Les deux dernières années ont mis à l’épreuve la politique agricole chinoise et les objectifs d’autosuffisance en produits stratégiques (grains, porc,…), de maîtrise de l’approvisionnement alimentaire et de diversification des importateurs.
Cet article a pour objectif d’analyser la situation alimentaire et commerciale chinoise depuis 2019 ainsi que la nouvelle orientation politique décidée ces derniers mois.
Depuis plusieurs mois les prix du porc en Chine alternent des périodes de hausse et de baisse mais les cours surpassent toujours les niveaux d’avant crise.
Malgré la reconstruction des cheptels affichée par le gouvernement les niveaux de production restent bien en deçà des niveaux d’avant crise. Sur l’année 2020 et selon les données officielles, la production aurait reculé de 3,3%/2019, soit une baisse de 24% en deux ans.
L’important déficit en viande s’est fait ressentir à la veille des festivités du Nouvel An chinois. Le prix a connu un quatrième pic entre décembre 2020 et février 2021, à 36 RMB/kg carcasse. Les prix sur le marché à terme s’étaient également redressés ainsi que le montant des actions du Muyuan Foods, grand intégrateur chinois.
Les autorités chinoises ont annoncé débloquer fin janvier près de 30 000 tonnes de viandes des réserves d’Etat, soit plus de 150 000 tonnes depuis mi-décembre. Par le biais de ces stocks nationaux, libérés au compte-goutte sur le marché et qui pèsent relativement peu par rapport à la demande nationale, le gouvernement essaie de donner un signal pour baisser les cours du porc, qui reste le meilleur indicateur pour juger de l’équilibre offre-demande dans le pays.
Quelle est la situation actuelle de la production porcine chinoise ?
Sans que l’on puisse mesurer les effets réels du déstockage d’Etat, depuis fin janvier, les prix ne cessent de reculer. Celui de la viande a perdu 25% en 11 semaines (à 40 RMB/kg début avril), tandis que celui du porc a chuté de plus de 30% (à 25 RMB/kg), retrouvant ainsi leur niveau de septembre 2019 tout en restant deux fois supérieurs aux prix pratiqués avant le début de la crise. Depuis quelques semaines, le monde porcin international est informé, par le biais de témoignages d’opérateurs sur place, d’un nouveau déclin du cheptel porcin en Chine. Avec la crise du coronavirus, les informations circulent mal, compte tenu du nombre plus réduits d’observateurs étrangers en Chine comparé aux années précédentes.
Alors que les informations officielles du gouvernement continuent d’annoncer une augmentation dynamique de la population porcine, les informations diffusées par de nombreux médias internationaux mènent à une conclusion opposée. Ces articles s’appuient sur des informations émanant des partenaires ou clients chinois d’entreprises internationales (nutrition animale, génétique, médecine vétérinaire).
En raison de l’hiver rigoureux en Chine, la situation sanitaire se serait donc à nouveau aggravée. La presse, y compris chinoise, rapporte plusieurs problèmes sanitaires, dont les plus importants sont :
1) Une reprise majeure de la peste porcine africaine qui a de nouveau provoqué une mortalité élevée dans toutes les catégories d’animaux. Il pourrait s’agir en outre d’un variant de FPA induit par l’utilisation en Chine de vaccins non normés et illégaux.
2) Une nouvelle vague de DEP (Diarrhée Epidémique Porcine) qui a principalement conduit à des avortements de truies et à une forte mortalité des porcelets. La presse chinoise rapporte dans ce cas de millions de porcelets…. Les services gouvernementaux ne font pas cas de cette épidémie, la maladie n’étant pas soumise à déclaration obligatoire auprès de l’OIE, mais plusieurs sources mentionnent le problème et les entreprises chinoises seraient inquiètes à ce sujet. Selon la souche, la propagation de la maladie peut être rapide, et lourde de conséquences, comme cela a été le cas aux Etats-Unis en 2013.
3) Recrudescence du virus du SDRP (virus du Syndrome Dysgénésique et Respiratoire Porcin)
Selon les provinces, une combinaison de ces différents problèmes sanitaires peut avoir lieu, ce qui rend difficile une évaluation nationale de la situation.
Une comparaison directe peut être faite avec la situation au printemps 2019, au cours duquel sévissaient une forte mortalité due aux infections de la FPA et une offre importante de porcs à travers la décapitalisation des cheptels, menant à des prix bas (ou en baisse). En conséquence, les effectifs de porcs reculent, mais l’offre de porcs reste (temporairement) élevée.
Une faible hausse de production en 2021?
Comme en 2019, les foyers contaminés (FPA, DEP ou SDRP) ne sont pas signalés de manière exhaustive au gouvernement. En cas de suspicion de présence d’une maladie, les petits producteurs de porcs en particulier proposeront dès que possible leurs animaux aux marchés de viande en plein air, afin de limiter les pertes financières. Absence d’indemnisation en cas de déclaration et d’équarrissage oblige… Cela conduit à une offre croissante, et par conséquent à une baisse du prix du porc. Cette évolution conduit dans de nombreux cas, et en particulier dans le contexte de prix d’aliment élevés, à une réduction de la rentabilité de l’élevage. Des revenus plus faibles, des coûts plus élevés et un risque sanitaire accru motivent de nombreux éleveurs de porcs à proposer prématurément leurs porcs aux abattoirs. Ce constat est conforté par la baisse récente du prix des porcelets, qui semble traduire une demande plus « prudente ». Cela concerne à la fois les petits élevage familiaux et les grands élevages aux mains de groupes.
Selon les différents témoignages, il y aurait eu une baisse de 20% à 25% de cheptel ces derniers mois par rapport aux niveaux atteints en fin d’année 2020 ; certaines provinces connaissant des baisses de -5% à -10% et d’autres de -30% à -50%. En mars, selon FAO-Chine ainsi que quelques sources chinoises, le nombre de reproducteurs serait inférieur de 30% à son niveau de mars 2018.
Malgré toutes les incertitudes, l’interruption de la reconstitution du cheptel porcin semble se confirmer en Chine. Selon notre estimation, la progression de la production sera limitée de 1 à 3 millions de tonnes en 2021. Ainsi, l’offre chinoise de viande de porc en 2021 serait encore inférieure de plus de 10 à 12 millions de tonnes à celle de 2018. Cela plaide pour le maintien d’une forte demande à l’importation de la Chine en 2021 et probablement pour les années à venir.
Après 10 ans de stagnation, la production laitière chinoise a, selon les données officielles, affiché deux années consécutives de hausse, en 2019 (+ 4% /2018) et 2020(+ 7,5% /2019). A 34,4 millions de tonnes en 2020, un nouveau record historique, le volume de lait produit a donc été supérieur de 14% à celui de 2008, année du scandale de la mélamine. La Chine se positionne ainsi en 5ème producteur mondial de lait, derrière l’Inde, les Etats-Unis, le Pakistan et la Russie.
Cette hausse de la production s’explique notamment par la croissance du cheptel laitier. Les constructions des très nombreuses nouvelles exploitations ont été alimentées par des importations de génisses en hausse (+30% /2019), en provenance de Nouvelle-Zélande, d’Australie et d’Uruguay.
La concentration géographique de la production se poursuit, avec 10 provinces chinoises qui produisent plus d’1 million de tonnes de lait, contre 8 en 2017, pour un total de 28,2 millions de tonnes, soit 82% de la production nationale, contre 70% en 2017.
La Mongolie intérieure occupe toujours la première place, avec 17,8% de la production totale, suivie du Heilongjiang (14,5%) et du Hebei (14,1%).
SI la production laitière reste dominée par les provinces de l’Est du pays, il faut noter la forte progression du Ningxia, province pauvre de l’Ouest, devenu un terrain fertile pour les investissements laitiers au cours des dernières années. Yili, Mengniu, Bright Dairy et New Hope, à la recherche de la maîtrise de leur approvisionnement en lait, ont augmenté leurs investissements dans le Ningxia qui est devenue la 5ème province laitière de Chine.
Un prix du lait au sommet qui pousse les transformateurs à investir dans l’amont
L’année 2020 a été marquée par une forte hausse du prix du lait en Chine. Entamée en 2019, la progression des cours a été interrompue par la crise de la Covid-19 au 1er semestre 2020, avant de reprendre au 2nd semestre pour atteindre 4,4 RMB/kg (0,55 €/l) et ainsi dépasser le précédent record historique de février 2014 (4,36 RMB/kg).
