fournisseurs de la Chine mais les exportateurs américains resteront lourdement pénalisés, avec des droits de douanes s’élevant à 25% en moyenne, reliquat de la guerre diplomatico-commerciale entretenue avec la Chine sous la présidence Trump. 

La Chine a-t-elle accru ses stocks de produits laitiers en 2021 ?

La tendance des prix des ingrédients laitiers est fortement corrélée aux achats chinois depuis plusieurs années maintenant. La Chine absorbe le quart des échanges internationaux avec 22 millions de tonnes équivalent lait (TEL) sur les 88 M de TEL estimées par la FAO.

En 2021, les achats chinois ont encore progressé et réduit de presque autant l’offre mondiale pour d’autres pays importateurs dans un contexte de contraction de la ressource laitière chez les exportateurs en cette fin d’année.

Les opérateurs de la filière se demandent quelle en est la pérennité pour l’année à venir. L’ombre de 2014 plane. A l’époque, l’optimisme régnait au vu de la croissance rapide des besoins de l’empire du Milieu. La brusque pause des achats chinois et l’embargo russe combinés au dynamisme de la production laitière lors de la suppression des quotas laitiers en Europe en 2015, avait entrainé un fort déséquilibre entre l’offre et la demande mondiale et fait chuter les prix. Qu’en sera-t-il cette année ?

Forte hausse des importations de la Chine en 2021

La demande chinoise de produits laitiers a été particulièrement conséquente en 2021 malgré les difficultés logistiques à l’échelle mondiale. Les importations de matière grasse ont augmenté de près de +41% en crème et +13% en beurre. Les importations de poudre sont en hausse de +27% en poudre maigre et +32% en poudres grasses. Seule la demande en poudre de lait infantile a reculé de -22% sur 2021 /2020.

La Chine a ainsi asséché le marché mondial limitant les disponibilités pour les autres pays importateurs et a donc contribué à la hausse des prix mondiaux.

Au vu des difficultés logistiques à l’échelle mondiale, la Nouvelle-Zélande a su tirer parti de cette demande supplémentaire en passant des accords avec les transporteurs de containers internationaux. Ainsi, la dépendance de la Nouvelle-Zélande s’est, de fait, renforcée vis-à-vis du marché chinois qui a capté près de 51% des exportations totales de poudre de lait entier sur les onze premiers mois de 2021, contre 47% en 2020. De même en beurre, la part de marché de la Chine dans les exportations totales NZ est passée de 20% à 25% d’une année sur l’autre.

La demande en matière grasse explose

La consommation de beurre augmente en Chine notamment grâce au succès grandissant de la boulangerie et de la pâtisserie dans les grands centres urbains. La restauration hors domicile est également un poste de consommation.

La Nouvelle-Zélande, le premier exportateur de beurre mondial, et a fortement augmenté ses livraisons de beurre (+9% sur janv-nov 21 /2020) et de crème (+26%) vers la Chine tandis que ses exportations totales de beurre baissent. L’interdépendance des deux pays est importante car le beurre néo-zélandais représente 78 % des importations chinoises, et la crème made in New-Zeland environ la moitié des volumes.

La baisse de la collecte néo-zélandaise en deuxième partie de campagne 2021-2022, qui se termine en mai, se traduira nécessairement par une moindre fabrication de beurre. Il sera donc intéressant de voir si la Chine maintient son niveau d’achat en 2022 à des prix bien supérieurs. Si tel était le cas, cela priverait le marché mondial et notamment l’Australie, les Philippines, l’Arabie Saoudite ou encore la Russie pour ne citer que les plus gros importateurs de beurre NZ, conduisant nécessairement à des réajustements ou poursuite de la hausse des prix.

L’Union européenne est le deuxième fournisseur en beurre de la Chine, avec en tête la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. La progression de l’Irlande est importante car les volumes sont passés sur 11 mois de 600 t en 2020 à 1 940 t en 2021, ce volume devient supérieur à ceux de l’Allemagne.

Dans ce contexte de tension de l’offre à l’échelle mondiale, la forte demande du marché international permet de maintenir les prix sur des niveaux élevés. Les exports mensuels européens de beurre sont globalement stables, compris entre 15 et 20 000 t, sauf quelques exceptions durant le pic laitier. Toutefois, la saisonnalité est bien plus forte sur les exportations vers la Chine, qui comme le montre le graphique sont principalement faite au moment du pic laitier.

Les importations de poudres de lait ne sont pas en reste

Les importations de poudres grasses ont bondi de +32% sur la période de 2021/2020. Elles proviennent à près de 90 % de Nouvelle-Zélande et là aussi servent au secteur de la boulangerie/pâtisserie. Elles peuvent aussi être ajoutées à des boissons « santé » ou permettre d’augmenter la consommation de protéines animales.

Sur la poudre maigre, l’Océanie reste prédominante (près de 35 % de part de marché pour la Nouvelle-Zélande et 13 % pour l’Australie), suivie par l’UE-27 (environ 28%) et les Etats-Unis (près de 10%).