En moyenne sur l’année 2020, le prix moyen du lait s’établit à 4, 0 RMB/l, soit 0,49 €/l.
Cette hausse exponentielle des cours s’explique par une offre insuffisante pour répondre à la demande de lait local, notamment de lait liquide et de poudre de lait haut de gamme, dont les consommations ont été boostées par lors la pandémie de Covid-19.
Ces prix élevés permettent également d’amortir la forte hausse du coût alimentaire, dans le sillage de la progression des prix du maïs et du tourteau de soja. Les entreprises de production laitière ont ainsi pu accroître leurs profits. Les résultats du 1er semestre montrent, que malgré la baisse des prix et les ruptures de chaînes d’approvisionnement, les profits des principales entreprises étaient déjà en hausse (+17% /2019 pour Modern Dairy, +24% pour Yuanshengtai….). Ces bons résultats devraient permettre la poursuite des investissements dans la production laitière, à travers la construction de nouveaux élevages.
D’un autre côté, les prix élevés du lait poussent les transformateurs à intégrer la production de lait, pour limiter leur dépendance et maîtriser leur approvisionnement. La bataille pour les sources de lait s’est ainsi intensifiée après le déclenchement de l’épidémie de 2020. Rien qu’en 2020, 12 fusions et acquisitions de sources de lait ont eu lieu dans l’industrie laitière, dont 9 initiées par Yili et Mengniu. Les plus emblématiques sont :
En mai 2020, New Hope Dairy a acquis 100% du capital de Huanmei Dairy pour 1,711 milliard de RMB (217 millions €).
En juillet 2020, Mengniu est devenu le principal actionnaire de Shengmu pour 395 millions de dollars de Hong Kong (44 millions €).
Au 2nd semestre 2020, Yili est devenu le premier actionnaire de Zhongdi Dairy pour 1,8 milliards de dollars de Hong Kong (200 millions €)
En septembre 2020, Feihe a acquis 71% des actions de YuanShengtai pour 3 milliards de dollars de Hong-Kong (340 millions €).
En octobre 2020, Yili’s Youran a acquis la totalité du capital de Fonterra Chine pour 2,31 milliards de dollars de Hong Kong (261 millions €).
Yili a dépensé plus de 460 millions € en un an pour s’assurer un important approvisionnement en lait. La bataille entre les deux géants laitiers, Mengniu et Yili, s’intensifie donc pour racheter les grandes entreprises de production laitière encore indépendantes et asseoir leur domination sur la filière chinoise. Cette emprise croissante des grands groupes laitiers rend plus difficile la situation des petites entreprises de production laitière dépourvues de sources de lait stables qui devront supporter de plus grands risques de fluctuations des prix et des volumes de lait.
Mais cette offre insuffisante entraîne également des conséquences négatives. La première est une bataille acharnée entre transformateurs pour se procurer du lait, ce qui les pousse à renchérir sur les prix d’achat du lait et à lever la garde sur la qualité du lait collecté. Or cette priorisation de la quantité sur la qualité en période de prix élevés a été à l’origine du scandale de la mélamine en 2008. C’est ce qu’à rappeler l’Association de l’Industrie laitière chinois dans un document publié fin mars, demandant aux collecteurs de respecter les contrats en vigueur et de ne pas tirer les prix à la hausse dans cette bataille pour les volumes de lait.
La hausse des prix pourrait pèse également la compétitivité du lait chinois face aux importations.
Des importations chinoises contrastées
En 2020, la Chine continentale et Hong-Kong ont importé plus de 14 milliards de dollars de produits laitiers. La Chine continentale a elle seule a acheté 12,6 milliards de dollars, soit environ 12% des importations mondiales.
Ces importations ont évolué de manière contrastée.
Les volumes de poudres grasses et maigre importées ont reculé de -4% et -2% respectivement.
En janvier 2021, les importations de poudres grasses et maigre ont fortement progressé, tirées par les contingents à droits nuls dont bénéficient la Nouvelle Zélande et par les prix compétitifs de ses poudres grasses. Les achats de poudres grasses se sont réduits en février et pourraient poursuivre un rythme ralenti une partie de l’année, compte tenu de la hausse des cours néozélandais et des stocks apparemment importants en Chine. Les achats de poudres grasses se sont réduits en février et pourraient poursuivre un rythme ralenti une partie de l’année, compte tenu de la hausse des cours néozélandais et des stocks apparemment importants en Chine.
Les importations de poudres de lait infantile ont enregistré en 2020 leur premier repli depuis plus de 10 ans, qui s’est poursuivi début 2021 (-17%/2020). Elles représentent cependant toujours 40% des importations chinoises en valeur.
Ce recul des importations de poudre de laits infantile s’explique d’une part par la concurrence des marques locales s’intensifie grâce au regain de confiance des consommateurs dans les produits « made in China ». D’autre part, le marché des poudres de lait infantile entame peut-être un recul de long terme, conséquence d’une baisse continue des naissances depuis 2016, malgré la fin de la politique de l’enfant unique. Ainsi, le président de l’Association de l’industrie laitière chinoise a conseillé aux entreprises qui se concentrent sur le lait en poudre pour nourrissons de se réorienter vers le lait en poudre pour adultes, comme le lait maternel pour les femmes enceintes ou pour les personnes âgées. Les poudres de lait infantile devraient ainsi devenir le noyau de la production des poudres de lait, autour duquel graviteront les produits destinés aux autres membres de la famille.
Les importations de laits liquides conditionnés ont fortement progressé (+16% /2019), après une hausse de +34% en 2019, pour atteindre le volume record à 845 millions de litres. La consommation de lait liquide a en effet été boostée par la crise de la Covid-19 favorisant la préférence des produits laitiers plus « frais» et «de qualité». Les produits importés, comme les produits locaux, en ont bénéficié. Les achats sur le marché international ont en effet réellement décollé au 2nd semestre 2020 et se sont poursuivis sur les 2 premiers mois de 2021, avec un bond de +62% /2020. L’Allemagne, la Nouvelle-Zélande et l’Australie demeurent les trois principaux fournisseurs.
Les achats de poudre de lactosérum ont également fortement progressé en 2020 (+38% /2019), par rapport au faible volume enregistré en 2019, grâce à l’accord commercial signé entre les États-Unis et la Chine en janvier 2020 et à la reconstitution du cheptel porcin chinois. A 622 000 t, elles ont enregistré un record historique.
Dans la mouvance de la transition du « lait à boire » vers le « lait à manger », les importations de fromages et de beurre, mais également de crème ont progressé en 2020, pour atteindre de nouveaux records historiques. Relativement faibles en volume, elles représentent tout de même 5%, 4% et 2% de la valeur totale des produits laitiers importés, soit 11% au total.
Début 2021, la tendance s’est poursuivie pour le fromage et la crème, sauf pour le beurre dont les importations ont reculé, dans la prolongation d’un phénomène d’alternance de hausses et baisse, entre surstocks et manque de produits.
Jusqu’à présent les hausses de prix du lait à la production n’ont été que partiellement répercutée aux consommateurs par les transformateurs (entre 3% et 5% selon les entreprises), notamment grâce à l’utilisation et l’incorporation d’ingrédients laitiers importés moins chers. La demande chinoise en produits laitiers ne devrait donc pas être impactée par ces niveaux élevés de prix du lait, à moins que les coûts des ingrédients importés (poudres grasses et maigres) ne grimpent à leur tour dans les prochains mois.
La production chinoise de porc devrait rebondir en 2021. Cependant, la reprise de la croissance en Asie ne permettra pas de retrouver les niveaux de production atteints avant la fièvre porcine africaine.
Dans le dernier rapport de l’USDA Livestock and Poultry : World Markets and Trade, les analystes américains envisagent une reprise de la production chinoise à 41,5 millions de tonnes en 2021 (+9,2% en un an). Malgré ce rebond, la production chinoise et mondiale de porc ne retrouvera pas les niveaux atteints avant la propagation de la fièvre porcine africaine en Chine en 2018. Le déficit en viande en Chine devrait rester important. Si en 2021 la production chinoise atteint les niveaux annoncés par l’USDA, elle restera inférieure à près de 23% à la production de 2018, soit une différence de plus de 13 millions de tonnes.