En effet, alors que les disponibilités aux Etats-Unis ne manquaient pas cette année, les volumes exportés vers la Chine ont doublé à plus de 44 000 t.

Dans l’UE, la saisonnalité du pic laitier reste visible dans les exportations surtout ceux de la France et l’Allemagne. Cette année, les volumes irlandais ont été légèrement décalés aux mois d’été.

Hausse des importations de fromages : effet de mode ou tendance long terme ?

Les importations de fromages ont augmenté de +36% en 2021/2020. Selon l’USDA, la consommation de fromages est de l’ordre de 0,2 kg/an/hab. soit très loin des standards européens de 18 kg/an/hab. Dans les régions laitières, certains habitants sont habitués à consommer du fromage fabriqué localement. La hausse de la consommation à l’échelle du pays se fait néanmoins sur de nouveaux modes de consommation. La Chine voit, elle aussi, la pizza gagner du terrain et augmente donc ses besoins en fromage type mozzarella. Les enfants sont aussi une nouvelle cible via des encas rapides à manger et souvent sucrés. Les fromages fondus sont ainsi privilégiés. Les fromages type parmesan (2100 t en 2021 en provenance d’Europe), gouda (4 300t) voire camembert (78 t) ou brie (105 tonnes UE) sont marginaux et approvisionnent le catering et quelques chaînes de la grande distribution, principalement à Shanghai.

Là aussi, la Nouvelle-Zélande reste prédominante mais l’UE-27 et les Etats-Unis sont également présents.

L’UE-27 a accru ses exportations de fromages, qui sont passées sur onze mois de 24 700 t en 2020 à 36 000 t en 2021. Cependant, cette progression n’a pas compensé le retrait du Royaume Uni, de -55 000 t sur la même période. Les exportations vers la Chine sont principalement des fromages frais dont de la mozzarella mais regroupent également des fromages à fondre ou râpé ainsi que des fromages à pâtes molles, demi-dures ou dures mais dans des quantités inférieures.

Les importations de fromages frais, dont la mozzarella, représentent en moyenne 66% des fromages états-uniens exportés vers la Chine. Les volumes de mozzarella sont en forte progression mais se réduisent durant le pic laitier malgré des fabrications assez stables autour de 170 000 tonnes mensuelles (cf graphique)

Mais les poudres infantiles sont délaissées

A l’inverse, les importations de poudre de lait infantile ont chuté preuve d’inflexion du comportement des parents chinois (-22% en 2021/2020). Certains se tournent vers des produits hauts de gamme et plus chers, comme des poudres issues de l’agriculture biologique, ou issues de lait d’autres animaux comme le lait de chèvre. D’autres privilégient désormais les laits infantiles fabriqués en Chine, d’autant que les fabricants nationaux ont d’avantage investi dans ces produits afin de compléter la gamme disponible. De plus, la règlementation chinoise a réduit le nombre de produits vendus pour une même marque et a imposé de nouvelles règles rendant plus long l’homologation des formules.

Dans ce contexte, les exportations européennes de poudre de lait infantile ont chuté de -24% /2020 vers la Chine.

Cette hausse est-elle liée à une augmentation de consommation ?

La question de la part consommée et de celle stockée est quasiment impossible à évaluer. Il est vrai que les tendances de consommation dans le pays demeurent globalement en hausse surtout en matière grasse liée à des changements de consommation. Le Covid-19 n’a pas dû changer fondamentalement la tendance, voire il a encouragé la consommation de produits laitiers. En effet, certaines publicités annoncent que ces produits permettent de mieux résister au Covid-19.

Par ailleurs, les problèmes logistiques provoqués par la crise sanitaire ont accru les délais de déchargement entrainant ainsi des concentrations de produits laitiers dans les ports ou en stockage flottant sur les bateaux. Cette incertitude quant à la livraison de la marchandise a pu provoquer des achats supplémentaires de précaution.

Dans ce contexte, il est probable que des stocks aient été faits. Au vu des prix mondiaux actuels, la Chine pourrait donc être moins présente durant l’année 2022 dans une certaine mesure.

Les chiffres d’importations au mois de décembre sont d’ailleurs décevants en volumes, ce qui pourrait n’être qu’un décalage vers le mois de janvier, ce qui sera à vérifier dans un mois. En effet, les contingents tarifaires à droits nuls de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie en début d’année, peuvent pousser certains acheteurs à attendre et ce d’autant plus que les prix sont élevés.

Quelle conjoncture pour 2022 ?

De nombreux opérateurs s’interrogent quant à un remake de 2014, année durant laquelle la demande chinoise et russe s’était brutalement repliée précipitant la chute des cours mondiaux des produits laitiers.

La première différence réside dans l’absence de dynamique laitière dans les principaux bassins excédentaires, en premier lieu dans l’UE. En 2015, la fin des quotas laitiers avait entrainé un fort rebond de la collecte européenne. Les voyants ne semblent pas au rendez-vous cette année pour que le scénario se reproduise. Outre la baisse de collecte plutôt structurelle chez les principaux pays producteurs européens, la conjoncture en termes de coûts de production n’incite pas à augmenter la collecte. Une baisse à court terme des prix de l’énergie et des intrants parait aujourd’hui peu probable.