La recapitalisation du cheptel reproducteur
Le virus de la fièvre porcine africaine continue de sévir sur le territoire chinois, mais la reconstruction de l’élevage porcin devrait permettre à la production de reprendre progressivement. Les données officielles font état d’une reconstitution constante du cheptel reproducteur depuis plusieurs mois. Au 3ème trimestre 2020, le cheptel de truies n’était plus que 11% sous son effectif d’avant la FPA. Cependant, les abattages ont poursuivi leur recul sur l’année 2020, compte tenu de la recapitalisation du cheptel à partir de porc charcutiers femelles et de l’abattage souvent avancé des porcs à l’engrais, menant à des poids carcasse plus faibles que les années précédentes.
Le pays recapitalise donc son cheptel, mais les performances techniques resteront à moyen terme médiocres. La présence de reproducteurs sélectionnés selon leur génétique fait encore défaut.
La production porcine chinoise, en recul d’un trimestre sur l’autre en 2020, devrait rebondir au 4ème trimestre, suite à la recapitalisation du cheptel et afin de pouvoir satisfaire la demande lors du prochain Nouvel An chinois qui aura lieu le 12 février 2021.
Le rebond de la production porcine demeure une priorité nationale. Le gouvernement central chinois accentue la pression sur les autorités locales pour mettre en place des programmes de subventions et faciliter la construction de nouvelles exploitations, notamment sur des terres normalement dévolues à des cultures de céréales, voire en accordant des dérogations sur le volet environnemental. Ces mouvements de reprise de la production touchent également d’autres pays en Asie, eux-mêmes impactés par la fièvre porcine africaine. Au Vietnam et aux Philippines, la production porcine devrait augmenter en 2021 respectivement de près de +5% et +6%/2020. Néanmoins, l’épidémie continue de sévir et pourrait modérer ces perspectives de croissance.
En Chine, l’offre insuffisante soutient toujours les cours du porc et le prix de la viande de porc à des niveaux élevés. Le prix de la viande porcine s’est ajusté à la baisse entre fin août et mi-novembre, puis est reparti à la hausse pour atteindre près de 50 RMB/kg mi-décembre (6,4 €/kg), un niveau 2% sous celui de 2019 à pareille époque mais le double de celui de fin 2018 !
Les cours de la viande devraient poursuivre leur progression compte tenu de la hausse de la demande en prévision du Nouvel An chinois. Le cours du porc charcutier suit la même évolution.
Les cours des porcelets avaient reculé entre septembre et novembre, conséquence d’un prix très élevé et d’une moindre demande sur le marché suite à un renouvellement au sein des exploitations à partir de porcelets femelles. Les prix se sont stabilisés fin novembre et pourraient également repartir à la hausse dans les semaines à venir.
La Chine continuera de concentrer la demande mondiale
Malgré la légère reprise de la production, la demande chinoise en viandes et coproduits devrait rester soutenue. Elle fléchit habituellement quelque peu dans les mois de décembre et janvier. Le taux d’auto-approvisionnement du pays est descendu sous les 90% sur l’ensemble de l’année 2020.
Néanmoins, rappelons que la Chine domine le commerce international. Au cours des 9 premiers mois de 2020, elle a absorbé presque la moitié des échanges mondiaux de viande porcine, dont 63% des exportations européennes, 45% pour des envois du Canada, 54% de ceux du Brésil brésiliennes, et enfin 28% de l’export des Etats-Unis. Malgré son besoin énorme, cette position de leader mondial lui permet d’imposer une certaine pression sur les prix à l’import.
Incertitudes fortes quant au degré d’ouverture du marché
Les incertitudes sur l’accès au marché chinois pour les exportateurs mondiaux renforcent la concurrence internationale et atténuent la progression des cours du porc dans le monde. Durant toute l’année, la Chine a engagé une lutte féroce contre l’épidémie de Covid-19. Les importateurs chinois ont intensifié les mesures de contrôle sanitaire sur les produits importés et sur leurs fournisseurs. Par exemple deux gros exportateurs danois ont perdu temporairement l’accès au marché. Cette décision s’ajoute à l’embargo imposé sur les viandes allemandes en raison de la présence de la fièvre porcine africaine outre-Rhin. Les viandes européennes subissent d’importantes réductions de prix face à un afflux d’offre, bénéficiant aux importateurs chinois.
Le début de l’année 2021 se place dans la continuité des mois précédents. Bien qu’en hausse, la production chinoise ne sera pas suffisante pour répondre à la demande intérieure. Les volumes importés resteront massifs, mais cette demande sera certainement moins rémunératrice. La Chine continuera ainsi à piloter les marchés mondiaux de la viande porcine. Compte tenu des incertitudes relatives à l’accès au marché chinois, Hong-Kong pourra de nouveau servir de relai aux exportateurs mondiaux.
Alors que les prix de la viande porcine reculent fortement depuis début septembre, les cours de la viande bovine demeurent élevés et tirent les importations.
Fermeté des prix de la viande bovine
Après avoir progressé jusqu’à la fête de la mi-automne et aux vacances du 1er octobre, le prix de la viande bovine au détail est restée quasi-stable, à 85,5 RMB/kg (10,5 €/kg), depuis son record historique atteint en févier 2020 (85,7 RMB/kg). Alors qu’il avait progressé en 2019 dans le sillage de celui de la viande porcine, le cours de la viande bovine semble désormais déconnecté du prix du porc qui a fortement fléchi depuis début septembre.
Ce niveau très élevé des prix montre une demande toujours forte en viande bovine que n’arrive pas à combler une offre en repli.
Une offre nationale en retrait
Les données officielles chinoises, pour le 1er semestre 2020, font état d’une baisse de 2% du nombre de bovins abattus par rapport à la même période de 2019 qui se traduit par un recul de 3,4% des volumes produits (- 100 000 téc /2019).
Ce décrochage s’expliquerait par la conjonction de plusieurs phénomènes. Fin 2019, suite à une période de rétention des animaux ayant fait grimpé les cours, une vague de d’abattages a eu lieu dans de nombreux endroits en Chine. Les animaux qui auraient dû être vendus après la Fête du Printemps l’ont été en masse un à deux mois à l’avance, entraînant une baisse des cours des animaux gras mais aussi un recul des poids carcasse.
Cette petite panique a donc réduit les disponibilités au 1er semestre 2020. Mais la baisse des cours des animaux gras, de -6% entre décembre et janvier, a également provoqué un certain attentisme des engraisseurs et donc une réduction des mises en place début 2020. Ce phénomène a été accentué par la fermeture, en février et mars, de la plupart des marchés aux bestiaux, dans le cadre de mesures sanitaires de lutte contre la Covid-19. Le nombre de bovins mis à l’engraissement au 1er trimestre aurait donc fortement reculé, limitant de fait la production attendue au 2nd semestre 2020.
En outre, le nombre de bovins vivants importés en contrebande d’Asie du Sud-Est aurait chuté de plus des deux tiers du fait de contrôles renforcés, dès avant la pandémie mais encore davantage depuis. A tel point que ces animaux n’auraient plus d’intérêt en termes de prix sur le marché chinois, freinant les effets baissiers de cette offre. Ainsi, le prix de marché d’un animal de contrebande dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine) serait le même que celui des bovins d’engraissement dans le Nord-Est.
Un autre facteur à prendre en compte dans la hausse des cours des animaux gras concerne l’augmentation du coût de la main d’œuvre et de l’alimentation animale mais également des animaux maigres.
Des importations record
Ce manque d’offre sur le territoire national attire les importations de viande bovine qui ont atteint un nouveau record. Sur les 9 premiers mois de l’année, elles se sont élevées, en Chine continentale, à près de 2 millions de téc (+39%/ 2019), soit seulement 5% de moins que le volume total importé en 2019. Dans le même temps, les importations via Hong-Kong n’auraient reculé que de 3% sur les 7 premiers mois (-20 000 téc), permettant d’afficher, en cumulant les deux entités, un solde largement positif.
Le Brésil (x2,5 /2019) et l’Argentine (+37%), les principaux bénéficiaires de la hausse des importations, fournissent désormais à eux deux près des 2/3 des volumes en Chine continentale. L’interdépendance est forte car plus de 50% des volumes brésiliens sont destinés au marché chinois (et même plus des 2/3 si l’on inclut Hong-Kong). Cet oligopsone vers la Chine a également des conséquences sur les prix intérieurs brésiliens qui ne cessent de progresser.