Par ailleurs, la demande de l’Asie du Sud n’est pas non plus la même qu’en 2014. Celle-ci croît plus durablement avec moins d’à coup qu’en Chine et pourrait facilement s’intensifier dans les mois à venir si les cours mondiaux devenaient moins élevés.

Les marchés mondiaux des produits laitiers devraient demeurer fermes dans les prochains mois même en cas de moindres achats de la Chine, ce qui reste à confirmer. La principale force ou pouvoir de la Chine restant son imprévisibilité.

Matières premières : encore beaucoup d’incertitudes du côté chinois

Par Mathilde Le Boulch

Sur un fond de prix internationaux élevés, les importations chinoises ont atteint des records en maïs comme en soja durant la campagne 2020/2021. Même si la production porcine est estimée à la baisse en 2022 par l’USDA, la croissance dans les autres filières animales soutient la demande en alimentation animale.

Le maïs à des niveaux record

Malgré une récolte mondiale record de maïs de 1 122 Mt en 2020 selon l’USDA, l’augmentation de la consommation mondiale lors de la campagne précédente a entrainé le recul des stocks de près de -18 Mt (Chine exclue), expliquant en partie les prix internationaux élevés. En Chine, avec la reconstitution des cheptels (porcins et aviaires), la production d’aliment est en augmentation sur l’année 2021 : sur la période janvier-août, la production d’aliments a augmenté au global de 19%/2020 et de 63% rien que pour l’aliment porcin.

Sur la campagne 2020-21, la demande a donc été soutenue en Chine pour répondre au besoin de l’alimentation animale avec la reprise de l’élevage. Les importations se sont établies à 29,5 Mt (dont 66% en provenance des USA) contre 7,58 Mt lors de la campagne précédente.

Aussi, depuis mars, le prix du maïs chinois s’est stabilisé à son plus haut niveau historique, avoisinant les 3 000 yuan/t soit 460 $/t (+27% /2020). En novembre, malgré une incorporation plus significative de blé et de riz national dans l’alimentation animale, les prix du maïs chinois continuent leur augmentation. Le prix de l’aliment du bétail reste élevé.

Mais apaisement des tensions en vue

Sur la campagne actuelle 2021-22, malgré des retards de récoltes, les pronostics sont bons. L’USDA prévoit une récolte mondiale de 1 208,7 Mt soit 8% de plus que la campagne précédente. L’arrivée de ces volumes supplémentaires n’a pourtant pas détendu les prix tant la demande reste forte.

Du côté de la Chine, les voyants sont au vert pour la nouvelle récolte. Le CNGOIC (China National Grain & Oils Information Center) annonce une prévision de récolte de 273 Mt, soit 13 Mt de plus que lors de la campagne précédente. Le même CNGOIC a annoncé une prévision d’importations chinoises de maïs en baisse de sur cette nouvelle campagne (20 Mt, -35%).

Les records d’importation se poursuivent en soja

Du côté du soja, la demande chinoise est également très élevée. Sur la campagne septembre 2020-août 2021, la Chine aura importé 100 Mt de soja (+1%/2019-20). Avec 37% des graines provenant des USA, soit +20%/2019-20, les importations chinoises ont retrouvé leur niveau d’avant le conflit commercial de 2017 grâce à l’accord sino-US prévoyant une hausse des achats chinois de produits agricoles étasuniens et à l’élection de Biden. Toutefois, l’ouragan Ida, qui a touché la côte ouest des Etats-Unis, avait ralenti les exportations en septembre. En novembre elles sont reparties à la hausse à 8,57 Mt (+67,7 %/octobre 2021). Le prix du tourteau de soja sur le marché chinois est resté stable sur le troisième trimestre à 3 750 yuan/tonnes soit 580 $/t (+20%/2020).

Des indicateurs inquiétants

A ces fondamentaux, il faut ajouter les inquiétudes actuelles sur les indices macro-économiques. La reprise économique chinoise s’annonçait exponentielle, elle est aujourd’hui ralentie. La flambée des coûts de l’énergie a poussé le gouvernement chinois à réduire les cadences dans les usines. La production industrielle est donc ralentie. Dans le même temps, la possible faillite du géant de l’immobilier Evergrande laisse craindre une crise économique.

Par ailleurs, du côté sanitaire, le covid-19 continue là aussi de pénaliser l’économie. La politique zéro-covid chinoise entraine la fermeture régulière de ports de marchandises rendant ainsi plus difficile les échanges dans un contexte de logistique mondiale encombrée et de prix du fret particulièrement élevés.

Dans ce contexte particulièrement incertain en terme sanitaire, climatique et financier, les prévisions à court terme sont difficiles. Ces indicateurs macro favorisent l’insécurité et la volatilité des cours des matières premières.

Vers la fin de la crise de FPA ?

Par Elisa Husson et Jean-Marc Chaumet

En 2019 et en 2020, la Chine a beaucoup fait parler d’elle, le pays étant touché de plein fouet par la fièvre porcine africain (FPA) provoquant une hausse mondiale des cours du porc. Aujourd’hui, la situation économique dans le pays semble avoir bien changé malgré la persistance du virus dans les élevages.

Mauvaise rentabilité dans les élevages chinois

Depuis le début d’année, le prix du porc en Chine n’a cessé de dégringoler jusqu’à mi-octobre. Même pendant la fête de la lune et la fête nationale, la consommation de viande porcine n’a pas permis une hausse des cours du porc. En l’espace de quelques mois, le prix est passé de 36 yuans (6 €/kg) à environ 12 yuans (1,62 €/kg), un niveau deux fois plus faible que celui atteint en 2020 à la même époque.

Cette situation serait le résultat de nouvelles éclosions de la fièvre porcine africaine dans le pays qui ont entrainé une hausse des abattages dans le pays, d’un regain de l’offre locale (sans doute plus importante qu’anticipé), d’une demande en retrait et des effets des politiques gouvernementales qui justement cherchaient à limiter l’inflation et stabiliser les prix.

D’après les données officielles chinoises, la production porcine aurait progressé de +38% /2020 et de +23% /2019 sur les 9 premiers mois, mais serait également supérieurs aux niveaux de 2018 et 2017 (2%).

En 2019, les autorités chinoises poussaient la construction des fermes porcines pour reconstituer les stocks de porc dès que possible (importants programmes de subventions pour les élevages industriels, soutien aux importations de porcs reproducteurs) et ordonnaient aux fonctionnaires locaux d’encourager ce mouvement. Aujourd’hui, les mêmes autorités demandent de réduire les cheptels. Le ministère chinois de l‘agriculture estime que le secteur porcin a une capacité de production excédentaire d’environ 10 % et signale que le nombre de truies a diminué trois mois de suite depuis juillet. Un responsable du ministère a suggéré aux fermes d’abattre une truie à faible productivité sur dix dans le troupeau et d’abattre les porcs engraissés 10 jours plus tôt que prévu.

Le marché chinois du porc semble donc saturé. D’un côté l’offre des viandes autres que le porc a beaucoup progressé, encouragée dans un premier temps par les dirigeants chinois. Sur les 3 premiers trimestres, les statistiques officielles affichent des progressions de production de +5,3% /2020 pour la viande ovine, de +3,9% pour la viande bovine et de +3,8% pour la volaille. A ces volumes s’ajoutent les importations, également en hausse.

De l’autre, les voyages et la restauration sont limités à cause des mesures strictes liées à la politique zéro Covid réduisant la demande.

Sur le marché intérieur, les prix  ont dégringolé et sont maintenant souvent inférieurs aux coûts de production, surtout depuis la hausse mondiale du prix des matières premières. La rentabilité de bon nombre d’élevages est donc mise à mal, en particulier pour les 25 millions de petites structures. A la différence des grands complexes sortis de terre ces derniers mois, et également affectés par les bas prix, les élevages familiaux de petite taille ne bénéficient pas des subventions de l’Etat et du soutien des banques provinciales. Certains éleveurs seront ainsi contraints de cesser leur activité, et sont entrés en phase de décapitalisation de leur cheptel. Mais un certain nombre d’éleveurs ayant profité des prix élevés des deux dernières années veulent continuer à produire, espérant pouvoir tenir jusqu’à la remontée des cours.

Les grands élevages ne sont pas tous à l’abri et plusieurs projets auraient été abandonnés ces derniers mois.

La chute des prix est telle qu’elle met également à mal la rentabilité des grandes entreprises d’élevage et de transformation. Muyuan estime ainsi que son bénéfice pour les trois premiers trimestres serait en recul de près de 60%. Le troisième trimestre afficherait une perte comprise entre 500 millions à 1 milliard de RMB (70 à 140 millions €). Le cours des actions en bourse de cette société a perdu 40% de sa valeur entre février et octobre 2021. Le géant New Hope annonce une perte au 3ème trimestre entre 2,6 et 3 milliards de RMB (360 à 420 millions €). La perte la plus importante reviendrait à Zhengbang Technology, qui devrait perdre 5,5 à 6,5 milliards de yuans au troisième trimestre (770 millions à 900 millions €).

Le repeuplement du cheptel national sera donc dans un premier temps ralenti. En 2022, le nombre de truies reculerait de 5% /21et la La production de porc chuterait de -14% /21, sous l’effet de cette situation économique compliquée.

Depuis fin octobre, le prix du porc est légèrement reparti à la hausse. Cette remontée est en partie causée par les fortes pluies qui ont touché certaines régions et bloqué momentanément la commercialisation de porcs abattus, entrainant une remontée temporaire des cours.