Les importations en provenance d’Australie sont en léger recul sur la même période (-1% /2019). En hausse sur les 5 premiers mois de2020, les achats chinois ont ensuite commencé à se replier à partir du mois de juin, sous le double effet d’abattages australiens en recul, compte tenu de la recapitalisation du cheptel local, et des sanctions prises par la Chine à l’encontre de plusieurs abattoirs australiens.
La viande néozélandaise se fait également plus rare sur le marché chinois (-23% /2019) tandis que les importations de viandes étatsuniennes en Chine continentale progressent rapidement (+85%) avec des volumes encore relativement marginaux (14 000 téc). Hong-Kong demeure encore la principale porte d’entrée de la viande étatsunienne en Chine, avec environ 40 000 téc sur les 7 premiers mois de 2020.
Les pays européens sont encore peu présents. Les importations de viande irlandaise en Chine continentale progressent cependant régulièrement pour atteindre 9 500 téc sur les 3 premiers trimestres 2020 (+60% /2019). Les volumes de viande française se chiffrent à 985 téc, à comparer aux 54 téc reçus sur la même période de 2019. Les envois français ont réellement commencé fin 2019.
Enfin, les envois de viande indienne vers le Vietnam, pays de transit vers la Chine, ont chuté de plus de 60% /2019 sur les 8 premiers mois de l’année (-220 000 téc/2019 à 130 000 téc).
Le phénomène de réorientation des importations de viande bovine vers la Chine continentale, aux dépens de Hong-Kong et des flux gris en provenance d’Inde, initié il y a quelques années, s’est donc prolongé et renforcé en 2020.
La croissance des importations chinoise ne saurait cependant se poursuivre à ce rythme au cours des années à venir. L’offre locale devrait progresser, compte tenu du nombre de nouvelles exploitations bovins viande créées récemment. Les volumes disponibles chez les principaux fournisseurs devraient également atteindre leur limite.
La Chine est actuellement au centre de l’actualité des marchés des matières premières pour l’alimentation animale. Les importations record de soja mais aussi de maïs et de blé sont un facteur de soutien des prix des marchés internationaux.
L’appétit chinois pour le soja ne tarit pas
Avec 74,5 Mt de soja importées entre janvier et septembre 2020, les douanes montrent que la Chine a importé un volume record de soja pour cette période en dépassant de 16% celle de 2019 et de 4% celles du précédent record (2017). Les trois quarts des volumes proviennent du Brésil tandis que le soja américain compte pour 14% (10,6 Mt).
Les importations à venir promettent également d’être importantes. Maintenant que le Brésil a exporté une large partie de ses ressources, les services de l’USDA recensent chaque semaine de très fortes ventes de soja états-unien vers la Chine. Au 15 octobre, alors que les récoltes américaines n’étaient pas encore terminées, 22% (25 Mt) de la récolte prévisionnelle américaine de soja – estimée par l’USDA à 116Mt – avaient déjà été contractualisées pour des livraisons vers la Chine pendant la campagne de commercialisation 2020/21. Pour comparaison, à la même période, les ventes américaines vers la Chine étaient uniquement de 5,5 Mt en 2019, 1,45 Mt en 2018, et 14 Mt en 2017 avant le début du conflit commercial entre les deux superpuissances. La demande chinoise très dynamique tire les prix internationaux du soja. Sur le marché de Chicago, les cotations de la fève de soja ont grimpé de 20% en deux mois pour atteindre fin octobre près de 10,9 USD/boisseau (398 USD/t), soit leur plus haut niveau depuis mars 2018.
Pour expliquer ces achats de soja étatsunien, mais également de maïs et de blé, il faut prendre en compte l’accord signé entre les deux pays en janvier 2020 dans lequel la Chine s’engage à augmenter considérablement ses achats de produits agricoles étatsuniens. Alors que les bénéfices de la trituration du soja en Chine ont diminué, les entreprises publiques chinoises poursuivent leurs achats de soja américain, tandis que les entreprises privées se retirent du marché. Ces importations permettent également à la Chine de sécuriser son approvisionnement en matières premières dans un contexte d’incertitudes internationales (pandémie de Covid-19, élections aux Etats-Unis…). De nouvelles capacités pour le stockage de 2 Mt de tourteaux de soja seraient en construction par les entreprises gouvernementales.
La reconstitution du cheptel de porc en Chine est également évoqué par les observateurs de marché pour expliquer l’appétit chinois pour le soja. Les statistiques chinoises sur la production d’aliments industriels pour animaux d’élevage corroborent en partie cette hypothèse. En effet, selon les données du Ministère chinois de l’agriculture et des affaires rurales, la production d’aliments pour porcs connaît une reprise significative en Chine depuis le mois de mai. Le volume d’aliments porcins fabriqué en septembre ( 8,6 Mt) a progressé de 15% d’un mois à l’autre et bondi de +54% par rapport à septembre 2019 (6 Mt). Auparavant, entre juin 2019 et mai 2020, la fabrication d’aliments industriels pour porc se situait entre 5 à 6 Mt mensuelles. Néanmoins, les volumes d’aliments porcins produits sont encore inférieurs des niveaux enregistrés avant l’expansion de la FPA dans le pays (9,1 Mt en septembre 2018).
Toutes espèces confondues, la production d’aliments industriels pour animaux d’élevage a atteint ainsi 24,4 Mt en septembre, le plus haut niveau depuis octobre 2017. La production d’aliments pour volailles (ponte et chair) a significativement augmenté entre janvier 2018 (7,5 Mt) et septembre 2020 (11,5 Mt). Étonnamment, la production d’aliments pour l’aquaculture ne montre pas d’augmentation ces dernières années. Avec une production de 1 ,1Mt en septembre 2020, les volumes d’aliments pour bovins enregistrent une croissance ces dernières années (+25% /septembre 2018), mais ne représentent toujours qu’une très faible proportion des volumes totaux d’aliments produits en Chine.
Les fabrications devraient encore progresser en octobre, de nombreuses usines d’aliments pour animaux achètant toujours activement des matières premières.
Le prix du maïs poursuit sa hausse en Chine
Le renchérissement du maïs se poursuit sur le marché chinois. Depuis le début de l’année 2020, il a bondi de +20% pour atteindre 2 510 RMB/t fin octobre (360$/t), le plus haut niveau depuis août 2015.
Malgré la nouvelle récolte disponible, qui devrait d’après le gouvernement atteindre de 265 Mt (+4 Mt/2019), les cours poursuivent leur hausse en octobre. Les conditions climatiques récentes, et en particulier les tempêtes dans les régions du Nord-Est, sèment le doute chez les opérateurs. En outre, les stocks de maïs sont au plus bas après des ventes aux enchères dynamiques qui ont, entre fin mai et début septembre, écoulé près de 57 Mt de maïs, avec un taux de vente de 95% des volumes proposés. Les coûts de production, notamment la main d’œuvre et le foncier sont orientés à la hausse. Parallèlement, la demande intérieure reste soutenue, notamment pour l’alimentation animale mais également pour la fabrication d’alcool et d’amidon de maïs. .
Les cultivateurs de maïs ne sont donc pas pressés de vendre leur nouvelle récolte et accentuent le déséquilibre offre nationale-demande sur le marché.
Dans ce contexte, les importations chinoises de maïs de ces derniers mois sont très dynamiques. Sur les 9 premiers mois de l’année 2020, 6,7 Mt de maïs ont été acheminées vers la Chine (+72% /2019). COFCO a obtenu et utilisé un contingent tarifaire spécial de 5 millions de tonnes, principalement utilisé pour commander du maïs américain, dont la période de livraison s’étalera jusqu’en avril 2021.
La Chine pourrait donc prochainement revoir à la hausse son contingent d’importation de maïs à droits de douane préférentiels (1% contre 65% hors contingent), fixé à 7,2 Mt depuis l’entrée de la Chine à l’OMC.