Repli des importations chinoises

La demande chinoise en produits du porc est un gros point d’incertitude pour l’ensemble des fournisseurs mondiaux. Depuis plusieurs mois déjà les importations chinoises ont fortement reculé  : entre un record à 550 Mt en mars et un mois de juillet qui affiche des niveaux proches de 315 Mt. L’ensemble des fournisseurs mondiaux sont confrontés à cette baisse de la demande, mais aussi à des difficultés logistiques (dont la hausse des coûts de transport et le manque de main-d’œuvre), aux fermetures temporaires de certains ports en Chine en raison de l’épidémie de Covid-1- qui sévit toujours, etc.

Cette baisse récente des importations s’explique par la hausse de l’offre locale, mais surtout par la volonté du gouvernement de faire pression sur les prix mondiaux du porc. La valeur de l’export vers la Chine chute plus rapidement que les volumes ces derniers mois.

L’UE-27 a d’ailleurs été confrontée au déréférencement récent d’une vingtaine d’outils dans l’UE, et à une vague d’audits par les services chinois. Le véritable enjeu est de permettre aux filières nationales européennes de conserver l’ensemble des agréments vers la Chine. En effet, le marché européen se retrouve actuellement confronté à une importante offre locale, et le moindre volume ne trouvant pas débouché sur les destinations pays-tiers pèse sur les cours des porcs à la production. Dans un contexte de prix des matières premières élevés, la situation économique des éleveurs européens se dégrade fortement.

Un autre facteur pourrait également expliquer l’abaissement des achats chinois :  la consommation de porc par les citoyens et les changements des habitudes alimentaires favorisant le poulet, le bœuf ou d’autres sources de protéines animales. Ceci répond à une volonté du gouvernement d’être moins dépendant aux importations, et d’atteindre l’autosuffisance en protéines animales. Ce changement de paradigme aura une conséquence réelle sur l’évolution future des marchés mondiaux.

En conclusion, Le marché chinois sera dans un premier temps abondé par l’offre locale et aucun signe n’indique une reprise des achats de la Chine auprès de ses fournisseurs européens. Cette hausse de production sera cependant temporaire, avant de refluer du fait de la fermeture de nombreux élevages non soutenus par le gouvernement. La perte de production de ces élevages sera graduellement compensée par la production dans les entreprises modernes plus performantes.

En 2021, les importations chinoises pourraient ainsi rester équivalentes à 2020, voire légèrement en deçà en termes de volume, mais elles se feront assurément à un prix inférieur, le gouvernement ne souhaitant pas renouer avec l’inflation sur le porc connue ces dernières années. Au bout du tunnel vers l’été 2022, la décapitalisation des effectifs en cours en Chine conduira probablement à une reprises des importations mais ce, de manière provisoire, avant que la production des grands élevages ne prenne toute son ampleur.

Des importations chinoises de produits porcins toujours élevées début 2021

Par Elisa Husson

Début 2021, les exportations de viandes et coproduits vers la Chine sont restées élevées, avec près de 1,48 millions de tonnes sur le 1er trimestre, en hausse de 14% par rapport à 2020. Le regain des importations est particulièrement élevé au mois de février (+20%/2020), en hausse d’un mois sur l’autre, un phénomène plutôt inhabituel au lendemain des festivités du Nouvel An.

L’Espagne demeure en tête des fournisseurs de la Chine avec près du 1/3 des volumes, devant les États-Unis (15%) qui bénéficient notamment de l’accord signé en janvier 2020 avec la Chine. La France ne fournit que pour 5% des achats chinois, derrière le Canada et le Brésil. Mais au total, l’UE 27 contribue pour % des volumes à destination de la Chine.

Rebond des abattages, mais pas de la production

La progression des importations début 2021 est très certainement liée à la dégradation des conditions sanitaires dans les élevages chinois, et à un stockage préventif de produits du porc par le gouvernement. A la recrudescence des épidémies s’ajoute la hausse du prix des matières premières qui n’engage pas les éleveurs à poursuivre la production : certains ont abattu davantage de porcs et voire vendu leurs élevages. L’activité d’abattage a été intense en mars : avec une hausse de 6% du nombre de porcs abattus entre février et mars d’après un échantillon de 400 grandes entreprises et les petites structures les plus touchées par les épidémies et les plus fragiles face aux risques de marché, n’ont sûrement pas été les dernières à amener leurs animaux à l’abattoir. Sur le 1er trimestre, les données officielles montrent en effet une forte hausse de la production porcine (+32% /2020), entraînant une forte baisse des prix.

Mi-mai, les cours du porc et de la viande porcine se situent 30% sous leurs niveaux de mai 2020 et sont revenus proches de ceux d’août 2019, période de début de hausse des cours.

Par ailleurs, la reprise de la consommation intérieure est aussi un facteur qui stimule la demande de viande importée. Le secteur de la restauration hors domicile a progressivement réouvert ses portes. Les importations de la Chine, tirées en partie par les achats de l’État, se maintiendront sur ce rythme de croissance dans les prochains mois compte tenu du ralentissement de la production et de la reprise économique dans le pays.