Sur la campagne 2020/21, les autorités chinoises estiment à 24 millions de tonnes l’écart entre l’offre nationale et la demande. Si la récolte mondiale de maïs de 2020/21 (1 159 Mt selon l’USDA) est attendue en hausse de 4% par rapport à la campagne précédente, la production ukrainienne – principal fournisseur de la Chine mais également de l’Union européenne – sera faible en raison de la sécheresse estivale qui aurait impacté les rendements. Parallèlement, la production de maïs aux Etats-Unis est attendue meilleure qu’en 2019 (374 Mt contre 346 Mt), mais moindres que les prévisions initiales. En effet, une violente tempête dans l’Iowa au mois d’août, suivie d’un épisode de déficit hydrique, a limité le potentiel de rendement. L’ensemble de ces facteurs ont conduit à une augmentation des prix internationaux du maïs ces dernières semaines. Mais les achats chinois pourraient se porter sur le maïs étatsunien d’autant que l’écart de prix avec le produit chinois ne cesse de se creuser.
Des importations historiques de blé en complément d’une production bien orientée
En parallèle, les importations chinoises de blé atteignent des niveaux inédits. Entre janvier et septembre 2020, la Chine a importé 5,8 Mt de blé (x2,8/2019), un record historique, faisant entrer le pays dans le classement des plus grands importateurs mondiaux, derrière l’Egypte, et la Turquie. Les volumes sont répartis à égalité entre blé tendre et blé dur et la France, l’Australie et le Canada ont fourni la Chine ces derniers mois. Désormais l’origine US devrait bénéficier de la demande chinoise dans les mois à venir. En effet, au 15 octobre, les services de l’USDA ont répertorié un cumul des ventes de blé américain vers la Chine de près de 1,5 Mt depuis le début de la campagne de commercialisation du blé US (juin), contre seulement 193 Kt pour la même période de 2019. Cette forte demande vient compléter une récolte chinoise de blé en légère hausse estimée à 136 Mt en 2020, contre 133,6 Mt en 2019.
La demande chinoise semble augmenter fortement, notamment pour l’alimentation animale. Le prix du maïs a, dans certaines régions chinoises, dépassé celui du blé, poussant des éleveurs à substituer le blé au maïs. Les acheteurs chinois cherchent également à bénéficier des prix internationaux, près de 40% moins élevés que les prix intérieurs chinois en moyenne sur les 9 premiers mois. Le Centre d’information sur les céréales et les huiles a déclaré que l’utilisation du blé dans le secteur de l’alimentation animale devrait augmenter de 4,5 Mt, pour atteindre 20 Mt dans la campagne qui débute.
Le même organisme a déclaré que la Chine importera 7 Mt de blé en 2020/21, ce qui devrait contribuer à une certaine fermeté des prix mondiaux du blé dans un contexte de stabilité de l’offre mondiale sur la campagne qui débute (+0,8% / 2019/20), malgré un net recul de la production européenne (-12%).
Seules les importations d’orge et de sorgho, qui affichent également des hausses sur les 3 premiers trimestres par rapport aux bas niveaux de 2019, demeurent inférieures aux volumes enregistrés les années précédentes.
Le nouveau Top 20 des industriels laitiers publié par la Rabobank en août montre une nouvelle progression des 2 leaders chinois. Ainsi, Yili, dont le chiffre d’affaires a progressé de +13% /2018 en monnaie locale, est passé de la 8ème à la 5ème place. Il devance ainsi Fonterra et FrieslandCampina et se place juste derrière Danone. Mengniu a suivi le leader chinois en gagnant deux places pour se positionner au 8ème rang.
« Yili et Mengniu sont également 113ème et 129ème dans la liste 2019 des plus grosses entreprises chinoises, tous secteurs confondus, dont le 1er rang est dévolu à China Petroleum (400 milliards de dollars de chiffre d’affaires).
Ces classements illustrent la montée en puissance des deux entreprises chinoises. La publication de la Rabobank a été abondamment commentée par la presse chinoise qui y voit le résultat de nombreuses années d’effort du secteur laitier national qui ferait maintenant partie intégrante de la puissance de la Chine. Elle vient également conforter de nombreux experts chinois qui estiment que ce secteur a atteint les standards mondiaux aussi bien en termes de qualité sanitaire que d’innovation.
Le prochain objectif de Yili est d’ailleurs de devenir le numéro un mondial de l’industrie laitière et d’entrer dans le top cinq mondial des aliments santé.
Mais cette croissance n’est pas encore comparable à celle des autres entreprises du top 20. Les produits chinois n’ont pas encore conquis les consommateurs du monde entier. Les deux leaders chinois réalisent la quasi-totalité de leur chiffre d’affaires à l’intérieur des frontières de leur pays tandis que la part des exportations ou des implantations à l’étranger de leurs concurrents directs (Nestlé, Lactalis, Danone, Fonterra, FrieslandCampina…) ne cesse de croître. Ils dépendent donc presque uniquement du marché chinois et ne sont pas encore devenues des Global Players.
Des exportations limitées
Déjà faibles avant 2008, les exportations de produits laitiers chinois se sont en effet effondrées après la crise de la mélamine. Elles ont peu à peu progressé pour dépasser 900 millions de dollars en 2019, mais sont destinées à près de 50% à Hong-Kong qui en réexporte une partie.
Ces exportations sont majoritairement composées de peptones à destination des Etats-Unis, du Japon et de la Russie, ainsi que poudres de lait infantile expédiées à Hong-Kong. Les exportations de poudres grasses, qui atteignaient 200 000 t en 2008 ont chuté et ne représentent plus que quelques milliers de tonnes.
En outre, des pays comme l’Inde, n’ont toujours pas levé l’embargo sur l’importation des fabrications laitières de l’Empire du Milieu.
Des implantations à l’étranger plus difficiles
Les investissements chinois dans le secteur laitier à l’étranger ont été largement documentés, qu’ils aient eu lieu en Nouvelle-Zélande, en Australie ou en Europe. Mais la majorité de ces achats ont pour but d’alimenter le marché chinois, notamment en poudres de lait infantile.
Depuis quelques années, les deux leaders chinois tentent de développer leur chiffre d’affaires sur de nouveaux marchés, alors que la compétition en Chine est féroce. Pour se forger une stature de global players, Yili et Mengniu doivent donc diversifier leurs débouchés en pénétrant d’autres marchés. La réputation des produits chinois n’aidant pas à leur exportation, leur stratégie consiste à transformer et vendre des produits laitiers fabriqués hors de Chine.
Des investissements dans les grands bassins laitiers ont poursuivi cet objectif. Certains produits de Mengniu fabriqués en Nouvelle-Zélande, comme la marque Deluxe, sont dorénavant exportés vers la Malaisie et le Cambodge, après Hong-Kong et Macao. En 2019, Mengniu a racheté le fabricant australien de poudres de lait infantile biologiques, Bellamy. La même année, Yili a racheté la coopérative néozélandaise, Westland, qui doit s’intégrer dans la « route de la soie laitière d’Yili » et permettre de « fournir au monde entier encore plus de produits incroyablement purs appréciés et qui ont la confiance des consommateurs du monde entier » d’après le directeur d’Yili.
Mais cette stratégie se heurte aux relations internationales tendues. Fin août 2020, Mengniu a annoncé ne pas avoir reçu l’autorisation du gouvernement australien pour racheter le 2ème transformateur laitier du pays, Lion Dairy au japonais Kirin. Le refus aurait été motivé pour des raisons diplomatiques qui peuvent s’expliquer par le récent regain de tension entre les deux pays qui s’est déjà matérialisé par des sanctions sur les exportations australiennes de viande bovine et d’orge.
Une autre solution consiste à investir dans les pays consommateurs, par rachat d’entreprises existantes ou par la création de nouveaux sites de fabrication. Les pays ciblés ne sont plus les grands bassins laitiers, mais les pays asiatiques proches de la Chine, où la consommation de produits laitiers progresse rapidement et qui sont inclus dans le projet chinois des « nouvelles routes de la soie », comme l’Indonésie et la Thaïlande.
L’Indonésie, importatrice nette de produits laitiers pour près de 75 % de ses besoins, est ainsi devenue la première cible des géants chinois. Yili a créé une filiale en Indonésie « Green Asian Food Indonesia Co., Ltd » spécialisée dans les glaces. Mengniu a également ciblé ce pays où il a construit une usine de boissons lactées et de produits fermentés, Mengniu YoyiC Dairy Factory.
D’autres pays sont également ciblés. Fin 2018, Yili a annoncé l’acquisition du plus important fabricant de glaces de Thaïlande, Chomthana. La même année, Yili a émis l’intention de racheter 51 % d’un transformateur laitier pakistanais, dans l’objectif de prendre place sur ce marché et de poursuivre son internationalisation. Le projet n’est pas allé à son terme.
Mais la volonté des entreprises chinoise se heurte souvent à la réticence des pays cibles. Malaisie et le Myanmar ont exprimé des réserves sur des projets chinois chez eux, au point de refuser leur réalisation. En 2018, Yili avait émis l’intention de racheter 51% d’un transformateur laitier pakistanais, dans l’objectif de prendre place sur ce marché et de poursuivre son internationalisation. Mais ce projet n’a pas abouti.
La progression des leaders chinois va-t-elle se poursuivre en 2020 ?
Le 1er semestre 2020 a été marqué en Chine par l’apparition de la Covid-19 entraînant des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement et une baisse de la consommation (lien vers dernier article lait). Cette situation a pesé sur les comptes des entreprises laitières, y compris les deux leaders nationaux. La croissance du chiffre d’affaires d’Yili au 1er semestre 2020 (+5%/ 2019) a été moitié moindre que la croissance moyenne des 5 années précédentes et la plus faible depuis 2016. Mais ce résultat a été supérieur aux attentes grâce à de très bonnes ventes au 2nd trimestre (+22,5% /2019), permettant d’effacer un mauvais premier trimestre.
Mengniu a connu un recul de l’activité (-6% /2019) pour la première fois depuis 2015. Son bénéfice net a chuté de près de 42% et est trois fois moindre que celui d’Yili. Ce fort repli des bénéfices s’explique par des dépenses supplémentaires de prévention et de contrôle des épidémies ainsi que de frais de marketing réduire les stocks accumulés au 1er trimestre.
Yili creuse donc l’écart avec son rival Mengniu. Plusieurs observateurs chinois estiment que le duo laitier chinois Yili-Mengniu pourrait donc vivre ses derniers instants pour laisser la place à un leader incontesté dans le pays.
Les résultats du premier semestre sont relativement disparates chez les autres transformateurs laitiers chinois. Bright Dairy, le n °3 national a enregistré une hausse de près de 10% de son chiffre d’affaires et de +16% de son bénéfice net. A l’inverse, les résultats des laiteries provinciales sont demeurés dans le rouge. New Hope affiche une baisse de 6% de son chiffre d’affaires et de 26% de ses bénéfices. Ceux de Yantang Dairy ont reculé de 10% mais demeurent positifs.
Les fabricants de poudres de lait infantile ont connu un début d’année 2020 faste. Le chiffre d’affaires de Feihe a bondi de près de 50% d’une année sur l’autre et son bénéfice a été multiplié par 2. Chez Ausnutria, les ventes ont grimpé de 23% et le bénéfice de 32%. Le chiffre d’affaires de Beingmate a affiché une hausse de 15% et les bénéfices ont plus que doublé.
Ces bons résultats des fabricants de poudres de lait infantile s’expliquent par les achats importants des familles qui, craignant la pénurie, ont constitué des stocks de précaution. De nombreux ménages sont en effet inquiétés de la rupture des chaînes d’approvisionnement au sein du pays, mais également à l’international, les principaux pays fournisseurs de poudres de lait infantile étant touchés par la pandémie. En outre, plusieurs canaux d’importation ont été interrompus depuis février, comme les envois privés par la poste et les achats sur des sites internet étrangers.
Malgré la crise sanitaire mondiale, les importations chinoises de viandes et coproduits de porc restent considérables, avec un nouveau record historique atteint en avril (546 000 tonnes produits). Sur les 5 premiers mois de 2020, les importations chinoises totalisent près de 2,4 millions de tonnes et 5,3 milliards d’euros. D’une année sur l’autre, elles ont ainsi doublé en volume et presque triplé en valeur (+173%).
Les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Chine qui ont récemment ressurgi ne se concrétisent pas encore dans les flux de porc. Les exportations étatsuniennes vers la Chine atteignent elles aussi un record en mai, avec plus de 105 000 tonnes de viande et de coproduits. Le géant américain conserve ainsi sa place de leader au rang des fournisseurs du marché chinois grâce à une bonne compétitivité-prix et la volonté apparente des autorités chinoises de respecter l’accord conclu en janvier prévoyant une forte hausse des achats de produits agricoles étatsuniens . La situation des exportateurs européens reste positive, avec 56% des volumes totaux importés par la Chine (+71%/2019), mais pourrait s’avérer plus incertaine dans les prochains mois. Les envois européens à destination de la Chine se sont en effet contracté en mai, sous l’effet de nombreuses perturbations liées à la Covid-19 (perturbations logistiques, manques de personnel en abattoir,…).
Mise en place de restrictions sanitaires sur les importations
Le dynamisme des importations chinoises pourrait être freiné par les mesures sanitaires prises récemment par les services douaniers chinois. Afin de limiter les risques d’une autre vague de contamination de Covid-19 dans le pays, le gouvernement a instauré un ensemble de mesures d’inspection sanitaire des denrées alimentaires importées. Ces contraintes pourraient engendrer des retards dans les ports. De plus, certains outils d’abattage-découpe et entrepôts frigorifiques, dans lesquels les cas de contamination du personnel sont importants, ont vu leurs exportations interdites vers la Chine. Quelques entreprises européennes sont concernées : six en Allemagne, dont l’outil Tönnies à Rheda, cinq aux Pays-Bas et, un en Irlande, un abattoir britannique (Tulip à West Midlands), un outil en Italie et enfin un outil espagnol (Avinyo à Barcelone). De même, des suspensions de licences d’exportation vers la Chine ont affecté des usines de bœuf au Brésil, au Canada, ou encore en Argentine.
Un effet sur les prix ?
Ces mesures restrictives et la pression de la Chine sur les prix pèsent sur les cours mondiaux du porc. Car, avoir baissé jusqu’à fin mai et atteint son plus bas niveau depuis octobre 2019, le prix moyen du porc vivant en Chine a enregistré plusieurs hausses successives. Fin-juillet, il se positionnait à 36,94 RMB/kg (4,60 €/kg, soit un niveau deux fois plus élevé qu’en 2019). La demande nationale semble en effet repartir dans un contexte où l’offre de porcs est toujours largement insuffisante malgré la reprise de la production.
Une production toujours en recul
Car la production chinoise serait encore officiellement en repli tout en se rapprochant des niveaux de 2019. Après avoir reculé de près de 30%/2019 au 1er trimestre, la production n’aurait fléchi que de 6% au second, grâce à une baisse saisonnière limitée. Avec près de 20 millions de téc, la production sur le premier semestre aurait globalement reculé de 19%/2019, soit une baisse de 4,7 millions de téc. Ainsi, 251 millions de porcs auraient été abattus, un recul de près de 20% par rapport au 1er semestre 2019.
Le cheptel de porcs aurait rebondi au cours des trois derniers trimestres à 340 millions de têtes fin juin. Il n’était que de 310 millions au début de l’année, le chiffre le plus bas depuis 1984.
En effet, le nombre de truies serait en constante augmentation depuis 9 mois (+29%/septembre 2019) à plus de 36 millions de têtes fin juin 2020 (Il existe cependant des incertitudes sur le nombre de truies. Les chiffres publiés dans la presse, lorsque le cheptel atteignait son plancher en octobre 2019, variaient entre 20 et 25 millions de têtes). L’objectif des autorités est revenir à la fin de l’année 2020, au nombre de truies qui prévalait début 2018, avant la crise engendrée par la FPA.
Ces truies trouvent leur place dans de nouvelles exploitations, comme dans les anciennes. D’après le Ministère de l’Agriculture chinois, 6 177 fermes porcines « de grande taille » nouvellement construites ont commencé à produire au cours du premier semestre 2020 et 10 788 fermes porcines « de grande taille » qui avaient dû être vidées en 2019 ont été remises en production.
Signe de la reprise de production, le prix du porcelet a atteint un nouveau record historique mi-juillet à près de 105 RMB/kg (13 €/kg), deux fois et demi plus cher qu’en 2019 à la même date.