Les analystes prévoient un rebond des cours du porc prochainement sur le marché intérieur, faute de disponibilités intérieures, ce qui stimulera d’autant plus les besoins à l’import.

La Fièvre Porcine Africaine place les autorités chinoises face à des dilemmes politiques

Apparue il y a 2 ans et demi dans le pays, la FPA (Fièvre porcine africaine) a montré aux décideurs chinoises l’impossibilité, en temps de crise, de poursuivre plusieurs objectifs politiques à la fois et donc mis en lumière la fragilité du système alimentaire chinois. Elle a en effet placé les autorités face au dilemme de choisir entre limiter l’inflation, conserver un niveau élevé d’autosuffisance en viande porcine et appliquer une nouvelle politique environnementale.

Tout d’abord, la chute de près de 40% du cheptel porcin en un peu plus d’un an et de plus de 21 % de la production nationale, d’après les données officielles, a entraîné une multiplication par plus de deux des prix de la viande sur les marchés à travers le pays. Or la viande porcine, emblématique de la cuisine chinoise, représentait près des deux tiers de la consommation de viande en Chine en 2018, avec près de 40 kg équivalent carcasse annuels. Elle occupe donc une place importante dans la vie des Chinois, dans le panier de la ménagère et conséquemment dans le calcul de l’indice des prix à la consommation. Elle pèserait 13% dans l’indice des prix à la consommation alimentaire et 3% dans l’indice total des prix à la consommation.

Comme la Chine ne craint plus l’apparition de famines sur son sol, les priorités de l’Etat central, dans le cadre de sa politique de sécurité alimentaire, se sont déplacés vers la lutte contre l’inflation, dans un objectif de stabilité sociale dans un pays où les contestations sont rarement autorisées.

Des importations qui accentuent la dépendance alimentaire chinoise

Pour tenter de juguler l’inflation et de satisfaire la demande des consommateurs, la Chine a procédé à des importations massives de viandes et de produits porcins, qui ont atteint des records historiques. : 5,7 millions de tonnes en 2020, soit une multiplication par 2,7 entre 2018 et 2020. La FPA a également été indirectement à l’origine d’une hausse de la consommation et d’importations d’autres viandes (volaille, bovine), creusant encore plus le déficit commercial agro-alimentaire chinois.

Mais les importations massives de viande ont mis à mal la relative autosuffisance en viande porcine. Si la sécurité alimentaire se traduit souvent en chinois par « sécurité des grains », la viande porcine fait partie des produits alimentaires au centre de la politique agricole du pays. Alors que le virus circule encore dans les exploitations chinoises, dépendre de l’étranger pour l’approvisionnement de la première viande consommée dans le pays est ainsi considéré comme une faiblesse, d’autant plus que cette situation peut s’avérer dangereuse sur un plan géoéconomique.

La seule solution à moyen terme est donc de restaurer l’autosuffisance de la Chine en porc. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement central chinois accentue la pression sur les autorités locales afin que celles-ci mettent en œuvre des plans de reconstitution du cheptel porcin. Ces actions se mettent en place au niveau local à travers des programmes de subventions et la facilitation de construction de nouvelles exploitations, notamment sur des terres normalement dévolues à des cultures de céréales.

Une politique environnementale revue

Afin de recouvrer au plus vite l’autosuffisance nationale, les autorités chinoises ont donc été contraintes de revenir, partiellement, sur leurs objectifs environnementaux décidés quelques années auparavant. En 2013, un rapport officiel pointait les déjections animales comme une nouvelle source de pollution devenue prépondérante. Elles seraient responsables de près de 60 % des rejets agricoles de phosphore et de près de 40 % de ceux d’azote. Les exploitations de grande taille sont montrées du doigt pour leur forte contribution à ce phénomène. Une des mesures phares prise alors dans la lutte contre les pollutions d’origine animales a consisté à délimiter des zones sans élevage qui englobent des périmètres habités et/ou des zones de captage d’eau potable et/ou des zones environnementalement fragiles et/ou des zones touristiques. En décembre 2017, 630 000 km² de zones interdites étaient répertoriées à l’échelle nationale, soit une superficie supérieure à celle de la France continentale, et plus de 200 000 élevages ont été fermés ou déplacés. Cette mesure a été complétée par une taxe sur les pollutions environnementales qui vise les pollutions de l’air, de l’eau et du sol.

Ainsi, après avoir limité l’élevage dans de nombreuses zones considérées comme vulnérables et déplacé une partie de la production porcine, les consignes de Pékin ont été de faciliter la création d’exploitations partout où cela était nécessaire, quitte à oublier ces nouvelles règles environnementales. En mars 2020, le ministère chinois de l’Environnement a ainsi simplifié les exigences d’enregistrement environnemental pour l’industrie de l’élevage porcin et assoupli l’interdiction d’élevage porcin dans 14 000 zones auparavant interdites d’élevage. Le Ministère de l’Environnement a notamment mentionné que « La protection de l’environnement ne devrait pas être utilisée comme excuse pour freiner l’élevage porcin. »

Les récents évènements ont donc forcé les dirigeants chinois à faire des choix, ne pouvant mener de fronts leurs différentes politiques visant à atteindre une autosuffisance en porcs, un prix du porc modéré et une large protection géographique contre les pollutions animales. Les choix d’une inflation limitée à court terme et d’une autosuffisance retrouvée à moyen terme ont ainsi été érigés en priorité.