Cependant, les chiffres annoncés par les Autorités chinoises, notamment de cheptel, sont à prendre avec précaution. Le Ministère de l’Agriculture chinois a cessé de publier en octobre 2019 les évolutions de cheptel provenant de sondages effectués auprès de 400 fermes. La seule source disponibles provient dorénavant du rapport mensuel du Bureau National des Statistiques. En outre, la responsabilité du repeuplement porcin pèse sur les épaules des autorités locales auxquelles ont été assignés des objectifs chiffrés. La crainte de ne pas répondre aux objectifs du Gouvernement central pourrait mener à des manipulations de statistiques au niveau local…
Touchée dès le mois de janvier par la Covid-19, la Chine a mis en place juste avant le Nouvel An Chinois (25 janvier) des mesures de confinement strictes pour tenter d’enrayer la propagation du virus. Ces mesures ont freiné le retour des employés chinois partis dans leur famille passer les vacances du Nouvel an. Elles ont également eu pour conséquence de limiter fortement la consommation hors-foyer, notamment dans les hôtels et restaurants mais également dans les écoles où plus de 20 millions d’élèves bénéficient d’une distribution de produits laitiers. De nombreux villages ont également mis en place des barrages interdisant la traversée, par peur de contamination, compliquant ainsi fortement le transport à travers le pays.
La production laitière touchée par les mesures sanitaires
Pour la production laitière, ces mesures se sont traduites par des interruptions de livraison de médicaments vétérinaires et d’aliments du bétail. D’une part, les usines, d’alimentation animale et de médicaments sont restées à l’arrêt pendant plus de deux semaines. A la mi-février, seules les 2/3 des entreprises d’alimentation animale avaient repris leur activité d’après les annonces officielles. D’autre part, le transport a été fortement perturbé par les barrages dressés à l’entrée des villages. La main d’œuvre fit également défaut dans les entreprises de production laitière. Il en a résulté une hausse des coûts de production chiffrés par les experts chinois à 10% au cours du 1er trimestre, liée à la rareté de l’alimentation, de la main d’œuvre et des transports, mais également aux mesures préventives face au Covid-19 (achat de moyens de protection, mesures de distanciation notamment dans les dortoirs…).
Dans le même temps, le prix du lait a commencé à reculer dès février. Alors qu’il était de 3,87 RMB/kg (0,50€/kg) en janvier, le prix moyen du lait des 10 premières provinces productrices n’affichait plus que 3,57 RMB/kg fin juin, un recul de près de -8% en 5 mois. Mi-juillet, il demeurait légèrement au-dessus à son niveau de 2019 (+1%). Mais cette moyenne nationale cache des baisses parfois plus importantes dans certaines régions, des entreprises ayant au plus fort de la crise annoncé des réajustements de prix deux fois par semaine.
Car face à la baisse de consommation, les transformateurs ont dû gérer des livraisons de lait supérieures à leurs débouchés. En outre, le manque de personnel a également affecté les capacités de transformation. Certaines laiteries ont refusé du lait et la plupart ont dû transformer l’excès de lait collecté en poudres grasses. Entre 10 000 et 15 000 tonnes de lait auraient ainsi quotidiennement été transformées en poudres grasses au plus fort de la crise en février. La fabrication de poudres grasses en grandes quantité s’explique d’une part par la saturation des stocks de produits de grande consommation (lait liquide, produits fermentés) mais également par l’absence de possibilité de report vers des produits à longue durée de conservation comme le mix produit poudre maigre/beurre ou les fromages. Au final, les estimations concernant les poudres grasses, montrent que les stocks auraient dépassé les 300 000 t au mois de mars 2020, soit le double des volumes de 2019.
Des nombreux éleveurs laitiers ont été dans l’obligation de jeter du lait, en raison des difficultés de transport pour acheminer leur production, mais également compte tenu de la situation des transformateurs (saturation des capacités de séchages, retour tardif des employés, manque de main d’œuvre, rupture de la chaîne d’approvisionnement en produits laitiers…) Début février, ce phénomène était rapporté dans 13 provinces du pays. Les élevages laitiers ne bénéficiant pas de contrats avec des transformateurs en grande majorité de petites fermes, et livrant à de petites structures, ont été les plus vulnérables dans cette situation.
Les grandes entreprises de production laitière ont pu compter sur le soutien des grands transformateurs laitiers qui ont débloqué des financements sous forme de prêts ou d’avances sur le paiement du lait. Afin d’encourager les transformateurs à collecter le lait, certaines provinces chinoises ont mis en place un système de subventions, de 0,2 RMB/kg de lait collecté.
Malgré l’impact du Covid-19, la production laitière nationale aurait progressé de près de 8% /2019 sur le premier semestre selon les données du Bureau national des Statistiques, confirmant la tendance affichée en 2019. Malgré des confirmations de terrain attestant d’une hausse de la collecte, ce chiffre semble cependant très élevé. Les données annuelles du Bureau National des Statistiques permettront peut-être d’avoir dans 6 mois une autre estimation de la production.
Le recul de la consommation a affecté les résultats des transformateurs
Les résultats économiques des transformateurs sur les 3 premiers mois de l’année ont été fortement impactés par une hausse des coûts de fabrication et une baisse des ventes, notamment lors du Nouvel An chinois. Les ventes de produits laitiers lors des 10 jours de congés du Nouvel An chinois représenteraient entre 10% et 12% du chiffre d’affaires annuel. Les consommateurs chinois ont pris l’habitude d’offrir aux membres de leur famille ou à leurs amis lors de visites de courtoisie des produits laitiers haut de gamme, sur lesquels les transformateurs chinois réalisent l’essentiel de leurs marges. Représentant habituellement environ 25% des achats pendant le Nouvel An, la proportion des « cadeaux » aurait été divisée par 3 cette année.
Les ventes ont été affectées par la baisse des achats au détail, mais également par le recul des ventes dans les restaurants, les cinémas…Les entreprises ont tenté de compenser ces baisses d’activité par la mise en place de ventes à domicile, d’achats de groupes dans les résidences sans que les acheteurs ne sortent de l’enceinte, et par les ventes sur internet. Sur le 1er trimestre, les ventes à domicile auraient doublé pour le lait liquide et les yaourts et augmenté de près de 40% pour les poudres infantiles.
Si le prix facial des produits n’a pas baissé, les transformateurs se sont vus contraints de procéder à d’importantes promotions pour écouler leurs produits, entraînant une baisse du prix de vente moyen. Les coûts de main-d’œuvre, de fabrication, de stockage ont augmenté. La durée moyenne de stockage des produits d’Yili a par exemple bondi de 60% au plus fort de la crise. Les transformateurs ont également été incités à faire des dons d’argent ou de produits, notamment pour les hôpitaux.
Ainsi, le chiffre d’affaires des 561 transformateurs chinois (dont le chiffre d’affaires annuel dépasse 20 millions de RMB) a reculé de 2% sur le 1er trimestre et les profits de 65%. 70% de ses sociétés ont annoncé une baisse de leur résultat et le nombre de celles enregistrant des pertes a doublé par rapport à 2019 pour atteindre près de 40% du total. Mais les ventes auraient progressé en avril et mai, permettant un rebond du chiffre d’affaires sur les 5 premiers mois de l’année de plus de 3% /2019.
Toutes les entreprises n’ont pas été touchées avec la même intensité.
Les transformateurs régionaux fabricants du lait liquide et/ou des produits laitiers frais ont été les plus touchés, affichant une baisse du chiffre d’affaire et des profits de -7% et -90% respectivement. Ainsi Yantang a vu son bénéfice chuter de 90%, Sanyuan enregistre près de 120 millions de RMB (15 millions €) de pertes, New Hope plus de 40 millions (5 millions €)…
A l’inverse, le chiffre d’affaire et les profits des fabricants de poudres de lait infantiles, comme Feihe ou Ausnutria, ont progressé de 17% et 63% respectivement. Cette évolution à contre-courant s’expliquerait par les achats importants des ménages craignant la pénurie, et la constitution de stocks par les familles. De nombreux ménages sont en effet inquiétés de la rupture des chaînes d’approvisionnement au sein du pays, mais également à l’international, les principaux pays fournisseurs de poudres de lait infantiles étant touchés par la pandémie. En outre, plusieurs canaux d’importation ont été interrompus depuis février, comme les envois privés par la poste et les achats sur des sites internet étrangers.
Les leaders laitiers chinois ne sont pas épargnés. Le chiffre d’affaire de Yili a ainsi reculé de 11% et son bénéfice a été divisé par 2.
Une des conséquences de la Covid-19 pourrait donc être une accélération de la concentration du secteur de la transformation à travers la fermeture de petites et moyennes laiteries durement touchées par la crise.