Diversification des sources d’approvisionnement agricole

Par Jean-Marc Chaumet

Sur le plan international, les orientations annoncées renforcent la politique en cours. Il s’agit d’abord d’accélérer la stratégie de diversification des origines des importations de produits agricoles, pour limiter les sources de vulnérabilité et éviter de donner prise à des stratégies agressives. Mais l’objectif est également d’œuvrer à la constitution de grands traders internationaux de grains et d’encourager les entreprises agricoles chinoises à s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnements internationales de produits agricoles.

Trois des principaux fournisseurs de la Chine en produits agricoles, qui représentaient près de 30% des importations en valeur en 2017 avant la guerre commerciale, sont des pays avec lesquels les relations diplomatiques se sont tendues ces dernières années (États-Unis, Australie, Canada).

Afin d’obtenir de plus larges marges de manœuvre dans son approvisionnement alimentaire, la Chine semble vouloir se détacher d’une trop grande dépendance envers ces pays. Les leaders chinois ont également combiné cette diversification à des rétorsions politiques, comme le cas de l’Australie l’illustre. Différentes mesures de rétorsions sur la viande bovine, l’orge et le vin australiens ont en effet limité les importations de ces produits sur le marché chinois, compensées par d’autres fournisseurs.

Ainsi, les importations chinoises d’orge ont progressé de 36%/2019, mais la part australienne a été réduite de moitié, passant de 39% à 23%, avec un volume au plus bas depuis 2013. La diversification des importations a été réalisée grâce à l’Ukraine (x2,5/2019) et la France (+46%/2019).

Si la Chine cherche à moins importer de différents pays avec lesquels elle s’oppose sur une certaine vision du monde, il semble difficile aujourd’hui de s’orienter vers ceux avec lesquels elle partage des idées communes. Constituer une alliance agricole de pays amis, face au front des « démocraties occidentales » ne parait pas possible à court terme.

La Russie, par exemple, ne compte que pour quelques pourcents dans les importations chinoises de grains (moins de 1% des importations de soja et de blé et à peine 1% de celles de maïs en volume). Les exportations russes vers la Chine concernent surtout des poissons et de l’huile de tournesol. Si les responsables chinois sont conscients que la faible part russe aujourd’hui dans les importations rend peu probable une montée en puissance de la Russie en tant que fournisseur clé à court terme, ils ajoutent que la Chine «se bat pour sa sécurité alimentaire à long terme».

Ainsi, la Chine a pour objectif d’approfondir sa coopération avec divers pays pour garantir son approvisionnement en soja et en céréales à long terme, et la Russie en fait partie. En 2019, la Chine a approuvé les importations de blé de la région russe de Kurgan et les importations de soja de toutes les régions de la Russie en proposant une «alliance de l’industrie du soja» avec son voisin. La Russie a commencé la construction d’un terminal céréalier à la frontière russo-chinoise pour une mise en service prévue en 2023, avec l’espoir d’acquérir un avantage concurrentiel face aux principaux exportateurs de céréales que sont le Canada, l’Australie et les États-Unis.

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Un renforcement de la production nationale

Par Jean-Marc Chaumet

La déclinaison dans le secteur agricole et alimentaire vise à stimuler la production nationale pour atteindre un degré élevé d’autonomie, suite à la flambée des importations de produits alimentaires de la Chine en 2020. Le document d’orientation politique 2021 (document n°1) ainsi que le 14ème plan quinquennal appellent à renforcer l’autosuffisance alimentaire pour garantir le plus haut niveau de sécurité possible en produisant et en stockant le maximum de grains (stockage dans le sol et dans la technologie). L’accent est donc mis sur la préservation à long terme des capacités de production, à travers notamment la protection des sols et l’accélération des performances technologiques, plus que sur des récoltes et des stockages physiques records à court terme

Ainsi a été annoncé, le lancement d’un projet national d’investissements dans la sélection variétale et la production de semences. Les dirigeants chinois reconnaissent un retard en recherche sur les entreprises étrangères (édition génomique) et craignent une dépendance accrue en semences végétales (légumes, maïs). L’objectif est donc de contrôler la technologie pour atteindre l’autosuffisance dans ce secteur.

La rhétorique chinoise sur la sécurité alimentaire s’est ainsi complétée par une référence aux semences : « À tout moment, le bol des Chinois doit être fermement tenu entre leurs mains, ce bol doit être rempli de grains chinois, issus de semences chinoises ».