Les annonces d’investissements montrent une confiance dans l’avenir du secteur laitier
Depuis avril, de nombreuses annonces de création d’exploitations laitières ont fleuri, démontrant la volonté de la filière de ne pas laisser la crise sanitaire perturber son développement. Ainsi, en mars, Junlebao a débuté la construction d’une exploitation de 12 000 têtes dans le Hebei. En avril, le leader Yili et Ningxia Nongken Group ont annoncé un projet d’exploitation de 50 000 têtes. La même société prévoit d’investir environ 12 milliards de yuans (soit 13% de son chiffre d’affaires 2019) dans le Shandong de 2020 à 2025 pour construire 30 fermes de démonstration standardisées de 6 000 à 12 000 têtes. Enfin, Yili a commencé en juin la construction d’un site modèle « écologique » de 300 000 animaux laitiers en Mongolie intérieure. Toujours en Mongolie intérieure, Youran Farming va créer trois fermes à Hohhot, de 6 000, 10 000 et 12 000 têtes.
Ce cycle d’investissement dans la production semble destiné à sécuriser l’approvisionnement en amont et en même temps à prévenir les risques d’approvisionnement en matières premières que la situation épidémique mondiale peut entraîner. Il est facilité par des politiques préférentielles mises en œuvre par les gouvernements locaux pour attirer les investissements.
Des importations en hausse sur le 1er semestre
Sur le 1er semestre de l’année, les importations chinoises de produits laitiers ont globalement augmenté.
Les baisses concernent surtout la poudre maigre (12%/2019) et dans une moindre mesure le lait liquide (-1%) et les laits infantiles (-1%).
Les volumes de poudres grasses importés ont été réduits en début d’année, compte tenu de la hausse des stocks locaux, mais ont progressé ensuite. Les importations de lactosérum ont bondi de +32% pour alimenter le rebond du cheptel porcin et celles de beurre de +40% pour compenser les faibles achats de 2019.
Les achats de fromages se poursuivent dans la tendance de 2019 tandis que les achats de crème, moroses ente mars et mai, ont bondi en juin, malgré la très forte hausse enregistrée en 2019.
Les importations chinoises se sont donc globalement affiché une hausse sur le 1er semestre. Des incertitudes pèsent néanmoins sur les achats de poudres grasses et maigre ainsi que sur ceux de laits infantiles au 2nd semestre.
Après une hausse de +1,2% en 2018, la production chinoise de lait de vache a bondi en 2019 de +4,1% /2018, la plus forte progression depuis 2014. A 32 millions de tonnes, elle atteint son plus haut niveau historique, mais n’a progressé que de +6% depuis 2008, année de la crise de la mélamine.
Hausse du prix du lait
Ce dynamisme s’explique par une forte progression des prix à la production, signe d’une demande croissante de lait local par les transformateurs et les consommateurs. Le prix moyen dans les 10 premières provinces productrices a connu une hausse fulgurante au second semestre 2019 pour terminer l’année à 3,83 RMB/kg (0,49 €/kg), un niveau plus atteint depuis 2014. A 3,65 RMB/kg (soit 0,47 €/kg) en moyenne annuelle en 2019, il affiche un niveau supérieur de 5,5% à celui de 2018. Les prix du lait livré par les grandes entreprises de production laitière, déjà plus élevés que la moyenne, ont même dépassé les 4 RMB/kg (0,51 €/kg).
Les coûts de production ont aussi augmenté, tirés par une hausse du prix du maïs produit en Chine, mais dans des proportions moindres que les prix. En outre, une partie des droits de douane supplémentaires appliqués par la Chine sur la luzerne étatsunienne a été levée en septembre 2019. Confortés par une rentabilité en hausse, les éleveurs laitiers ont donc décidé d’augmenter la productivité de leur troupeau. Outre la hausse des prix du lait, les mesures prises au sein des entreprises et les accords signés avec les transformateurs ont permis de redresser les comptes des entreprises de production laitière. Des sociétés comme Modern Dairy ont ainsi pu afficher leurs premiers bénéfices depuis 2015.
Cette croissance de la production est également due à l’évolution de la structure des exploitations laitières. Le nombre exploitations de moins de 100 têtes, moins bien équipées pour s’adapter à des réglementations environnementales de plus en plus strictes et peu à peu délaissées par les transformateurs pour des raisons officielles de qualité du lait, ne cesse de reculer. A l’inverse, l’expansion des grandes exploitations (plus de 100 bovins), aux rendements dépassant souvent les 10 tonnes par vache, ne cesse de s’affirmer. Plus des 2/3 des bovins laitiers seraient ainsi élevés dans des exploitations de plus de 100 têtes, contre 50% en 2015.
Poursuite de la croissance du maillon transformation
Le maillon transformation a également de nouveau enregistré des résultats positifs. Selon les données officielles les 565 entreprises laitières affichant au moins 20 millions de RMB de chiffre d’affaires ont engendré sur l’année un chiffre d’affaires de 394 milliards de RMB (+10% /2019), soit 58 milliards d’euros. Ces dernières années, les revenus et les bénéfices des grands transformateurs ont augmenté plus rapidement que la moyenne du secteur, notamment grâce à la vente de produits à forte valeur ajoutée, ce qui a favorisé une concentration continue du marché. Yili et Mengniu, les deux leaders laitiers chinois, ont ainsi vu leur chiffre d’affaires progresser respectivement de +13% pour atteindre 90 milliards de RMB (11,6 milliards d’€) et de +15% à 79 milliards de RMB (10,2 milliards d’€). Leur bénéficie a également augmenté de 8% pour Yili et de 35% pour Mengniu.
Egalement abondées par des importations en progression, les fabrications nationales de produits laitiers en 2019 ont augmenté de +5,6% /2018, à 27,2 millions de tonnes, dont 25,4 millions de tonnes de lait liquide et de yaourts (+ 5,8%). Celles de produits laitiers secs s’établissent à 1,82 million de tonnes (+2,5%/2019). Au total, la consommation chinoise de lait a ainsi progressé de +5% /2018, à 30 litres/hab./an.
Des importations encore en hausse
Malgré l’envolée de la production laitière nationale en 2019, les importations ont progressé à un rythme soutenu pour satisfaire la demande chinois. La hausse des prix sur les marchés internationaux en 2019 n’a pas freiné la demande de l’Empire du Milieu en poudres. Les volumes importés de poudres grasses ont battu un nouveau record historique à 671 000 t (+29% /2018) battant le précédent pic de 2014. Avec près de 344 000 t (+23%/2018), ceux de poudre maigre ont également atteint un niveau inégalé auparavant. Le rythme de croissance annuelle des importations de poudre infantile s’est en revanche considérablement réduit depuis 2015, passant de +45% à +6% en 2019, avec 345 000 t. Le nombre de naissances en Chine ne cesse en effet de reculer à 14,65 millions en 2019, un repli de -18% par rapport au pic qui a eu lieu en 2016 après l’annonce de la fin de la politique de l’enfant unique.
Conséquences du conflit commercial avec les Etats-Unis, les importations de poudre de lactosérum en 2019 se sont inscrites dans la tendance baissière du dernier trimestre 2018. Avec 451 000 t (-19% /2018), il s’agit du plus faible volume depuis 2016. Les produits étatsuniens ont logiquement été les plus touchés (-36% /2018) mais le repli a également affecté les produits français (-13%), néerlandais (-32%) et polonais (-11%). Seules les expéditions allemandes et biélorusses ont fortement progressé (+45%).
Alors qu’elles semblaient avoir atteint un plafond depuis 2016, les importations de lait liquide ont rebondi en 2019 (+34%) pour afficher un nouveau record à 730 000 t. Premier fournisseur avec plus du 1/3 des volumes, l’Allemagne est également le pays qui profite le plus de cette hausse de la demande chinoise (+49% /2019).
Après une quasi stabilisation en 2018, les importations de fromages ont de nouveau progressé (+6% /2018). Avec près de 115 000 t, la Chine est devenu le 6ème importateur mondial de fromages. La Nouvelle-Zélande, premier fournisseur avec près de 60% des volumes, est le principal bénéficiaire de cette hausse (+22% /2018) tandis que les envois australiens et étatsuniens ont reculé. Les achats de crème ont également bondi (+25% /2018, à 161 000 t), compensant le recul de 2018. A l’inverse, les stocks de beurre résultant d’importantes importations en 2018 ont freiné les achats en 2019 (-24% à 85 500 t).
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