Le plan d’actions concernant le secteur des semences porte sur laconstitution de banques de semences, des investissements dans la recherche pour développer de nouvelles techniques, la constitution d’entreprises de recherche de grande envergure et une utilisation d’OGM (soja et maïs).  L’utilisation de cette technologie est maintenant perçue comme indispensable à la sécurité alimentaire chinoise, après des années de sursis s’expliquant par la réticence d’une partie de la population et la volonté des autorités chinoises de développer des OGM nationaux. Fin 2020, des certificats de biosécurité ont ainsi été délivrés pour des semences chinoises de maïs et de soja.

Au-delà des semences, les orientations chinoises visent à encourager la production de fourrages « de qualité » (maïs ensilage, foin…), prévenir la déprise des terres cultivées, créer 6,7 millions d’ha permettant des récoltes élevées en dépit de désastres naturels, stabiliser la production de soja et augmenter celle d’oléagineux (colza, arachide…), promouvoir des méthodes de production agricole plus autonomes (à travers notamment la réduction de l’épandage des engrais chimiques et des pesticides, la promotion des engrais organiques…)


Lie la suite : Diversification des sources d’approvisionnement agricole

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Une réorientation vers plus d’autosuffisance?

Par Jean-Marc Chaumet

Face à ces contraintes croissantes sur la capacité chinoise à assurer son alimentation, les autorités chinoises ont lancé le concept de « circulation duale ». Il a été proposé pour la première fois comme une stratégie économique au milieu de la pandémie de Covid-19 en mai 2020, lorsque le commerce mondial a été fortement entravé et a été réitéré au 2nd semestre 2020 alors que le contexte international devenait plus hostile. Ce concept est censé proposer un modèle de développement s’adaptant à « un monde plein d’instabilité et d’incertitude » et doit guider l’économie chinoise pour les décennies à venir. Cette double circulation représente plus une accélération du rééquilibrage économique déjà en cours depuis plusieurs années : augmenter la production locale pour la consommation locale et stabiliser le commerce extérieur.

Il s’agit de favoriser la circulation interne (cycle national de production, de distribution et de consommation), grâce au marché intérieur qui doit devenir un vrai relais de croissance alors que la demande mondiale faiblit. L’accélération de l’élargissement du marché intérieur, voulue par cette politique, devrait affecter non seulement les exportations, à travers une réorientation des produits chinois, mais également les importations, pour limiter la dépendance à l’étranger dans plusieurs secteurs. Avec plus de sanctions commerciales et technologiques imposées par les États-Unis vis-à-vis de la Chine, une plus grande autonomie, mobilisant les débouchés intérieurs et la technologie nationale, devient une priorité.

Cette orientation devrait aussi permettre de renforcer la résilience de l’économie chinoise aux chocs externes. Certains experts y voient le début d’un découplage vis-à-vis des clients chinois et notamment des Etats-Unis, dans un contexte de confrontation croissante avec la 1ère puissance économique mondiale et de volonté de relocalisation affichée par de nombreux pays, dont le Japon, l’Australie….

Mais la circulation externe, c’est-à-dire les échanges avec l’extérieur,n’est pas abandonnée pour autant.Les industries exportatrices chinoises seront maintenues, les entreprises étrangères conservées sur le sol chinois, les investissements étrangers encouragés, notamment dans les hautes technologies, et les importations « modérées » poursuivis.


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2018-2020 : les objectifs de politique agricole mis à mal

Par Jean-Marc Chaumet

Tout d’abord, l’apparition de la Fièvre Porcine Africaine en août 2018 dans le pays a placé les autorités face au dilemme de choisir entre limiter l’inflation, conserver un niveau élevé d’autosuffisance en viande porcine et appliquer une nouvelle politique environnementale.

Ensuite, dans le contexte de la guerre commerciale avec les États-Unis, une détente momentanée a résulté en un accord commercial, signé en janvier 2020, engageant les autorités chinoises à importer des produits étatsuniens, notamment agricoles, en grandes quantités. Cet accord, non seulement, va à rebours de la stratégie chinoise de diversification des importations agricoles, mais en plus renforce les liens commerciaux agricoles, du moins sur le papier, avec son premier adversaire au plan géopolitique.

Dans les faits en 2020, avec 23 milliards de dollars, la Chine a fortement augmenté ses achats de produits agricoles étatsuniens par rapport à 2019 (+66%/2019 et pratiquement autant qu’en 2017, avant le début de la guerre commerciale), mais n’a pas pu honorer ses engagements, fixés à des 36 milliards de dollars.

En 2020, la Chine devrait acheter plus de 43 milliards de dollars de produits agricoles, mais serait début 2021, en-dessous du niveau attendu par les États-Unis.

Enfin, la crise de la Covid-19, et les ruptures de chaînes d’approvisionnement qu’elle a engendrées, aussi bien à l’intérieur du pays que dans le commerce international, a montré aux dirigeants chinois la vulnérabilité de leur pays en cas de défaut d’approvisionnement de certains de leurs fournisseurs. Car dans le même temps, les importations agricoles chinoises ont poursuivi leur pente ascendante en dépassant les 180 milliards de dollars en 2020 et le déficit agricole chinois s’est de nouveau creusé en 2020 pour atteindre 90 milliards de dollars.


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